Décidément, ceux qui dirigent le Togo sont incurables. La jouissance et l’avidité qu’ils ont à s’accrocher à ce pouvoir ont fini par les saouler au point de semer en eux le germe de la démence et de la déraison.
Nous l’avons toujours dit et répété. C’est la raison et le bon sens qui distinguent fondamentalement les hommes des animaux. Et lorsque les êtres humains décident délibérément de se jouer de ces deux facultés pour agir en marge de celles-ci, il y a nécessairement lieu de s’interroger.
Tout ce développement pour en venir à cette fameuse affaire des incendies qui refait surface avec l’invitation adressée aux leaders de l’opposition par le sulfureux doyen des juges d’instruction, pour se faire examiner par un psychiatre en vue de clôture le dossier et envoyer les inculper aux assises.
En voilà justement un acte incongru qui ne répond à rien dans une démocratie. Il faut peut-être rappeler à nos fameux dirigeants qu’une République ne se définit autrement que par la loi.
Quelle est la logique qui sous-tend cette procédure démentielle que suit le doyen des juges ? C’est bien lui qui a reçu le rapport du CST sur les incendies et dans lequel les noms des personnalités proches du pouvoir son nommément citées comme étant les commanditaires de ces incendies. Les a-t-il déjà écoutés ?
Le procureur de la République a-t-il ouvert une information judiciaire pour en savoir plus sur ce qui en retournait ? Et la contre-expertise, l’ont-ils déjà faite ? Ont-ils reconstitué le corps du délit après avoir démoli les édifices brûlés ?
Que veulent faire concrètement les acteurs de ce régime dans ce dossier ?
Pensent-ils qu’ils pourraient aisément neutraliser l’opposition avec cette façon légère d’intimider ses acteurs ?
Il faut juste reconnaître que le pouvoir de Faure Gnassingbé a le feu aux fesses. Ses acteurs ont peur, à commencer justement par l’héritier lui-même qui se rend compte qu’après avoir autant joué sur les réformes, il ne pourra plus résister longtemps aux pressions.
Il sait d’emblée qu’il aura du mal à contenir le feu des pressions aussi bien à l’interne qu’à l’internationale. Il sera bien obligé de concéder certaines réformes majeures.
Et en retour, il tâte le pouls de l’opposition pour voir s’il pourrait la neutraliser, s’il pourrait la bâillonner avec l’affaire des incendies.
Mais en le faisant de la sorte, le pouvoir de Faure Gnassingbé donne la preuve éclatante qu’après avoir brûlé les marchés, il est aussi en train, maintenant, de brûler le droit, la raison et le bon sens au Togo.
C’était peut-être mieux pour Faure Gnassingbé d’envoyer directement au domicile de Fabre, Zeus et autres, des gendarmes pour les enlever et les garder à la prison ou je ne sais où, et de leur dire clairement qu’ils lui font peur et qu’il a décidé en toute responsabilité, en sa qualité de Président de la République, disposant de la vie de tout citoyen, de les mettre de force au cachot.
Mais se camoufler derrière un pantin de juge, pour poser des actes aussi puérils que ces convocations, ressemble de près une farce qui trahit justement toute la légèreté de ce régime.
Qu’est-ce qui empêche réellement Faure Gnassingbé d’assumer pleinement sa dictature et de se déclarer ouvertement comme tel ?
Jusqu’où pense-t-il aller avec cette façon d’agir en catalyseur nuisible contre la santé du droit et de la démocratie au Togo ?
Tout compte fait, il y a une vérité que personne ne saurait encore contourner. C’est que Faure Gnassingbé, de gré ou de force va faire des réformes et il sait très bien ce à quoi il devra faire face après celles-ci.
Qu-il joue au dilatoire, qu’il tente de distraire les gens, est une chose qui, en principe, ne devrait influencer personne.
Ce qui compte au final, c’est la rigueur et la cohérence avec lesquelles les leaders de l’opposition vont s’activer à ce dialogue pour arracher le maximum possible d’éléments de réformes.
Le reste n’est que gesticulations et soupirs des gens en panne d’énergie et de force pour le reste du combat politique.