Depuis le début de cette semaine, les greffiers du Togo sont en grève. Ils demandent à bénéficier d’un statut spécial. Le 15 avril dernier le gouvernement avait déjà promis répondre favorablement à cette revendication mais depuis, silence radio.
Cette promesse semble être faite juste pour voir suspendre une première grève. Le gouvernement togolais est connu pour ses roublardises. Cette fois-ci les greffiers sont décidés mais c’est sans compter avec la machine à intimidations du régime. « Pour l’heure il y a un certain Trimua Christian qui menace tous les greffiers du Togo ». Nous a confié sous anonymat un des grévistes.
D’autres indiscrétions soutiennent qu’un ministre du gouvernement promet qu’il va mener la vie dure aux grévistes en classant le dossier dédié au statut spécial des greffiers. Des moyens que le régime cinquantenaire a toujours utilisés pour intimider des citoyens qui revendiquent des droits légitimes. Observer une grève, faire des manifestations publiques tels que le recommandent tous les textes qui prônent les droits humains constituent de plus en plus des délits sous Faure Gnassingbé.
Autre arme qu’utilise le pouvoir, corrompre certains contestataires pour démobiliser les autres et saboter le mouvement. Les greffiers visiblement n’ont pas dérogé à la règle. Quatre greffiers en chef à Lomé ont sorti un courrier inique disant qu’ils ne sont pas d’accord avec leurs camarades en débrayage. Et pourtant la grève est suivie sur toute l’étendue du territoire national. « Nous n’avons pas de preuve qu’ils ont distribué de l’agent, mais il y a des indices concordants », nous a confié un jeune greffier.
Il faut rappeler que les greffiers ont entamé les discussions pour aboutir à un statut spécial depuis novembre 2009 avec le ministère de la justice.
Selon nos recoupements, le projet de statut est prêt mais le ministre « opium du peuple », ministre de la justice Koffi Essaw estime qu’il faut voir son Christian Trimua qui est un technicien dans le domaine. Mais celui ci donne l’impression de narguer les greffiers qui quoi qu’on dise sont un maillon essentiel dans toute procédure.
« Les greffiers coopèrent avec les magistrats, toute procédure judiciaire commence par le greffe et se termine par le greffe. La requête est introduite au greffe et l’expédition est délivrée par le greffier, Malheureusement nous sommes les parents pauvres de la justice », rappelle avec amertume cet autre greffier.
Plusieurs autorités rencontrées en coulisses soutiennent que le statut ne souffre d’aucune anomalie et que c’est la mauvaise foi du gouvernement qui retarde son adoption. « Le ministre Pasteur » aurait confié aux grévistes que ‘’si cela ne tient qu’à lui, le statut peut être déposé sur la table du parlement dans 48heures’’.
Maître ABI TCHESSA, ancien ministre de la justice, en son temps, avait déposé un projet de loi portant statut des greffiers sur la table du parlement. Qu’en est-il de ce statut ?
Pour rappelle, le Togo compte au total 192 greffiers répartis dans 33 tribunaux, 2 cours d’appel, une cour suprême, une cour des comptes et une cour constitutionnelle.
Aux dernières nouvelles, les greffiers projettent rencontrer la presse d’ici quelques heures au tribunal de Lomé, l’endroit où se déroule le sit in depuis ce lundi.