Le plus dur a commencé pour Mgr Nicodème Barrigah dans la facilitation du dialogue politique.
Hier, les acteurs politiques ont abordé et examiné les points liés à
durée de la limitation de mandat, au mode de scrutin, à l’institution du sénat et à la reforme de la cour constitutionnelle.
Contrairement au protocole habituel qui consiste d’abord pour l’ANC
de prendre la parole en premier, c’est le sens contraire de l’aiguille
d’une montre qui a été adopté. C’est donc le parti UNIR qui devrait
réagir en premier.
Sur toutes les questions, du premier au quatrième, les représentants
du parti de Faure Gnassingbé disent n’avoir rien à dire au sujet.
C’est dans les débats, après le tour de table qui permet aux autres
partis de réagir que les membres de la délégation officielle injectent
pêle-mêle leurs réactions.
Ainsi, sur la question de la durée du mandat, l’ANC, l’ADDI, la
coalition Arc-en-Ciel sont unanimes. Le retour à la constitution de 1992 qui stipule que nul ne doit excéder 10 ans au pouvoir. Ce qui revient à dire que Faure Gnassingbé ne pourrait plus se présenter en 2015.
L’UFC est venu à la rescousse en évoquant le CPDC qui consacre une
formule transitoire avant la mise en œuvre de la disposition. Un délégué de l’UFC a déclaré qu’il est inconcevable de faire comprendre à Faure Gnassingbé qu’il ne sera pas candidat en 2015.
S’agissant du mode de scrutin, le même silence a été observé par le parti au pouvoir.
Sur la question, autant l’UFC que tous les partis de l’opposition
sont d’accord avec les démonstrations juridiques de Me Doe Bruce qui ne doivent pas faire du Togo l’exception au mode de scrutin à deux tours dans la sous-région. Tous sont donc d’accord pour un scrutin à deux tours.
Sur la question de l’institution du sénat, la majorité dans la salle a
constaté que l’assemblée nationale souffre déjà d’organisation
matérielle et institutionnelle, n’ayant pas de siège et d’infrastructures, ni de moyens adéquats. Il serait lourd d’ajouter un
sénat qui aura autant besoin de moyens.
L’opposition a également mené des démonstrations et fait des
propositions sur la reforme de la cour constitutionnelle qui, pour elle roule plus pour le pouvoir et n’est pas autonome.
Un délégué du parti UNIR, dans toutes les discussions auxquelles son
parti est absent a mis le pied dans les plats dans une déclaration jugée scandaleuse : « Nous à UNIR, nous sommes sourds et muets dans cette salle…» cela revient à dire qu’ils ne parlent pas et n’entendent rien de ce qui se passe.
Un autre d’ajouter sur la question du mode de scrutin, que si
l’opposition a des problèmes, ce n’est pas à eux parti au pouvoir de
leur donner des chances de gagner en leur offrant le scrutin à deux
tours.
Lundi déjà, un ministre du pouvoir annonçait l’indifférence du gouvernement face au dialogue : « c’est
vous qui avez sollicité le dialogue, ce n’est pas nous. Si vous ne
voulez pas le faire, ça ne nous regarde pas. Nous on s’en fout des
reformes » avait il déclaré au grand dam des acteurs présents dans la salle.
Ajouté à la déclaration qui faisait des délégués d’UNIR des sourds
muets, il y a lieu de se poser des questions sur la sincérité et
l’importance accordée par les différents acteurs à ce nouveau round de
discussions.
L’archevêque, tout en nourrissant l’optimisme quant au succès du
dialogue ne parle pas beaucoup dans la salle. Il distribue la parole,
écoute, enregistre et prend note.
La pédagogie est de faire à la fin des débats, une mise en commun des
différentes positions, dégager dans le consensus les points qui
divisent et ceux sur lesquels il y a unanimité.
Le groupe des cinq représentations diplomatiques est très préoccupé
par les présentes assises, mais l’allure des débats devrait inquiéter
quant à l’aboutissement de dialogue qui a pour objectif principal
d’opérer les reformes constitutionnelles et institutionnelle prévues par l’accord politique global signé en août 2006 par les protagonistes de la crise politique togolaise.
Un délégué de l’ANC nous a confié que ces reformes se font, non au profit d’un quelconque parti mais pour l’intérêt du peuple.