Par arrêté interministériel, le gouvernement togolais a arrêté et a interdit l’exploitation du sable marin à partir du 31 décembre 2011, ceci pour protéger et sauvegarder l’environnement et éviter l’érosion côtière dont le pays est victime. Pour décider la cessation définitive de l’extraction du sable de mer, le gouvernement avait d’abord réduit de moitié les quantités extraites en bordure de mer en substituant le sable marin par du sable siliteux. Ensuite, une carrière de 100 hectares a été acquise par l’Etat à cette fin, et où le sable siliteux devrait être chargé depuis l’interdiction du sable marin en 2011. Malgré les efforts consentis par l’Etat, force est de constater que depuis l’interdiction de l’exploitation du sable marin, des carrières sauvages pullulent de partout, surtout dans les banlieues de la capitale togolaise, comme des champignons avec des conséquences incommensurables sur l’environnement. Du coup, l’Exécutif togolais, conscient du désastre causé par l’exploitation sauvage et sans contrôle du sable dans les banlieues, selon nos informations, a pris le problème à bras le corps en acceptant l’installation d’une société privée spécialisée dans le dragage du sable lagunaire et en entamant des discussions avec les propriétaires terriens exploitants des carrières sauvages et le syndicat des transporteurs du sable siliteux, afin d’interdire progressivement toutes les carrières sauvages sans autorisation pour « réduire les conséquences environnementales surtout les dépressions qu’elles laissent ».
Interdiction progressive des carrières sauvages, un pas de géant fait par le gouvernement pour la protection de l’environnement
Conscient des conséquences dévastatrices de la prolifération anarchique des carrières sauvages, le gouvernement voudrait tenir le taureau par les cornes. Entre autres dispositions prises, c’est des discussions entamées par les ministères des Mines et de l’Environnement avec les propriétaires terriens exploitants et les syndicats des transporteurs du sable siliteux. Selon nos recoupements, la semaine dernière, au cours d’une réunion qui a regroupé les acteurs précités, il a été signifié aux propriétaires terriens et les syndicats des transporteurs que toutes les carrières sauvages sans autorisation seront bientôt fermées pour « réduire les conséquences environnementales surtout les dépressions qu’elles laissent ».Une autre décision à saluer au cours de la rencontre est que l’Etat a décidé que la « fourniture de sable sera faite par les sociétés exploitant les lagunes, ainsi que les sociétés exploitant à Davié dans la préfecture de Zio ». Toutefois, toujours selon nos recoupements, l’émissaire du ministre des Mines a indiqué que « la fermeture de ces carrières de sable ne se fera pas tout de suite ; mais des discussions seront engagées d’abord avec les exploitants pour trouver des solutions aux problèmes liés à cette fermeture ».
Arrêté interministériel interdisant l’exploitation du sable marin, un acte salutaire du gouvernement dans la lutte contre l’érosion côtière
Par arrêté interministériel, à partir du 31 décembre 2011, l’exploitation du sable marin a été interdite au Togo : le sable de mer étant le seul utilisé dans la construction des immeubles et des infrastructures routières. L’extraction de ce sable n’est pas sans conséquences sur la côte togolaise très sablonneuse de près de 50 kilomètres, ce qui a accentué l’érosion côtière. Ce phénomène a fait que le Togo est confronté à une avancée de la mer provoquant une accélération de l’érosion côtière. D’après nos informations, face à cette situation, le Togo s’est impliqué dans l’élaboration d’un document de base scientifique nécessaire à l’identification et à la résolution des causes fondamentales de l’érosion côtière avec 16 pays africains dans le Golfe de Guinée. « Le document aidera à inverser la tendance de l’érosion marquée par une avancée continue de la mer sur le continent qui éprouve la plupart des capitales des pays du Golfe de Guinée confrontés à la problématique de gestion du littoral », a précisé une source. Le Togo ayant été indexé comme un pays favorisant l’érosion côtière, cet arrêté interministériel mettant fin à l’exploitation du sable de mer, venait à point nommé pour redorer le blason du pays auprès de ses partenaires. Même si cet arrêté à l’époque, a fait grincer des dents à certains citoyens, d’aucuns trouvent que c’est un acte salutaire posé par l’Exécutif togolais, et qui est à saluer. Puisque, les conséquences de l’exploitation du sable de mer à la carrière de la plage se font déjà sentir. « La carrière, située à son début à proximité de la jetée principale du Port Autonome de Lomé (PAL : ndlr), s’est déplacée actuellement derrière l’hôtel Sarakawa et au-delà, à cause de l’insuffisance de dépôts grossiers et du volume sans cesse croissant prélevé dans cette carrière chaque semaine et l’envahissement fréquent de la plage par la mer. Les dommages sont également lourds en perte de terre, d’aménagement d’espace et en infrastructure routière », a révélé une source en 2011. « Nous ne pouvons que saluer le geste de l’Etat pour arrêter les dégâts, surtout les effets néfastes de l’érosion côtière », a-t-elle ajouté.
Dalavé, un nouveau site trouvé par l’Etat pour l’exploitation du sable siliteux
Situé à environ 30 kilomètres au Nord de Lomé dans la préfecture de Zio, Dalavé est le nouveau site acquiert par l’Etat entre le canton de Dalavé et celui de Kpomé, sur une superficie de 200 hectares. Cette nouvelle carrière, d’après nos sources, aurait coûté 200 millions de FCFA à l’Exécutif togolais.
