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Le ministre Ouro-Koura Agadazi foule aux pieds les accords de financement avec la Banque Mondiale et se « spécialise » dans la passation des marchés gré à gré
Publié le mardi 27 mai 2014  |  togosite.com


© Autre presse par DR
Le ministre de l’Agriculture, Ouro-Koura Agadazi


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600 milliards, tel est le montant qui devrait être consacré à l’agriculture togolaise pour la sortir des sentiers battus. La Banque Mondiale et d’autres partenaires en développement se sont ainsi rassemblés au chevet du Ministère de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche (MAEP) pour aider le Togo à booster son économie parce que regorgeant de potentialités énormes du point de vue agricole. Mais à l’allure où l’actuel ministre, le Colonel Ouro-Koura Agadazi conduit le navire agricole, il semble que l’objectif à atteindre à la fin du programme en 2016, soit de plus en plus chimérique. La faute à des actes contre nature posés par le « spécialiste en passation des marchés publics ». Et pourtant, cela se passe sous les regards du représentant résident de la Banque Mondiale et de la Direction de contrôle des marchés publics (DCMP). Du 27 mars au 02 mai 2014, la 4è mission Banque Mondiale/Fonds International pour le Développement Agricole (FIDA) a effectué une revue des projets qui composent le Programme national d’investissement agricole pour la sécurité alimentaire (Pniasa) censé relever le niveau de vie du monde agricole et partant, de l’économie nationale. Dans la rencontre organisée par le directeur
général de l’Agence nationale pour la sécurité alimentaire au Togo (Ansat), en même temps ministre de l’agriculture, Ouro-Koura Agadazi, sans avoir encore dressé un bilan exhaustif du parcours de son équipe depuis sa prise du ministère, a parlé d’une deuxième génération du
Pniasa. « Nous sommes donc arrivés à un tournant décisif dans l’exécution du PNIASA 1 et déterminant dans la conception de la 2e génération du PNIASA qui naitra dans les années à venir des cendres de son géniteur », avait-il annoncé. Mais les partenaires en développement peuvent-ils s’estimer satisfaits des résultats produits à ce jour tant du point de vue de l’exécution des projets du programme, que de la gestion des ressources humaines et des marchés publics relevant dudit ministère ? Juste deux exemples pour illustrer nos doutes.
C’est d’abord un marché de sacs d’emballage attribué au prime abord à une société. Mais parce que des sacs non conformes auraient été détectés dans les lots, Agadazi, sans demander par exemple à la société de changer les sacs non conformes, outrepasse ses prérogatives, ignore l’existence de la commission de passation et remet le marché de sacs d’emballage à la société JUMAU-ITA d’un certain…Beguedou ! Encore cet patronyme qui n’est que trop apparu dans les commandes d’engrais NPK gré à gré de la campagne agricole 2014-2015. Ensuite c’est un marché pour du matériel roulant que le ministre a « remis » à la société SAPRESIC. Des sources bien renseignées, cette société n’aurait pas déposé son bilan aux services des Impôts alors que c’était une des conditions d’éligibilité des sociétés désireuses de postuler. Pour imposer SAPRESIC aux membres de la commission chargée d’étudier les offres, le ministre Agadazi leur demande de ne plus tenir compte du contrôle de dépôt de bilan aux Impôts, à l’heure où le souci majeur des autorités est de générer par le truchement de l’Office togolais des recettes (OTR) plus de recettes pour faire face aux projets de développement du pays. Après avoir pris un arrêté allant dans ce sens, il réunit les membres de la commission en
présence du responsable de SAPRESIC et leur demande expressément d’attribuer le marché de trois lots au responsable de SAPRESIC. Ce qui fait qualifier Agadazi de «Spécialiste en passation des marchés » par son entourage. Et pourtant, la Banque Mondiale aurait mis une croix depuis un moment sur les marchés gré à gré. M. Hervé Assah serait-il partisan du deux poids deux mesures ou sa frilosité serait-elle plus
forte que sa conscience professionnelle devant lui permettre de « tenir tête » au colonel? La Direction de contrôle des marchés publics (DCMP) existe-t-elle seulement de nom ou la vue du colonel la tétanise-t-elle elle aussi ? Son silence risque d’être assimilé à un adoubement des
