Togo - Le nouveau leader de l’opposition togolaise Jean-Pierre Fabre, s’est prononcé samedi sur les sujets brulants de l’actualité togolaise. C’était en marge de la traditionnelle marche hebdomadaire qu’organise l’ANC tous les samedis. Le sujet qui a le plus retenu son attention est relatif au communiqué conjoint des ministres de la sécurité, de l’administration territoriale et des travaux publics, relatif à la démolition des bâtiments du marché de Kara et du grand marché de Lomé, ravagés par des incendies en janvier.
Jean-Pierre Fabre s’est dit scandalisé par cette décision au moment où l’affaire est toujours pendante devant les tribunaux et que plusieurs opposants sont sur le coup de l’inculpation ou simplement mis aux arrêts. « C’est très grave », a-t-il qualifié la décision du gouvernement et d’ajouter : « Je veux bien comprendre que la démolition des bâtiments signifie que les enquêtes sont terminées et que les auteurs sont finalement connus. S’il en est ainsi, je crois qu’il vaut mieux, lever les inculpations qui pèsent sur nous et surtout libérer tous ceux qui sont encore détenus dans le cadre de cette affaire ». Selon le communiqué du gouvernement, les travaux de démolition des bâtiments vont démarrer aujourd’hui.
Cet incendie que le pouvoir qualifie de criminel a provoqué des dégâts énormes en janvier dernier. Les marchandises parties en fumée sont évaluées à plus de 6 milliards de F.CFA. Au total, 3106 commerçants dont 2225 à Lomé et 881 à Kara sont touchés. Plus de huit (8) mois après les flammes, la commission d’enquête dirigée par le Procureur de la République Blaise Essolissam Poyodi n’a toujours pas rendue son rapport. Au même moment, des dizaines d’opposants ploient toujours sous le coup de l’arrestation. Et d’autres sont gardés en détention mais le procès tarde à démarrer. C’est curieusement dans cet climat de tension et de confusion que le gouvernement annonce la démolition des bâtiments touchés par les flammes. Une décision qui fait dire à beaucoup que le pouvoir cherche à effacer les traces des vraies preuves de cet incendie.
Avant cette décision, les experts français dépêchés au Togo dans la foulée des incendies ont fait le rapport qu’ils ont remis au gouvernement mais celui-ci a tout simplement refusé de les publier. Ce n’est qu’un résumé du rapport que le procureur a servi à la population. En tout cas, pour nombre d’observateurs, la décision unilatérale de démolition des bâtiments, prive l’opposition d’une contre expertise qu’elle pourra éventuellement demandée.
Autre sujet, Jean-Pierre Fabre a refusé de commenter la reconduction de Ahoomey-Zunu au poste de premier ministre. « Cela nous est totalement indifférent. Je n’ai aucune appréciation. Ça ne me regarde pas », a-t-il répondu. Egalement sur la composition du gouvernement, le leader de l’opposition a laissé entendre qu’il n’en fait pas une préoccupation. « Nous n’accepterons même pas d’être consultés. Une fois qu’on a fait des élections et qu’une partie prétend avoir gagné, elle prend ses responsabilités. Elle constitue son gouvernement et gouverne le pays. Il faudrait que les Togolais comprennent le fonctionnement des Institutions, le fonctionnement du système que nous pratiquons. Le vainqueur des élections législatives constitue le gouvernement et gouverne. Il n’y aura pas l’ANC au gouvernement », a-t-il dit.
La question ayant trait aux malentendus au sein du Collectif « Sauvons le Togo » a également été abordée. Sur le sujet M. Fabre a plutôt rassuré. « Il n’y a pas de malaise au sein du CST. Je vous dis simplement que ce sont des rumeurs», a-t-il indiqué.
Il faut rappeler que c’est depuis mars 2010 que le Front Républicain pour l’Alternance et le Changement (FRAC) organise des manifestations de protestation au Togo. La mobilisation a faibli ces derniers temps après les élections législatives remportées par le pouvoir aux moyens des fraudes. Mais Fabre et ses fidèles ne désespèrent pas. Au contraire, ils appellent chaque samedi les Togolais à les rejoindre dans la rue afin de pousser le pouvoir RPT/UNIR à la sortie.