Le Togo dispose d’un arsenal juridique assez étoffé pour lutter contre le blanchiment et le financement du terrorisme. Mais il veut aller encore plus loin en lançant, d’ici 2017, une stratégie nationale.
Un comité interministériel a réuni mardi les spécialistes de la question ainsi que des juristes et des banquiers pour réfléchir au processus d’élaboration de ce plan global.
‘Nous voyons au Togo des immeubles sortir de terre sans bien comprendre d’où vient l’argent ; il y a des Togolais très riches sans que l’on puisse savoir comment ils ont bâti leur fortune’, explique Koko Dzoka, le rapporteur adjoint de la Commission interministérielle.
Fin 2011, les autorités judiciaires togolaises avaient émis des mandats d’arrêt internationaux contre des ressortissants étrangers suspectés de financer le groupe terroriste libanais Hezbollah via un complexe trafic de drogue et de voitures d’occasion. Plusieurs dizaines de millions de dollars avaient ainsi transité par le Togo avant de prendre le chemin de Beyrouth.
Oussama Salhab, agent opérationnel du Hezbollah, vivant au Togo, avait envoyé des millions de dollars et d'euros du Bénin au Liban, via Lomé.
Au Togo, comme dans la plupart des pays d’Afrique, les échanges commerciaux s’effectuent en espèces. Pas de chèque, pas de virement. Il est donc extrêmement difficile d’assurer une traçabilité. Trafiquants de drogue et organisations terroristes profitent aussi d’un environnement bancaire ou les contrôles ne sont pas assez stricts. Un compte ouvert au nom d’une société écran permet de faire circuler assez facilement de l’argent sale et de le blanchir via des structures créées à cet effet.
Mais dire que le Togo ne fait rien contre ce fléau n’est pas vrai. La Cellule nationale de traitement de l’information financière (CENTIF) est de plus en plus active auprès des établissements bancaires et son action va se renforcer au sein de l’Office togolais des recettes (OTR) qui regroupe douanes et impôts.