La réclusion criminelle à perpétuité a été prononcée ce lundi par Bodjona Simon, Président de la Cour, à l’encontre de Bédi Kodjo et son père Bédi Koami en plus d’une amende de 5 millions à verser à Aziangbédé Sodoga pour avoir commis le 29 juillet 2003 à Agoè l’homicide volontaire et complicité d’homicide volontaire sur Aziangbédé Peter, âgé de 7 ans en classe de CP1, fils de Aziangbédé Sodoga. Après avoir passé pratiquement 11 ans derrière les barreaux, l’heure est à la vérité devant les membres du jury de la Cour d’assises.
En effet, à en croire le propos de Bédi Kodjo, mécanicien à deux roues, il a été approché par son client un certain ‘’El Hadj’’ qui souhaiterait une tête humaine à acheter. « Il y a un homme qui vient fréquemment chez moi pour réparer sa moto et m’a demandé si je peux lui trouver une tête humaine. C’est dans ces circonstances que j’ai participé à l’empoisonnement de l’enfant
Peter dans ma chambre pour le décapiter avec l’aide de mon client », affirme-t-il. Toujours selon lui, c’est au moment de l’enterrement du
corps derrière sa chambre qu’il a été surpris par son beau-frère Koffi qui a rendu l’âme entre temps. Pendant ce temps, son client ‘’El Hadj’’ qui se trouve être acquéreur a pris la fuite. Le sieur Koffi propose alors à Bédi Kodjo un autre ‘’El Hadj’’ pour payer la tête à 2 500 000 fcfa discutables. Devant cette situation, le criminel n’a pas le choix. Koffi est donc parti pour revenir après avec des agents de police déguisés en ‘’El Hadj’’. Ils ont dit au criminel qu’ils ont sur eux 1 800 000 fcfa et qu’ils souhaiteraient qu’il les suive à leur domicile pour le règlement du reste de la somme. Chemin faisant, ils ont atterri tous à la DPJ où le criminel est soumis aux interrogatoires.
Dans ces propos, son papa est complice quoiqu’il fût au champ au moment du
crime. Ces propos ont été tenus à la DPJ, devant le juge instructeur du 1er, 2e et 3e substitut. Au prétoire devant le président de la Cour ce lundi, le criminel change de version en affirmant que son papa Bédi Koami n’était ni de près ni de loin mêlé dans cette affaire et qu’il est
le seul coupable. Une affirmation dénoncée aussi bien par le Président qui a pris le soin de lire certaines parties des propos du criminel
consignés dans des dossiers lors des auditions précédentes, que par l’avocat général qui était le juge instructeur ayant été commis pour cette affaire et ainsi que par le conseil de la partie civile. Ce qui montrerait qu’après réflexion, l’accusé a estimé à un moment donné qu’être seul en prison vaudrait mieux que d’y périr avec son papa.
De leur côté, Me Sallah-Dorkenou Kanlé et le Professeur Zeus Ajavon, conseils des sieurs Bédi Kodjo et son père Bédi Koami, estiment que les incohérences constatées dans les propos du principal criminel résulteraient de l’altération de son état mental et qu’il serait judicieux de l’envoyer dans un centre psychiatre. « Dans un pays normal, ces genres de personnes sont envoyés dans un centre psychiatrique. Cette décision me laisse perplexe. S’agissant du fait, nous avons démontré à suffisance que son père n’y est rien », a soutenu Me Zeus
Ajavon après la décision finale. Car d’après le papa du criminel, quand il va au champ, il y reste pendant une semaine. C’est de là qu’il a appris le drame commis par son enfant. Une manière de clamer son innocence.
Entre temps, le criminel a déclaré avoir été torturé à la DPJ afin de lui extorquer des aveux. Ce qui l’a contraint d’impliquer injustement son papa. « Bédi Kodjo a été torturé dans un premier temps et il a eu à dire des choses. Il est revenu sur sa décision mais ils sont tous condamnés », regrette Me Zeus Ajavon, l’un des conseils de la défense. Faux rétorque l’avocat général qui estime que même s’il avait été sous le coup de la torture pour soutenir des faits non avérés,
devant le 1er, le 2e et le 3e substitut, il pourrait se rétracté pour dire les choses telles qu’elles sont car pendant tout ce temps, il n’était plus contraint par quelque moyen que ce soit d’affirmer autre chose que ce qui s’était réellement passé.
Par ces motifs, l’avocat général, dans son réquisitoire, précise qu’il est reproché à Bédi Kodjo,
homicide volontaire avec préméditation et « que l’article 14 du code pénal soit appliqué ». Pour lui, le père doit être condamné au même titre que le fils. En l’état il faut faire référence à l’article 13 du code pénal qui dispose que « même responsabilité, même sanction ». En
définitif, l’avocat général, avant la suspension de la séance, propose l’application de l’article 44 du code pénal qui dispose « la réclusion criminelle à perpétuité » en soutenant que « les faits sont graves, horribles, sauvages … » Après la reprise de la séance, le Président
rend le verdict final. La réclusion criminelle à perpétuité est prononcée à l’encontre des accusés Bédi Kodjo et Bédi Koami et sont sommés de verser à la partie civile une somme de 5 millions de francs
cfa. Il a précisé également qu’ils ont 8 jours pour pourvoir en
cassation. « Evidemment je vais pourvoir en cassation », promet Me Ajavon Zeus.
Après quoi, la partie civile et son conseil se sont prononcés. Aziangbédé Sodoga : « je suis content du verdict. C’est vrai que j’ai demandé 35 millions pour dommages et intérêts, mais la décision du président est satisfaisante car étant donné que nous sommes ensemble dans un le même milieu, leur présence à mes côtés serait un danger permanent et pour moi et pour mes enfants. »
Me Woana Tchalim, avocat de la partie civile : « moi en tant qu’avocat de la partie civile, je représente les intérêts de la famille de la victime. Je suis comblée par la décision
qui a été rendue en ce sens que même si l’enfant ne peut pas revenir en vie, les parents ont trouvé un apaisement de cœur par la justice qui a été rendue. C’est pour cela que je salue la décision qui a été rendue. Il est temps qu’on décourage ces genres de comportement dans la société.
Je pense que c’est une crime crapuleux, prémédité.
En droit nous parlons sur des pièces. Le criminel n’a pas d’acte de naissance qui prouve qu’il était mineur au moment du crime. De surcroit, son avocat l’assiste depuis le début, il aurait pu soulever cet aspect du dossier pour que cela puisse peser sur la procédure. L’arrêt de la mise en application, conformément aux dispositions du code pénal purge toutes les irrégularités qui ont été constatées dans la procédure. Du moment où ils n’ont pas formé de recours contre l’arrêt, il ne peut plus ici poser le problème de la minorité ou de la majorité de l’accusé d’autant plus que ce dernier n’a pas d’acte de naissance et n’ayant pas été à l’école, il ne peut pas nous dire sa date de naissance. »