Et si on décompressait en partant un peu à la quête du bonheur. Tenez, le monde est heureux en ce moment. La coupe du monde lui offre son bonheur préféré fait de buts. Le monde est heureux, sauf ceux qui perdent sur les stades, et aussi ceux qui n'ont pas la possibilité de vivre l'événement sur un écran de télévision? et ils sont nombreux à être exclus de la fête du Mondial. Mais si ceux qui expérimentent ainsi le malheur particulier de la coupe du monde pouvait comme le cancre de Prévert, avec des craies de toutes les couleurs, dessiner sur le tableau noir du malheur le vrai visage du bonheur, ne serions nous pas tous édifiés sur le vrai bonheur? Car ils seraient heureux aussi, et nous avec eux.
Quel est-il ce vrai visage du bonheur?Considérons l'hypothèse de Jules RENARD; "le bonheur, c'est de chercher." Que cherche les peuples heureux du Mondial? Ils cherchent à oublier les difficultés du monde, le stress des journées de travail, la grisaille d'un environnement pollué, à découvrir et saluer le génie des grands buteurs. Et ils sont heureux.
Cherchez et vous serez heureux, même si on ne trouve pas ce que l'on cherche. Le bonheur est dans l'effort, dans la concentration que l'on met à chercher. On peut déjà imaginer l'Espagne heureuse après sa défaite contre les Pays Bas parce qu'elle cherche déjà les voies et les moyens de prendre sa revanche. Vous voyez tout ce que cela implique: du temps, du travail, de la chance aussi.
Chercher l'essentiel
La tragédie du monde, c'est qu'elle cherche ce qui n'est pas essentiel pour lui. Comment construire la paix? Comment restaurer et sauvegarder l'environnement, comment amener les peuples du monde à prendre conscience des défis que ces deux recherches impliquent? Quel bonheur serait celui de notre monde, s'il se mettait à chercher l'essentiel? Il n'aurait pas besoin de le trouver, il lui suffirait de le chercher, de le chercher toujours, peut-être jusqu'au jour fatidique de la fin du monde, s'il doit en avoir une. Le problème, c'est que l'essentiel change de visage. Quand on a faim, l'essentiel est de trouver à manger. Aussi devrait-on chercher l'essentiel sans jamais oublier de travailler, de garantir son pain quotidien.
Quelqu'un objecte que tout l'essentiel a été trouvé déjà par les grandes religions et les grands courants philosophiques? L'amour, la Paix, Dieu. Dans ce cas, il faut chercher comment faire pour qu'il soit au cœur des actions de chaque citoyen du monde. Et s'ouvre alors la page des tragédies du monde. BOKO HARAM a sa manière de voir la chose, les Chrétiens leur manière de voir la chose, les riches leur manière de voir la chose, les pauvres leur manière de voir la chose,
Et si le vrai bonheur, c'était de ne pas chercher le bonheur, de vivre chaque instant de sa vie, en se disant que la mort peut frapper à tout moment tout en cherchant à l'éviter, de vivre chaque instant de sa richesse en se disant qu'on peut être ruiné du jour au lendemain tout en cherchant à éviter une telle situation, de vivre chaque instant de ce qu'on croit être le bonheur en se disant que le malheur est au coin de la rue et en cherchant à l'éviter; de vivre chaque jour comme si la fin du monde était imminente tout en cherchant à l'éviter.
Mais pour cela il faut être philosophe. Malheureusement, les sociétés croient à leurs savants. Leurs philosophes, ils les oublient comme ils oublient beaucoup de choses en ce moment ci avec la coupe du monde.