Le choix de la partenaire a été difficile, la conception de la grossesse l’a encore été plus, comment sera alors l’accouchement ?
C’est une analogie que nous utilisons pour nous amuser un peu de la façon moribonde avec laquelle nos dirigeants s’activent au sommet de l’Etat.
Il y a une semaine, nous écrivions un article pour critiquer le retard inconcevable pris par le Chef de l’Etat pour nommer son Premier Ministre.
Il avait aussi pris autant de temps pour le faire démissionner après la proclamation officielle des résultats définitifs des élections législatives du 25 juillet dernier. Aujourd’hui notre critique va porter sur l’incapacité du Premier Ministre à sortir son équipe en temps réel.
C’est donc vrai que l’adage selon lequel ceux qui se ressemblent s’assemblent se vérifie partout et à tout moment ?
Dans le cas précis du Togo, et notamment au sommet de l’Etat, c’est plus qu’une évidence. Mais seulement voilà, cette évidence est préjudiciable aux intérêts de la nation, du peuple et du pays.
Allons vite. Retenons simplement que Ahoomey-Zunu est un ancien Premier Ministre, gracieusement reconduit à son poste par le Chef de l’Etat, plus d’une semaine après sa démission. Cela suppose qu’il a au moins l’expérience de la conception et de la gestion d’un gouvernement.
Qu’est-ce qui alors, objectivement peut le retarder dans le choix des membres qui doivent composer son gouvernement si tant est que c’est lui-même qui doit effectivement faire ce choix ?
Le bon sens interdit que l’on admette qu’il ait des difficultés à composer cette équipe puisque lui-même a affirmé partout que le Togo n’est pas en crise. Voilà donc qui le rattrape.
Le Mali est un pays en crise, complètement déchiré, mais cela n’a pas empêché Oumar Tiam Ly, un novice politique, de former son gouvernement en quarante –huit heures seulement après sa nomination qui, elle aussi était intervenue juste 24 heures seulement après la prestation de serment du président IBK.
Au Sénégal, une femme, Aminata Traoré qui était une simple ministre de la justice, a formé son gouvernement en moins de 24 heures après sa nomination au poste de Premier Ministre par le président Macky Sall.
Mais que nous sert-on au Togo ?
Une lourdeur, une nonchalance, une hésitation et un tâtonnement permanents qui rappelle la manière avec laquelle les infirmes visuels procèdent pour marcher.
Depuis le 06 septembre où, à la surprise générale, il a été reconduit à son poste par son mentor, Ahoomey-Zunu n’est toujours pas capable, jusqu’à ce douze septembre, de sortir son gouvernement.
Si pour la formation d’un simple gouvernement, nos dirigeants font montre d’un tel niveau d’incapacité comment pourraient-ils se montrer efficaces quand il s’agira de relever les défis de la gouvernance, de gérer avec efficience les affaires de l’Etat ?
C’est donc logique que là aussi, ils se montrent incapables et piètres dans leur prestation.
Mais ce qui est rongeant dans tout cela, c’est que cette façon moribonde, nonchalante et lente de gérer les affaires de l’Etat est exactement aux antipodes de la vitesse qui caractérise notre temps, le XXI ème siècle.
Avec la propagation exponentielle de la science et de la technologie, tout va vite et bien. Jamais le monde n’avait atteint auparavant ce niveau de vitesse et de précision dans son fonctionnement et dans son évolution.
Comment dans un tel contexte, des gens trouvent encore le réflexe de ramer à contre-courant d’un tel mouvement d’ensemble ?
C’est curieux et atypique tout comme le sont aussi certains faits et gestes dont ce régime fait montre depuis plusieurs années déjà.
Tout compte fait, aucun pays ne peut réellement évoluer avec un style vermoulu de gouvernance comme c’est le cas au Togo.
C’est en fait le bon sens qui l’impose et qui dicte de comprendre qu’au moment où la science et la technologie ont favorisé l’accès express au savoir, la médiocrité ne fasse plus partie du quotidien des hommes.
Même si Ahoomey-Zunu doit prendre les mêmes têtes pour recommencer, comme c’est habituellement le cas, il doit au moins pouvoir le faire vite et en temps réel.