Faure dans l’engrenage des faux fuyants et des grands défis de fin de mandat
Après deux semaines d’attente, Faure Gnassingbé a trouvé son nouveau premier ministre. Les tractations pour un nouveau visage ayant visiblement échoué, l’ancien président du RPT a reconduit Seléagodji Ahoomey-Zunu dans ses fonctions. Le décret de reconduction du transfuge de la CPP a été pris vendredi 06 août dernier. La confirmation d’Ahoomey-Zunu suscite beaucoup de polémiques au regard du bilan médiocre affiché depuis son arrivée à la Primature le 19 juillet 2012.
Ahoomey-Zunu ou le choix de l’immobilisme et de la médiocrité
Après treize (13) mois à la primature, le bilan ne plaide aucunement à sa reconduction, ont commenté plusieurs observateurs. Il ressort que la présence d’Ahoomey-Zunu à la Primature équivaut à son absence car il n’a rien foutu vis-à-vis des quatre (4) piliers qui constituaient sa feuille de route. En plus de son manque de charisme et d’a-propos, le natif de Kpélé-Tsavié a plus brillé par sa suffisance, son arrogance, ses complexes et sa haine contre la presse.
Le comble est la gestion catastrophique de la participation du Togo à la CAN Afrique du Sud 2013. Malgré ses promesses, aucun bilan n’a été fait sept (7) mois après. Pour couvrir les surfacturations et les détournements, des arguments aussi ubuesques que farfelus ont été avancés la semaine dernière tentant à faire croire à l’opinion que l’absence du bilan est une faute qui incombe à des cabinets d’audit au moment où le peuple n’est même pas au courant du soi-disant rapport transmis auxdits cabinets d’audits.
D’autre part, de par ses carences et son manque d’initiatives, Ahoomey-Zunu est supplanté par certains de ses ministres dont Bawara Gilbert de sorte qu’il passe tout son temps à cultiver son propre jardin. En témoigne la grande bâtisse érigée dans son village natal sur plusieurs lots après quelques mois à la Primature.
En réalité, pour un chef d’Etat sérieux et soucieux du développement de son pays, le pedigree d’Ahoomey-Zunu est détestable et méprisable. Surtout que cette nomination intervient à la suite du scrutin législatif dont la majorité a été attribuée au parti présidentiel.
Malgré tout, d’aucuns estiment que le poste de premier ministre ne représente plus rien au Togo et ceux qui y sont nommés sont là juste pour favoriser leur développement personnel. Par-dessus tout, il revient à Gnassingbé Faure d’imprimer ses marques s’il en dispose vraiment pour amorcer enfin le décollage socio politique et économique du Togo.
Faure à la croisée des chemins
Après Dramani à la Présidence de l’Assemblée Nationale et Ahoomey-Zunu reconduit à la Primature, les signes de rupture et de modernité ne sont pas visibles. Néanmoins, Faure Gnassingbé, disposant de son propre mandat ne saurait dissimuler ses carences ad vitam aeternam.
« Les promesses faites par le premier ministre et son gouvernement à l’occasion du rite d’investiture à l’Assemblée Nationale ne peuvent pas être des supplétifs à l’engagement du chef de l’Etat », a avancé Me Yawovi Agboyibo dans une récente sortie. La personnalité du premier ministre et de ses ministres peuvent relancer une nouvelle dynamique de la bonne marche du pays « mais ce n’est ni du Premier ministre, ni encore moins des ministres que viendront les solutions au problème fondamental de déverrouillage des institutions nationales et locales », a-t-il ajouté.
C’est dire que personne n’est dupe. Les Togolais sont beaucoup plus regardants sur les petits jeux de roublardise de Faure depuis bientôt neuf (9) ans. Pour Agboyibo, « C’est au Président Faure qu’il revient de convaincre qu’il veut être le bâtisseur du Togo nouveau ou le continuateur d’un système anachronique dont les populations togolaises ont souffert et continuent de souffrir. Feu le Président Eyadema avait géré le Togo d’une main de fer à une période où le modèle monolithique fermé à l’alternance pouvait lui servir d’alibi. Le Président Faure ne peut plus bénéficier du même alibi. L’époque des régimes à cadenas est aujourd’hui révolue. Faure doit gouverner autrement. Il ne peut pas continuer à s’accommoder d’un système institutionnel où ceux qui nomment les personnes chargées de la gestion des finances publiques, des emplois publics, des sociétés d’Etat, des marchés publics et parapublics, des ressources nationales soient en même temps habilitées à désigner les membres des institutions à qui revient de contrôler et de réguler la bonne gestion et la répartition équitable des ressources publiques ». Voilà ce qui est clair.
L’instabilité politique, l’instrumentalisation de la justice devenue une tribune de règlements de comptes politiques contribuent à faire fuir les investisseurs étrangers. A moins d’un an et demi de la fin de son deuxième mandat à la tête de l’Etat du Togo, Faure doit faire autre chose que de se cacher derrière la collection des premiers ministres décors et garçons de course. Après deux mandats au sommet de l’Etat, si Faure n’est pas capable de prendre de grandes décisions dans l’orientation et le décollage du pays, pourquoi va-t-il continuer de déranger les Togolais pour être leur président ? La misère ambiante qui règne au Togo ne se justifie aucunement au regard des richesses inestimables dont la nature a doté le pays. Si le Togo est dernier de la classe malgré ses richesses naturelles, la faute incombe à Faure Gnassingbé qui s’organise avec un groupuscule des aigrefins pour piller le pays.
Faure doit aller au-delà de la promotion des faucons et laudateurs à l’image de Dama Dramani et Ahoomey-Zunu pour montrer au peuple qu’il y a vraiment un président au Togo. Autrement, on a assez !