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Exposition : l’Afrique à Genève
Publié le mercredi 11 juin 2014  |  Le Point




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Loin du Sénégal, où se tient la biennale de Dakar, l'exposition "Here Africa" réunit à Genève pour la première fois une scène artistique africaine déjà confirmée.


Souvenez-vous, c'était en 1989. L'exposition "Les Magiciens de la Terre", qui se tenait au Centre Pompidou à Paris et à la Grande Halle de la Villette, mêlait pour la première fois l'art des sociétés occidentalisées avec celui du reste du monde. Et l'on y faisait de sacrées découvertes. À l'époque, Chéri Samba, l'un des artistes africains les plus connus aujourd'hui, était encore dans les limbes. En quelques décennies, un certain nombre a fait du chemin, leurs oeuvres sont désormais habituées des galeries et des foires internationales et sont entrées dans des collections aussi célèbres que celle Jean Pigozzi. Ce sont les oeuvres de ces artistes déjà confirmés que Adelina von Fürstenberg nous propose de retrouver au château de Penthes (Musée des Suisses dans le monde) à Genève. La commissaire de l'exposition "Here Africa" a en effet réuni soixante-dix oeuvres de vingt-quatre artistes issus de dix-sept pays du Maghreb et de l'Afrique subsaharienne.

L'intérêt de cet événement tient avant tout à son effet bloc. On y retrouve une couleur, un son, un tressage. Adelina von Fürstenberg qui n'a pas souhaité s'arc-bouter sur une thématique précise, a joué avec le charme du château de Penthes, a composé avec l'exiguïté de ses salles et les restes de ses oripeaux. Le lieu n'a rien du White Cube, mais les trois étages bruissent à l'unisson : après l'état des lieux de leurs pays respectifs et des principaux défis de l'Afrique contemporaine, les artistes africains se positionnent désormais face au reste du monde.

Parmi les oeuvres les plus anciennes, on a ici l'occasion de revoir les coiffures sculpturales des femmes nigérianes photographiées par J. D.


Okhai Ojeikere au début des années 70, ou encore l'un des premiers courts-métrages du cinéaste marocain Faouzi Bensaïdi. "Le mur", réalisé en 2000, illustre un lieu fermé et oppressant, qui clôt l'horizon tout en recueillant les traces et les mémoires. Un moment où la forme s'impose et où l'espace devient le personnage central.

Pour l'exposition, Zineb Sedira, représentée à Paris par la galerie Kamel Mennour, a choisi des tirages de 2008 où les épaves d'un cimetière de bateaux en Mauritanie sont aussi les protagonistes. Ses images denses et hypnotiques épinglent le regard tout comme les portraits de Pieter Hugo, connus dans le monde entier. Par l'imaginaire, il hausse le réel d'un ton.


Parmi les jeunes artistes, l'Angolais Edson Chagas attaque de plein fouet le consumérisme. Là encore les objets deviennent des objets existentiels que le spectateur est amené de gré ou de force à décortiquer. Au fil des salles, on effeuille une scène africaine essentiellement figurative et l'on découvre des initiatives personnelles au sein même de leur pays.

Barthélémy Toguo a créé à Bandjoun, un projet artistique à but non lucratif qui allie culture et agriculture. "Bandjoun station réunit un atelier de création qui accueille des résidents pour la réalisation d'oeuvres in situ en accord avec la communauté locale, doublé d'un projet agricole où la monoculture est rayée de la carte afin de tendre à une autosuffisance alimentaire et de mettre sur le marché un produit fini et compétitif." En 2011, à Alger, Zineb Sedira lançait le projet Aria, un programme de séjours en résidence avec une mise en relation avec les réseaux locaux ou régionaux.

Au Bénin, la fondation Zinsou, l'une des rares en Afrique, est née d'une initiative familiale. Créée à Cotonou en 2005, on lui sait gré d'une exposition Basquiat. Aujourd'hui, la fondation a choisi de se recentrer plus spécifiquement sur la formation des jeunes autochtones. Cette action privée est hautement saluée par Romuald Hazoumè, artiste béninois célèbre pour son art du recyclage.

"Ce n'est pas la peine de créer des écoles puisqu'elles seraient inféodées au pouvoir. Cela serait une porte ouverte à un art nationaliste comme on en a connu sous certains régimes..." Dans un discours prononcé en 2007 sur l'île de Gorée, l'écrivain sud-africain Breyten Breytenbach imaginait l'Afrique autrement avec la culture en tête de proue, sans omettre de préciser que "la réussite ne pourrait se faire qu'au prix d'une honnêteté brutale, d'une remise en cause de toutes les vaches sacrées et des tabous et d'un travail de tous les instants." Grâce à la résolution d'une minorité, l'Afrique est en train de tricoter la suite de son histoire.

"Here Africa", Musée des Suisses dans le monde, château de Penthes, 18, chemin de l'Impératrice, 1292, Pregny, Genève. Jusqu'au 6 juillet.

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