Togo - Le dialogue politique entamé le 19 mai 2014 entre les acteurs de la classe politique togolaise est-il le dernier de la série des pourparlers inter-togolais ? C’est l’interrogation que soulève Zepp Koueté, responsable du groupe de réflexion les « PROPOSANTS » qui espère que ce dialogue qui est le « 25ème » du genre sera le bon.
« Ce dialogue est le 25e de ce genre entre les acteurs politiques et nous les encourageons. Nous félicitons tous les acteurs car nous estimons que c’est la seule solution ou la seule alternative pour dénouer la crise togolaise », avance il dans une interview accordée à l’Agence Afreepress tout en ne dénonçant la trop grand quantité de sujets inscrits à l’ordre du jour.
« J’ai l’impression que certains acteurs ont comme livre de chevet l’ouvrage du Japonais Chômin Nakae intitulé « Dialogues politiques entre Trois ivrognes ». Il y a trop de points à l’ordre du jour dans ce laps de temps imparti (10 jours) », dénonce M. Koueté.
Lire l’intégralité de l’entretien.
Afreepress : Bonjour M. Zepp KOUETE. Vous êtes le responsable du groupe de réflexion les « PROPOSANTS ». Quelle appréciation faites-vous du dialogue ouvert le 19 mai dernier par le gouvernement avec l’opposition ?
Zepp KOUETE : Bonjour et je vous remercie de l’opportunité que vous m’offrez pour donner notre appréciation sur ce dialogue.
Le groupe les « PROPOSANTS » est une courroie de transmission d’idées entre les Gouvernants et les Opposants en proposant des solutions consensuelles, pratiques sans démagogie loin des critiques des chapelles pour apaiser un temps soit peu la crise politique au Togo.
Ce dialogue est le 25e de ce genre entre les acteurs politiques et nous les encourageons. Nous félicitons tous les acteurs car nous estimons que c’est la seule solution ou la seule alternative pour dénouer la crise togolaise.
Afreepress : Croyez-vous en la réussite d’une telle rencontre ?
Zepp KOUETE : On doit être optimiste pour notre pays, mais il faut essayer aussi de voir la réalité en face. Combien de rencontres n’a-t-on pas fait dans ce pays ? Où sont les résolutions des accords (APG, CPDC, CPDC Rénové, CVJR) ou les dialogues interminables depuis les années 90. Ce n’est pas le Togo qui va inventer la roue, elle existe déjà. Les acteurs doivent se respecter et penser au bonheur de ce peuple qui est déjà traumatisé. Nous devons taire les égos et éviter la pensée unique des deux bords.
Afreepress : Etes-vous d’accord sur les 12 points inscrits à l’ordre du jour de ces pourparlers ?
Zepp KOUETE : (Rires). J’ai l’impression que certains acteurs, ont comme livre de chevet l’ouvrage du Japonais Chômin Nakae intitulé « Dialogues politiques entre Trois ivrognes ». Il y a trop de points à l’ordre du jour dans ce laps de temps imparti (10 jours). Tout le monde sait ce dont on a besoin dans ce pays pour apaiser les tensions politiques. On parle de réformes Institutionnelles et Constitutionnelle n’est ce pas ? Les affaires d’incendies des marchés de Kara - Lomé et l’affaire Kpatchagate sont elles des réformes institutionnelle et Constitutionnelle ? La réponse est NON. Soyons un peu sérieux dans ce pays. On parle des partis parlementaires n’est ce pas ? Me Zeus AJAVON et le Pr WOLOU sont-ils membres des partis parlementaires ?
La réponse est NON. Surmonter les épreuves nous donne les meilleures raisons d'être confiants en nous-mêmes, mais nous pensons que certains acteurs bruyants n’arrivent pas à appliquer cette sagesse africaine. On peut faire de la politique avec de l’élégance et dans le respect des textes. Certains veulent toujours avoir leur quart de gloire inutile. Ce que vient de démontrer les « débarqueurs » de ce dialogue.
