L’échec du dialogue politique au menu de la presse togolaise cette semaine - L’échec du dialogue entre les acteurs politiques togolais en vue des réformes constitutionnelles et institutionnelles constitue le menu de la presse togolaise cette semaine, a constaté la PANA dans les kiosques.
Pour Nouvelle Opinion qui annonce les couleurs, «le miracle n’a pas eu lieu, malgré la présence d’un médiateur», Mgr Nicodème Barrigah-Benissan, appelé à la rescousse pour tempérer les ardeurs.
Du coup, l’échec constaté mardi sonne le tocsin dans la presse et tous les journaux en ont fait leurs choux gras.
L’Eveil de la Nation s’en prend à l’opposition et l’accuse de mauvaise foi, de mensonges et de manipulations. Pour le journal, les partis politiques ont «fait tout pour saboter les discussions par leurs exigences et leur intransigeance».
Car, poursuit-il, «comment comprendre qu’une minorité (ndlr : opposition) puisse passer son temps à exiger au lieu de négocier, si ce n’est pas l’intention délibérée de faire capoter les négociations?'.
Même son de cloche pour La Symphonie qui titre, « l’opposition a trouvé ce qu’elle cherchait…». «Le résultat auquel le dialogue est parvenu a été prédit par tous les observateurs avisés ; tous les signaux étaient au rouge pour l’annoncer mais les acteurs de l’opposition, à commencer par le Chef de file contesté, Jean-Pierre Fabre, n’ont rien compris, par manque de lucidité ou de prévoyance».
Une fois encore, conclut enfin La Symphonie, «l’opposition est victime de ses propres turpitudes, ce qu’elle voulait, elle l’a eu au finish».
Prenant le contrepied de ses confrères, L’Alternative écrit : « les propriétaires du Togo ont fait capoter le dialogue». Car, souligne ce bi-hebdo, « tout était programmé avec la complicité de l’UFC (ndlr : Union des forces de changement, ancien parti de l’opposition devenu allié du gouvernement) pour faire échouer le dialogue et ainsi permettre à Faure Gnassingbé de rempiler pour un 3e mandat».
«Un fiasco de plus qui démontre une fois encore la mauvaise foi du régime qui n’est prêt à aucune concession», conclut-il.
Le Correcteur, dans un article au vitriol titré «la dictature militaire implacable a eu raison des prières de Mgr Barrigah, déplore les efforts du prélat qui, malgré ses « intenses prières », n’est pas arrivé à arracher un consensus à l’issue du dialogue, estimant que «la mauvaise foi et l’extrémisme politique risquent de replonger le Togo dans une zone de turbulences», prévient le bi-hebdomdaire.
Liberté, pour sa part, trouve en cet échec un «forcing en perspective de Faure Gnassingbé en 2015». Aussi, souligne le quotidien privé, «l’échec du dialogue scelle le sort des réformes constitutionnelles et institutionnelles attendues depuis 8 ans».
Il proclame que «le gagnant du fiasco du dialogue ce sont sans doute le pouvoir et Faure Gnassingbé» et ajoute que «le chemin est tracé pour une prolongation du pouvoir de Faure pour un règne élastique».
«Echec et puis quoi…?», s’interroge Le Canard indépendant dans sa rubrique Le Hublot qui sert d’éditorial. Le journal qui n’est pas passé par quatre chemins, écrit : « comme on pouvait s'y attendre, le dialogue entamé le 19 mai en vue de dégager des consensus pour la mise en œuvre des réformes constitutionnelles et institutionnelles, a lamentablement échoué ».
Il en conclut de façon prémonitoire que « les Togolais en sortent du coup avec la hantise du pouvoir éternel et la perspective d’élection de dirigeants illégitimes, ou peu légitimes au commande. Toutes choses dont se nourrissent l’instabilité politique et leurs corollaires de violations massives des droits humains, entraînant des cassures du tissu social et la chute de l’économie».
Pour Golfe Info qui donne la parole au facilitateur, Mgr Nicodème Barrigah-Benissan, on retient simplement ceci : « je ne vous cacherai pas que, quelque part, je suis quand même déçu, parce que je pensais qu’on allait aboutir à quelque chose de plus consensuel ».