actes du ministre qui, au lieu d’être ministre, se veut adjudicateur de marchés publics. Dans le but de rendre les agents des commissions autonomes et capables de prendre la relève à la fin des contrats des expatriés, l’accord de financement entre la Banque Mondiale et le Togo prévoit la formation des homologues, de même que les membres des sous-commissions. Mais depuis quelque temps, Ouro-Koura Agadazi a entrepris de réformer la commission de passation des marchés de même que les sous-commissions au motif qu’elles seraient « pourries », sans toutefois apporter les preuves des accusations comme l’aurait demandé M. Itchi Ayindo, de la représentation de la Banque Mondiale. Or, il se trouve qu’un délai moyen de 18 mois est requis avant qu’un membre d’une commission ne maîtrise les rouages du système. C’est ainsi que
lors du récent déplacement de M. Ayindo hors du pays, le Secrétaire général du ministère, M. Bataka Koutera a réuni les homologues sur ordre du ministre et leur a signifié leur mutation vers d’autres cieux. Et pourtant, lui et l’adjudant Yarnaba Moustapha reconnaissent que tous les homologues ne sont pas coupables. Mais qui ont été recrutés à leur place ? Des agents de l’Ansat à qui la Banque Mondiale doit reprendre la formation pour en faire de nouveaux homologues ! Lorsqu’on fouille, on découvre que l’odeur des compléments et indemnités suscite beaucoup de convoitises. Et les confidences du lieutenant Yarnaba : « c’est au tour des gens de l’Ansat de bouffer » vient confirmer l’animosité que le directeur général de l’Ansat a
longtemps nourri à l’endroit de l’ancien ministre Messan Ewovor.
Ceux qui pensent que le ministre dirige la maison agricole comme un canton, n’ont pas tout à fait tort. Dans l’accord de financement avec la Banque Mondiale, il est prévu la
formation des homologues pour prendre la relève. Mais la mutation cavalière qui vient de se produire au MAEP risque d’être préjudiciable pour le monde paysan, mais plus pour la relance de l’économie du pays.
Que deviendra l’atteinte des objectifs fixés par les partenaires en développement si le ministre doit, sur des coups de tête ou pour favoriser une frange d’employés, changer selon son humeur les homologues ? Nous apprenons que même les Coordonnateurs opérationnels délégués (COD) qui, après avoir effectué des décaissements, rendent compte à l’institution mondiale pour règlement compensatoire, ont été interdits de contact avec le bureau de la Banque Mondiale. Dorénavant, ils doivent rapporter leur situation au ministère qui se chargera à son
tour de prendre attache avec l’institution bancaire. Vous avez dit surfacturations à outrance et gonflement des dépenses en perspective?
Le Projet d’appui au secteur agricole (PASA) doit prendre fin l’année prochaine et le reste des projets, en 2016. Mais déjà le Colonel Agadazi parle de deuxième génération du
PNIASA. Lorsque cet homme en treillis passe outre les prescriptions de l’institution mondiale en matière de passation des marchés publics sans être inquiété ni interpellé, lorsqu’il met les pieds dans l’agenda des partenaires en développement en ce qui concerne le transfert de technologie par des « affectations sauvages » sans crainte de devoir répondre de ses actes devant des élus du peuple ou devant d’autres instances, il y a lieu de sérieusement s’interroger sur l’objectif que les autorités disent poursuivre avec le PNIASA qui, à termes, devra mobiliser 600 milliards de FCFA. Au commencement, il était chanté que ce programme allait réduire à des taux mirobolants le chômage des jeunes et relever à un niveau enviable les revenus des paysans. Mais si en interne rien n’est fait pour détruire la boussole avec laquelle le Colonel-ministre-Directeur-PCA dirige le bateau Togo, ce n’est pas la multiplication des PNIASA qui sauvera le monde agricole togolais du gouffre. C’est aussi le lieu d’interpeller Faure Gnassingbé
dont les décrets de nomination sont loin d’être exempts de fioritures.
Le parachutage d’un homme en treillis à la tête d’une structure agricole constitue une forme subtile de « terrorisme intellectuel » dans la mesure où le ministre est craint comme celui qui détient droit de vie et de mort sur le personnel du ministère. Personne, aussi courageux
soit-elle, n’ose aller à l’encontre de ses décisions, fussent-elles contreproductives. On se demande jusqu’où ira le colonel dans ses dérives.

Abbé Faria

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