A chaque fois, une certaine opposition dite radicale se débrouille en s’embrouillant et oubliant l’objectif essentiel. Le pouvoir surfe sur cette inconséquence voire inconstance pour ne pas les RESPECTER car la politique n’est pas un jeu d’enfants.
Tout est dit dans les rapports des différents rapports des dialogues, il suffit de passer à l’opérationnalisation et l’application des conclusions actées.
Afreepress : Quels sont les points que vous auriez voulu voir inscrits à l’ordre du jour ?
Zepp KOUETE : DEUX (2) POINTS.
- Les scrutins à deux tours pour toutes les élections pour avoir des élus légitimes,
-La limitation du mandat présidentiel qui permet de renouveler les idées et les Hommes évitant ainsi une dictature. Le dictateur n’innove plus, il est à l’apogée de ses pensées d’où la philosophique politique propose une limitation des mandats. Ce n’est ni contre le Président de la République FAURE mais c’est un principe cardinal de la démocratie.
Ces deux points sont les plus importants. Tout le reste n’est que bavardage et verbiage ponctué de l’esbroufe. Le développement de ces deux points cruciaux englobe tous les autres. Quand le peuple aura les scrutins à deux tours, forcément on serait obligé de revoir la composition de la CENI par exemple. Nous avons l’impression que les deux camps s’observent et ils n’ont aucune confiance en eux. Il y a une crise de confiance entre les acteurs est le réel problème togolais.
C’est une question de génération et à notre humble avis. Les enfants nés en 1980 n’ont pas les mêmes préoccupations que nos aînés qui ont commencé cette lutte dans les années 90. La lutte a été longue et beaucoup ont été déplumés, d’où tout le monde se bat pour ravir la vedette avant 2015 parce qu’après, ils seront obligés de prendre une retraite fade. Dans la politique mieux vaut persuader les plus forts que de marcher à leur encontre surtout quand on vend du vent disait Charles de Gaule dans ses mémoires de guerre.
Afreepress : La présence d’un médiateur ou facilitateur est-elle une garantie de la réussite de cette rencontre ?
Zepp KOUETE : Pour nous, toute personne qui a la hauteur, la sagesse, la compétence, l’humilité pour permettre aux gouvernants et aux opposants de s’entendre sur le devenir de ce pays est la bienvenue car le TOGO regorge de talents, nous disons des TALENTS en tout mais que ces talents ne deviennent pas des gâchis pour les générations futures. Les exigences d'un grand peuple sont à l'échelle de ses malheurs, mais nous oublions que nous ne sommes que des passagers sur ce petit rectangle dénommé TOGO. Le prélat, Mgr BARRIGAH a commencé un travail avec la CVJR. Il connaît les acteurs et saura comment transcender les clivages et juxtaposer le bon sens pour accoucher de bonnes résolutions et applicables cette fois-ci. PRIONS
Afreepress : Le gouvernement est-il de bonne foi en organisant cette rencontre et l’opposition, adopte-t-elle les bonnes stratégies pour arracher des concessions ?
Zepp KOUETE : Nous partons du principe qu’il y a un délitement de la volonté politique aujourd’hui. Ce constat assez partagé remet en cause la confiance que les gens ont dans la politique surtout des gouvernants. En l’espace d’une nuit de février 2005, une certaine volonté a animé certains gouvernants à changer notre loi fondamentale contre la volonté populaire. Cette « bonne foi » devrait animer le pouvoir actuel lors de ces pourparlers. Si le pouvoir a accepté ce dialogue, c’est qu’il veut aussi apaiser les tensions actuelles qui avilissent l’image de notre pays, dans ce cas l’opposition doit éviter de lancer des pics ou d’afficher des stratégies galvaudées et dépassées. Tout est question de Bonne foi des acteurs doublé par le courage du Président de la République. Pour nous tout comme Winston Churchill je cite : « La critique peut être désagréable, mais elle est nécessaire. Elle est comme la douleur pour le corps humain : elle attire l'attention sur ce qui ne va pas ».