Lomé pourrait abriter, un sommet des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union africaine sur la sécurité maritime vers la fin de cette année. La proposition a été faite ce mardi à Malabo (Guinée Equatoriale) par le ministre togolais des affaires étrangères Robert Dussey lors de la 25è session du Conseil des ministres de l’Union africaine (UA) et adoptée aussitôt par les participants à la réunion.
Le Conseil s’est réunie en prélude au sommet de l’UA prévu jeudi dans la capitale guinéenne.
La tenue d’un sommet sur la sécurité maritime se situe dans la droite ligne des recommandations du plan d’opérationnalisation de la Stratégie AIM 2050 qui a suggéré la convocation d’une conférence africaine sur le sujet.
Et comme thème, le Togo retient : "Conférence Africaine sur la Sécurité maritime et le Développement".
Devant le Conseil des ministres de l’UA ce mardi, le chef de la diplomatie togolaise a présenté, la position du Togo sur la piraterie maritime, une problématique qui tient à cœur au gouvernement togolais et plus particulièrement au président Faure Gnassingbé.
Le continent africain a près de 30.725 km de côtes et est entouré de 18,72% des eaux du monde alors que l’Europe qui domine le transport maritime ne dispose que de 5,3% de ces eaux. L’Afrique a 90 ports principaux et le transport maritime représente 92% du fret à destination et en provenance du continent.
"Alors que le continent africain, riche de ses matières premières et de son dynamisme peut se prévaloir aujourd’hui d’une croissance économique remarquable, la piraterie en mer et le brigandage, deux versions d’un même fléau, continuent à faire peser sur le principal moteur des flux économiques panafricains une menace tout particulièrement inquiétante. Cette inquiétude pèse sur tous les pays qu’ils soient côtiers ou non", a souligné M.Dussey.
Selon lui, aucun pays n’est à l’abri de ce danger, "et il est réconfortant de noter que tous les Etats, toutes les organisations régionales et la communauté internationale tout entière sont au chevet de l’économie maritime africaine".
"Cependant, l’impact de toute cette mobilisation reste encore mineur et c’est pour cette raison que le Togo estime qu’il faut tenir l’effort dans la durée et conserver la lutte contre la piraterie maritime ainsi que toutes les autres formes graves d’actes criminels commis en mer en haut des agendas de nos rencontres », a-t-il poursuivi.
Pour M.Dussey, son pays propose une "coordination plus efficace de toutes les initiatives prises jusqu’alors".
Le Togo "pense qu’il faut agir à plusieurs niveaux : traiter les questions de fond qui conduisent certaines populations à se tourner vers la criminalité ; malmener, par un arsenal juridique répressif, l’économie parallèle liée à la piraterie et aux autres actes criminels commis en mer, par une collaboration effective et permanente des services, des forces, des administrations, des organisations spécialisées tant des Etats que des Communautés régionales et supranationales", a précisé le chef de la diplomatie togolaise.
"Il nous faut donc aller au-delà de la piraterie maritime pour nous attaquer à l’ensemble de l’insécurité maritime, à la dimension maritime de toutes les grandes problématiques qui se posent à l’Afrique et qui incluent la pêche illicite, un autre monstre marin aux conséquences économiques et sociales très préoccupantes, le trafic des armes et des stupéfiants, la traite des êtres humains, le déversement des déchets toxiques et pétroliers et la protection de l’environnement", a martelé le ministre togolais.
L’organisation d’une conférence sur la sécurité maritime serait "la démonstration que l’Afrique est résolument engagée à faire en sorte que ses mers et ses océans soient protégés, sécurisés afin que ses populations profitent pleinement de l’énorme potentialité économique dont ils regorgent", a affirmé M.Dussey.
La piraterie maritime a pris de l’ampleur ces dernières années, surtout dans le Golfe de Guinée.
Selon les récentes statistiques du Bureau International Maritime (IBM), les attaques attribuées à des pirates à travers le monde sont passées de 439 à 297 en 2011. La chute est particulièrement spectaculaire sur les côtes somaliennes. En 2012, elles sont passées de 160 à 49 sur des navires croisant en mer.
En revanche, le phénomène prend de l’ampleur en Afrique de l’Ouest. Plus de 40 attaques ont eu lieu en Afrique de l’Ouest lors des neuf premiers mois de 2013 et 7 bateaux y ont été pris en otage sur un total de 10 dans le monde, affichent les chiffres de l’IBM.
Le Togo qui s’est résolument engagé à venir à bout de ces pirates, s’est doté de moyens importants pour assurer la sécurité de ses côtes. Le Togo dispose d’un centre de surveillance maritime créé en 2007. Ce centre surveille les eaux territoriales du Togo ainsi qu’une partie de la Zone Economique Exclusive (ZEE).
Deux patrouilleurs ont été commandés par le gouvernement togolais sur les fonds propres de l’Etat. L’un de ses patrouilleurs a été réceptionné en avril dernier par le chef de l’Etat au Port de Lomé.