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Les silences de S.E.M Adewui et de son clan
Publié le mardi 24 juin 2014  |  icilome


© Autre presse par DR
Essohanam Adewui, l’ambassadeur du Togo au Gabon retrouvé mort dans sa voiture immergée au débarcadère de Michel Marine à Libreville


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J’avais presque oublié l’affaire de ce monsieur, du moins pour le moment. Comme plusieurs Togolais ayant plus ou moins refusé de croire la version ayant circulé sur sa mort, j’attendais les résultats des enquêtes promises par les autorités togolaises. Il a fallu qu’hier un compatriote me le rappelle, dans une question sur Facebook : « Finalement en sait-on plus sur les circonstances de la mort de l’ambassadeur du Togo au Gabon ? »

Ah, Monsieur Essohanam Adewui, ambassadeur du Togo au Gabon, retrouvé mort dans sa voiture sur une plage du Gabon le 10 mai 2014. Cette affaire donc.
J’avais personnellement trouvé disproportionnée, exagérée, la réaction de la majorité des internautes togolais s’étant fiés à des sites web gabonais, qui, sans avoir au préalable effectué des enquêtes sérieuses sur la situation, avaient publié la version selon laquelle l’ambassadeur, dans un état d’ébriété, ayant passé toute sa nuit dans une boîte de nuit, avait conduit sa voiture dans l’océan. Le Gabon, qu’on se le dise, on le sait bien, est un pays entaché par des crimes de tous genres, rituels, crapuleux, passionnels…

D’ailleurs, juste quelques jours après la mort de notre compatriote, un autre fonctionnaire de l’ambassade d’Angola au Gabon a été retrouvé mort à Libreville, près de sa voiture, dans des circonstances inexplicables. Ce pays craint, et la scène de la mort de notre ambassadeur qui, en apparence, paraissait si claire, pourrait bien cacher un crime.

J’avais aussi, et surtout, trouvé malsaine, de mauvaise foi, l’attitude du gouvernement togolais qui a tout fait pour ne pas reconnaître que l’ambassadeur a trouvé la mort dans sa voiture noyée aux côtés d’une jeune fille gabonaise, les photos des deux corps circulant partout sur Internet. Le site web censé être celui officiel de la République togolaise, et qui n’est en fait que l’objet de propagande du régime togolais sur Internet, www.republicoftogo.com, s’est juste contenté d’affirmer : « Essohanam Adewui, l’ambassadeur du Togo au Gabon, est mort noyé samedi à Libreville. Son véhicule a apparemment chuté accidentellement dans l’océan…

En attendant les résultats de l’enquête, le ministère des Affaires étrangères et de la Coopération, au nom du Chef de l’Etat et du gouvernement, présente ses sincères condoléances à la famille éplorée et la rassure que toutes les dispositions seront prises pour connaître les circonstances exactes de la mort du diplomate et pour rapatrier la dépouille mortelle à Lomé.»


Aujourd’hui, plus d’un mois après cet accident, les autorités togolaises sont restées terrées dans un lourd silence, ne donnant même pas un seul mot sur l’évolution des enquêtes – s’il y a vraiment des enquêtes en cours. Cependant, on n’a point besoin de rappeler à nos autorités que si aucune enquête sérieuse n’est réalisée sur cette mort, avec des résultats rendus publics et pour les Togolais, et pour les Gabonais, et pour le reste du monde, il n’y aura que deux conclusions possibles : Soit l’Etat togolais est un Etat incapable d’élucider la mort de ses citoyens décédés à l’étranger – un Etat incapable tout court, soit la version avancée par les médias gabonais est la bonne, notre ambassadeur a perdu la vie dans de honteuses conditions indignes de son rang.

La deuxième conclusion paraît de plus en plus plausible à l’allure où va cette affaire, parce que, même s’il est vrai que le Togo ne se manifeste jamais quand un de ses fils quelconque meurt à l’étranger – on peut trouver de très récents exemples dans beaucoup de pays africains et occidentaux où des Togolais décédés ont été enterrés comme des chiens, sans que l’Etat et ses représentations ne lèvent le petit doigt - s’il est, donc, vrai que le Togo ne fournit aucun effort pour s’impliquer dans la mort des Togolais décédés dans des pays étrangers, on imagine mal, alors très mal, ces mêmes autorités laisser un de leurs alliés, un fervent valet de la cour de Lomé 2, se faire salir gratuitement à sa mort par l’opinion nationale et internationale, à moins qu’on ne soit dans une logique où le pouvoir masochiste cherche à punir un de ses propres collaborateurs.

Une chose est sûre, le seul moyen aujourd’hui pour les autorités togolaises de réhabiliter l’image de leur feu collaborateur qui, selon elles, a été injustement sali à sa mort, le seul moyen pour le régime togolais de ne plus ajouter une tache noire à son image déjà trop noircie par ses déboires et l’indécence de ses acolytes, est de faire de sérieuses enquêtes sur cette mort, situer les rôles et mettre tous les protagonistes devant leurs responsabilités… Elles y ont intérêt, les autorités togolaises, au lieu de se muer dans ce silence honteux, révélateur.

C’est l’image du Togo et surtout des Togolais qui se joue dans cette affaire. Parce qu’un sexagénaire nommé ambassadeur de son pays – ce qui signifie, normalement, qu’il a été jugé apte par ses aptitudes physiques, intellectuelles et morales pour représenter son pays, un sexagénaire ambassadeur donc, qui, profitant d’un voyage de sa femme, s’en va en boîte nuit, se bourre la gueule toute la nuit, prend le volant, saoul, irresponsable, suspend la vie d’une jeune fille avec laquelle il se fait tuer en conduisant droit dans la mer, un diplomate qui meurt ainsi, eh bien, ce n’est pas seulement sa propre honte, ni celle de sa famille, ni même celle des autorités qui l’ont mandaté, c’est la honte de tous les citoyens du pays qu’il est censé représenter. L’adage éwé le dit si bien : « c’est seul un peuple de souillons qui choisit le cochon comme roi. »


David Yao Kpelly

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