L’annonce du dépôt du projet de lois sur les réformes institutionnelles et constitutionnelles sur la table des parlementaires ne semble pas réjouir les ultras de l’opposition togolaise, qui pourtant, les revendiquaient à cor et cri. L’attitude de l’ANC et son ”bras armé” le CST dépasse désormais tout entendement humain. Comment peut-on vouloir une chose et son contraire à la fois ? Cette attitude ”d’enfant gâté” exaspère sérieusement les togolais.
”Pour une fois que le pouvoir va faire quelque chose de bien, on en est encore là à tergiverser au lieu de s’en féliciter”. Ainsi s’exprimait un sympathisants du CST à l’issue de la dernière sortie du Collectif Sauvons le Togo (CST) en rapport avec le projet de réforme que le gouvernement a déposé sur la table des députés.
A écouter Zeus Ajavon, le coordonnateur du CST, l’action du gouvernement est considérée comme un coup de force parce que c’est une modification unilatérale de la loi fondamentale. Un coup de force, rien que ça ! Si le ridicule pouvait tuer. Décidément, le CST et l’ANC ne s’opposent que pour s’opposer. Comme l’exprimait le sympathisant, Zeus Ajavon et Jean-Pierre Fabre devraient plutôt applaudir et saisir cette offre inespérée du pouvoir. Depuis tout le temps qu’ils demandaient ces réformes, depuis 2006 où ils attendaient que le gouvernement bouge le petit doigt, ils devraient en principe saisir l’occasion de féliciter le gouvernement et l’encourager à en faire davantage. Mais non. D’ailleurs on les comprend. En procédant ainsi, ils se feront hara-kiri car pour eux, rien de ce qui vient du gouvernement n’est bon pour eux.
” Le CST constate que lors du dernier conseil des ministres, le pouvoir dit envoyer un projet de loi à l’Assemblée qui tiendra compte des propositions des uns et des autres en vue d’opérer les réformes politiques avant les échéances électorales. (…) Le CST met en garde le régime contre ce énième coup de force en préparation qui consiste à toiletter de nouveau la constitution togolaise, en violation de la lettre et de l’esprit de l’accord politique global.
Le CST tient à interpeller la communauté internationale sur une éventuelle modification unilatérale de la loi fondamentale en violation des textes en vigueur et les conséquences qu’un tel coup de force pourrait avoir sur la situation déjà délétère qui prévaut dans le pays” lit-on dans un communiqué du CST. La rengaine habituelle. Mais là, ils se tirent une balle dans les pattes car d’autres personnes issues de leur camp pensent autrement.
Un tiens, vaut mieux que deux tu l’auras
Certains ont compris qu’il vaut mieux tenir fermement ce qu’on a dans la main avant de faire une demande. C’est ainsi que certaines formations de l’opposition n’ont pas caché leur satisfaction au moins sur le point de la limitation de mandat. C’est ainsi que le Président d’honneur du Comité d’Action pour le renouveau CAR s’est réjoui d’une envie de retourner à cette disposition de la Constitution de 1992, votée par référendum par le peuple togolais. Même son de cloche à OBUTS.
Dans un communiqué, Agbéyomé Kodjo a affiché sa satisfaction quant à la réintroduction de la formulation originelle de l’article 59 de loi fondamentale sur la limitation du mandat présidentiel à deux termes de 5 ans.”Selon le parti OBUTS, le nombre des dispositions constitutionnelles visé par la réforme (articles 52, 59, 62, 79, 100 et 101 de la constitution du 14 octobre 1992 révisée le 31 décembre 2002) “modifie substantiellement certains équilibres en termes de réinvention du modèle démocratique togolais.
Le Bureau du parti d’Agbéyomé Kodjo salue la volonté ainsi amorcée de décrispation de la vie politique nationale et encourage le Chef de l’État et le Gouvernement à poursuivre davantage leurs efforts en vue de la démocratisation de l’ensemble des institutions du pays, notamment celles impliquées dans le processus électoral.
A la CDPA, on prend d’abord ce qui est à notre portée et à partir de cet acquis-là, on continue à se battre pour obtenir totalement ce qu’il faut, a dit Mme Brigitte Adjamagbo-Johnson, secrétaire générale du Parti. Une position pragmatique selon elle. ”Il est temps que l’opposition soit pragmatique puisque la question de la limitation des mandats, parce que le pouvoir subit énormément de pression, il n’a pas pu s’empêcher de la mettre dans le projet de loi. C’est un acquis fondamental. Le prendre ne veut pas dire qu’on abdique, qu’on renonce au combat pour que les réformes se poursuivent et notre position, c’est celle-là.
On prend la limitation de mandat et on se bat pour que le mode de scrutin à deux tours puisse être acquis, pour que les institutions telles que la CENI, la Cour Constitutionnelle soient recomposées de manière équitable, de manière à leur permettre de fonctionner véritablement comme des institutions républicaines” a jouté Mme Kafui Adjamagbo-Johnson.
Comme on peut le constater, les jours et les semaines à venir risquent de faire jaser les protagonistes de l’opposition togolaise. Il est à peu près sûr que le CST et l’ANC vont encore se saisir de ce qui apparait aux yeux de beaucoup de togolais comme une avancée majeure pour se distinguer négativement.
D’ailleurs, leur manifestation prévue cette fin de semaine est une illustration de ce qu’ils ne veulent pas le bien de ce pays. Sinon, ils ne peuvent pas trouver à redire sur cette proposition de limitation de mandat.
Ali SAMBA