Appel aux états généraux des DDh/Me Bertin Atsyon : « Nous devons aller aux états généraux,... dégager les critères qui définissent les défenseurs des droits de l’homme au Togo »

Société

Publié le mardi 3 juin 2014 | L’Union

© aLome.com par Parfait
Me Bertin Amegah-Atsyon parle des actes posés par son organisation, NDH, depuis 2009.

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Justice et droits de l’homme

Togo - Le débat est d’actualité encore. A tort ou à raison, les défenseurs des droits de l’homme qui collaborent avec les acteurs politiques sont taxés de politiques. Mais si la limite entre la défense des droits de l’homme et l’action politique est difficile à définir, les défenseurs des droits de l’homme doivent - ils agir en toute indépendance des partis politiques ou en étant membres des regroupements politiques ou en déclarant leur affinité à tel ou tel autre parti politique ? Me Bertin Amegan-Atsyon, le président des Nouveaux Droits de l’Homme NDH-Togo a sa réponse. « Les DDH doivent être libre de toute pression et doivent agir en toute indépendance. » soutient-il. Interrogé à l’occasion de l’anniversaire des 5 ans de son organisation Me Amegan-Atsyon a appelé à des états généraux de leur corporation pour tirer au clair cette affaire.

pa-lunion.com : Maître Bertin Amégan Atsyon, bonjour !

Bertin Amégan Atsyon : Bonjour !

pa-lunion.com : Vous êtes le président du Nouveau Droit de l’Homme. Il y a cinq ans précisément, vous avez crééé votre organisation de droit de l’Homme, le NDH. Cinq ans après, est-ce que vous avez l’impression que quelque chose a changé dans la sphère des droits de l’Homme au Togo ?

Bertin Amégan Atsyon : Nous sommes nés un 05 avril 2009. Nous avons été reconnus officiellement par les autorités le 05 mai de la même année. Aujourd’hui, nous bouclons cinq ans d’activités et la seule chose qui nous donne satisfecit, c’est que, nous sommes demeurés nous mêmes. C’est-à-dire, indépendants, objectifs, et surtout impartiaux.

pa-lunion.com : Mais, ça ne fait pas la différence dans le changement des questions des droits de l’Homme ?

Bertin Amégan Atsyon : Vous savez, les questions de droits de l’Homme ne doivent pas concerner les défenseurs de droits de l’Homme seuls. C’est un problème qui doit nous concerner tous Togolais. Que vous soyez pauvre, vieux ou jeune. Même lorsqu’on évoque la notion des droits de l’homme, les gens considèrent ça comme un sujet tabou. Pour certains qui sont quand même à même de faire vulgariser cette notion de droit de l’Homme, ils le font à la carte. C’est-à-dire, les droits de l’Homme sont devenus la vente aux enchères, ou on défend plus ceux qui ont de l’argent, ce qui n’est pas tout à fait normal.

pa-lunion.com : Qu’est-ce que vous avez eu à faire, vous, pendant ces cinq dernières années ?

Bertin Amégan Atsyon : Nous avons eu à faire peu de choses, mais rien. Je dis peu de chose, parce que nous avons été de ceux-là qui, pendant leur moment d’hivernage, ont eu, avec leurs moyens de fortune, à aider les populations de Lomnava, à sortir l’eau de ruissellement de leurs maisons. Nous avons été dans les rues hein, comme toute organisation de défense des droits de l’Hommes pendant les moments les plus difficiles où pleuvaient les gaz lacrymogènes. Nous avons beaucoup participé à la vulgarisation des textes de la déclaration universelle des droits de l’Homme, et nous les avons poussés même jusque dans les lieux où la liberté est confisquée. Nous avons aussi, avec pratiquement nos petits moyens, supervisé les élections législatives de 2013 sur toute l’étendue de la commune de Lomé et nous l’avons fait sans financement et nous avons obtenu de bons résultats. Sans toutefois évoquer 2010, où déjà, dès notre naissance, nous avons participé à la pré et à la post campagne présidentielle.

pa-lunion.com : Quand vous parlez de moments difficiles, c’est tout comme, aujourd’hui beaucoup de choses ont changé. Qu’est-ce qu’il y a eu comme évolution dans les questions de droits de l’Homme, entre le jour où vous êtes nés et ce jour ?