Ce dernier ne s’est pas levé un de ses quatre (4) matins pour décider d’aller acquérir des terrains du sable siliteux n’importe où. « Un travail préalable a été fait pour inciter à explorer la voie de l’exploitation lacustre et lagunaire pour s’approvisionner en sable. Le ministère des Mines à l’époque, avait élaboré et exécuté un vaste programme de recherches de nouveaux sites continentaux ayant abouti à l’identification d’environ 200 hectares de terrains de sable siliteux extensible dans la préfecture de Zio, entre le canton de Dalavé et celui de Kpomé, à une trentaine de kilomètres de Lomé », nous a indiqué une source. « Les réserves probables de ces sites sont estimées à près de 4.000.000 m3, pour une durée d’exploitation d’environ cinq ans, contre un volume de 720.000 m3 par an qu’on prélevait à la carrière de la plage. Après les cinq ans, on réfléchira ce qu’il faut faire », a souligné la même source. « La carrière d’exploitation officielle de sable et de gravier à côté de la jetée principale du Port, dans la zone d’ensablement, et les carrières illégales, le long de la côte jusqu’à Aného, contribuent aussi à l’érosion côtière et rendent la côte togolaise encore plus vulnérable », s’est plainte une autre source. A l’époque, d’après nos investigations, aux fins d’acquérir ces sites à mettre à la disposition des exploitants de sable, il faudra pour l’Etat de trouver et de verser la bagatelle somme de 200 millions de francs Cfa, auxquels s’ajoutent les coûts de traçage des pistes d’accès à la carrière estimés entre 10 et 20 millions de francs Cfa : « Le déplacement sur les nouveaux sites n’aura qu’un léger impact sur le prix d’achat du sable d’autant plus que des exploitations de moindre envergure se font déjà dans la zone pour approvisionner la partie Nord de Lomé », avait avancé à l’époque l’Exécutif.
Installation d’une société de dragage de sable lagunaire, une approche de solution dans la protection de l’environnement
En acceptant l’autorisation et l’installation d’une société de dragage, Société Africaine de Dragage (SAD) spécialisée dans l’exploitation du sable lagunaire, le gouvernement vient de montrer une fois encore sa volonté de protéger l’environnement et de le sauvegarder, et de lutter aussi contre l’érosion côtière. Le Togo vient ainsi de rentrer dans la cour des grands en s’inspirant de l’expérience de certains pays de la sous-région, notamment le Bénin, la Côte d’Ivoire dans la lutte contre l’érosion côtière et la protection de l’environnement en optant pour l’exploitation du sable lagunaire. D’après nos recoupements, le gouvernement avait préalablement fait un travail pour inciter à explorer la voie de l’exploitation lacustre et lagunaire pour s’approvisionner en sable avant d’interdire l’exploitation du sable marin. Et selon certaines études, le sable lagunaire, c’est d’abord un sable qui ne contient pas de sels minéraux. Or, dans l’alliage des matériaux, le sel crée des dégâts. Lorsque vous faites des travaux de bétonnage, et on fait un mélange avec le fer ; cela crée la corrosion des matériaux, cela fait que les constructions ne sont pas solides. Bref le sable marin, c’est un sable qui n’est pas recommandé pour la construction. Et donc, le sable qui est recommandé, c’est le sable lagunaire, à cause de sa teneur et de sa granulée. Son grain est plus ou moins fin, moyen.
Par contre, selon d’autres études, « dans la construction, des études faites par des ingénieurs en génie civil et des architectes tendent à discréditer l’utilisation de sable de mer. Celui-ci n’est pas approprié pour la confection de mortiers ou bétons, en raison de sa salinité qui favorise la corrosion des armatures, si le sable n’est pas convenablement lavé. Ce qui affecte la durée de vie des bâtiments car la résistance du béton est réduite. L’exploitation du sable marin porte aussi atteinte aux sites écologiques et à l’habitat des animaux marins, notamment les lieux de ponte des tortues de mer ». Toujours selon les mêmes études, « sur le plan des infrastructures routières, le suintement de l’eau salée des camions de transport de sable de mer contribue à une dégradation rapide des routes. En tourisme, les nuisances dues aux bruits et aux émissions des gaz d’échappement incommodent les touristes logeant à l’hôtel Sarakawa du fait que la carrière s’est déplacée jusqu’à cet hôtel », ont précisé les mêmes sources.
En somme, un tour dans les carrières sauvages à Zanguéra, à Légbassito, à Sogbossito, à Mission-Tové ou encore à Vodougbé… laisse perplexe tout citoyen soucieux des questions environnementales. Toutes les mesures qui sont en train d’être prises par le gouvernement togolais sont à encourager et à saluer.
Selon nos informations, le Togo a été indexé comme l’un des derniers pays côtiers favorisant l’érosion côtière par l’exploitation de sable marin, à la Conférence africaine sur la lutte contre l’érosion côtière les 18 et 19 mai 2009 à Dakar au Sénégal. Une fois que le Togo a été considéré comme « un mauvais élève » favorisant l’exploitation du sable marin, le Gouvernement s’est mis en cherchant des financements partout, pour résoudre pour un tant soit peu le problème de l’érosion côtière. Mais pendant ce temps, les populations s’acharnent sur le sable de mer qu’elles commercialisent ou utilisent pour la construction. Cette pratique n’est pas sans conséquences sur les localités côtières. Les riverains ont assisté impuissants à la fragilisation des épis au niveau d’Aného, ainsi qu’à Ramatou Beach, à Kossi Agbavi, à Avépozo, à Gbétsogbé ou à Kpogan où le sable de mer s’en va. Le gouvernement a trouvé la solution : un arrêté interministériel interdit l’exploitation de sable de mer sur tout le littoral à compter du 31 décembre 2011. Depuis lors, le gouvernement togolais ne cesse de poser des actes salutaires visant à protéger l’environnement et à lutter contre l’érosion côtière.