Bertin Amégan Atsyon : L’évolution se résume dans les faits que nous observons quotidiennement. Et vous voyez, il y a des gens qui se permettent à loisir d’injurier les gens sur les antennes, qui ne sont pas poursuivis. Nous n’assistons plus comme avant aux arrestations arbitraires. Si nous voulons tenir la langue des politiciens, nous pouvons considérer même des gens qui ont fauté et qui devraient être réprimandés selon la loi, comme des gens qui font l’objet de violation de droits de l’Homme ne l’ont pas été. donc c’est clair qu’il y a évolution.

pa-lunion.com : Vous dites, « injurié » ou « critiqué » ?

Bertin Amégan Atsyon : Des gens ont injurié ! Des gens ont porté atteinte gravement à la dignité d’autrui. Pendant nos opérations de supervision des manifestations, des gens cassaient les pare-brises des honnêtes citoyens qui ne sont que de simples passants. Les gens ont eu à subir des violences de la part de simples citoyens, parce qu’ils ne pensent pas comme eux. Tout cela, nous devons le combattre, en mettant plus l’accent sur nos devoirs.

Les défenseurs des droits de l’homme au Togo sont considérés parfois comme messies, comme des gens qui ont un blanc sain leur permettant de tout faire, alors que ce n’est pas le cas. Le vrai défenseur des droits de l’homme doit être cette sentinelle de la cité appelée à bondir à chaque fois qu’il sera porté atteinte à la cour sacrée de la liberté des droits de l’Homme. Que ce soit le droit du plus grand milliardaire du Togo, ou que ce soit le droit du plus pauvre du Togo.

pa-lunion.com : Est-ce que vous voulez dire, au nom de la liberté, des gens violent plus les droits de l’Homme ?

Bertin Amégan Atsyon : Au nom de la liberté, il y a plus de violation. Voyez les vindictes populaires que nous observons quotidiennement. Il suffit qu’on crie sur quelqu’un qui est présumé avoir volé, peut être, un portable, et cette personne est brûlée dans la rue, alors que les preuves ne sont pas encore réunies pour savoir si le portable ou bien la moto a été volé. Lorsque des gens aisés sont arrêtés, vous voyez comment il y a une certaine mobilisation de la part de certaines organisations de défense des Droits de l’Homme pour aller à la rescousse de ce dernier. Alors que de petits voleurs de cabri, de mouton font quatre ans à la prison sans que leurs dossiers ne connaissent même pas d’instruction, ils sont là, laissés à leur sort. C’est pourquoi je dis que les droits de l’Homme sont joués à la carte. On trie sur le volet là où il y a intérêt. Alors que dans la réalité, on ne doit pas se pencher sur des considérations d’ordre matériel ou pécuniaire pour défendre les droits de l’Homme.

Malheureusement, la notion des droits de l’Homme est galvaudée, on concentre les énergies, on se mobilise pour défendre les Hommes de paille, en laissant les gens qui n’ont personne derrière eux. Ce qui n’est pas du tout normal.

pa-lunion.com : Est-ce que c’est au Togo seulement que vous le constater ? On semble voir que la préoccupation est d’ordre général.

Bertin Amégan Atsyon : Malheureusement je suis au Togo et je ne fais que le constat au Togo.

pa-lunion.com : Maître Amégan Atsyon, à ce jour, qu’est-ce que vous pensez que les organisations de défense des droits de l’Homme doivent faire, si il est vrai qu’on se mobilise plus pour ceux qui sont plus riches et on lésine plus sur les moyens pour ceux qui sont plus pauvres ?

Bertin Amégan Atsyon : Vous savez, il y a un problème de bipolarisation que nous avons dénoncé dès notre naissance. Et je crois que, pour régler définitivement ce problème, à l’instar de nos amis journalistes, nous devons aller aux états généraux, savoir qui est défenseur des droits de l’homme, dégager les critères qui définissent qui est défenseur des droits de l’homme ou non au Togo. Parce que lorsque vous voulez défendre les droits de l’Homme, vous n’avez pas le droit de vous acoquiner avec les politiques. Les droits de l’Homme doivent avoir un caractère neutre, mais cette neutralité, je l’ai dis, a été galvaudée par beaucoup d’associations qui se retranchent derrière les partis politiques et des regroupements de partis politiques pour crier ourbi et orbi en longueur de journée que, voilà, nous défendons. Non ! On ne défend pas les droits de l’Homme de cette façon.

Si vous voulez défendre les droits de l’Homme, vous restez dans la défense de la promotion des droits de l’Homme. Mais si vous voulez faire de la politique, vous allez sur le terrain politique. La politique, certains vont rétorquer que c’est l’affaire de la cité. Mais il y a plusieurs façons de faire la politique. Mais la politique et les droits de l’Homme ne peuvent pas cohabiter. Parce que, c’est les tenants du pouvoir, les gouvernants qui sont ceux là qui violent les droits de l’Homme.

pa-lunion.com : Donc, vous pensez que le problème de neutralité se pose avec les défenseurs des droits de l’Homme et qu’il faille aller aux états généraux des défenseurs des droits de l’Homme ?

Bertin Amégan Atsyon : Absolument ! Ce problème de neutralité a totalement discrédité beaucoup d’associations. Quand moi je suis avec des amis non Togolais, ils ne tardent pas à nous le dire, que vous, dans votre pays, vous êtes atypiques. Tout ce qu’on fait, vous essayez de tourner la chose vers une destination qui n’est pas nécessairement positive. Et je le dis, je le répète, quand vous voulez défendre les droits de l’Homme, vous devez respectez les principes sacrosaints de la neutralité, de l’objectivité et de l’impartialité.

pa-lunion.com : Quelles sont les prochaines activités de Nouveau Droit de l’Homme ?

Bertin Amégan Atsyon : Nous venons de renouveler nos instances. Nous allons par la suite nous lancer dans l’affichage de la déclaration universelle des droits de l’Homme dans les établissements scolaires et à certains endroits clés de la capitale, pour permettre aux Togolais d’avoir une vision sur ce que s’est que les droits de l’Homme. Parce que vous allez posez même à celui là qui vous dit qu’il est défenseur des droits de l’Homme, de vous donner le nombre d’articles qui se trouvent sur les textes de la déclaration des droits de l’Homme de 1948, il ne le sait pas. Parce que nous parlons droits de l’Homme pour faire le « one man show », nous crions défenseurs de droits de l’Homme pour s’imposer en s’exposant, et ça ne fait pas sérieux.

pa-lunion.com : On semble voir que le président de nouveaux droits de l’Homme se fait apôtre des autres défenseurs des droits de l’Homme. Quelles sont vos relations en effet ?

Bertin Amégan Atsyon : Vous savez moi, j’aime la justice, j’aime l’équité, j’aime la morale. J’ai de très bonnes relations individuellement et personnellement avec toutes les organisations de défense de droits de l’Homme et leurs dirigeants. Mais vous savez, je ne m’attaque pas aux personnes, mais je m’attaque aux comportements, aux attitudes.

Mais comment pouvez vous comprendre que quelqu’un qui se dit, président d’une organisation de défense de droits de l’Homme, qui va maintenant défendre UNIR et au cours de la manifestation, les militants de UNIR ont commencé par faire des bavures, jeter des projectiles à l’endroit des forces de l’ordre, croyez-vous que ce défenseur des droits de l’Homme peut élaborer un rapport objectif ? Je dis non !

A contrario, lorsque vous estimez que vous êtes par exemple du côté du CST, et au cours d’une manifestation, il y a des militants du CST qui cassent des édifices, des panneaux publicitaires et autres, il y a des bavures, on tape sur les gens, vous croyez que vous allez dire que, voilà, nos militants ont tapé ? Même si c’est un dirigeant qui a posé un acte et qui n’est pas de nature à rentrer dans le sillage du respect des droits de l’Homme, croyez-vous que vous pouvez cataloguer ça de façon correcte ? Non ! C’est pourquoi je dis, le principe de la neutralité, de l’indépendance et de l’objectivité est très très cher pour nous. Nouveau Droits de l’Homme est pour ça, nous en sommes très fiers.

pa-lunion.com : Maître Bertin Amégan Atsyon, merci !

Merci !

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