Un des sujets de réflexion qu'impose l'actualité togolaise concerne les Etats Généraux de la Presse Togolaise, qui se tiendront du 30 juin au 2 juillet à Kpalimé. Et pour cause.
Après qu'aient été annoncés et annulés les Etats Généraux de l'Education Nationale, après qu'aient été annoncés et annulés les Etats Généraux de la Santé, après que les Etats Généraux de la Société Civile aient été annoncés et reportés ou annulés, voici que la presse pour conforter son image de quatrième pouvoir au Togo va tenir ses Etats Généraux. Mais le problème, c'est qu'on n'a jamais entendu parler d'Etats Généraux de l'Exécutif, qu'on n'a jamais entendu parler d'Etats Généraux du Législatif, qu'on n"a jamais entendu parler d'Etats Généraux du Judiciaire. Pourquoi ceux du quatrième pouvoir au Togo?
Abandonnons l'hypothèse que la Presse togolaise tient ses Etats Généraux parce qu'elle veut montrer qu'elle est un pouvoir. Dans ce cas pourquoi cet événement n'a-il pas été reporté comme celui des autres? Pourquoi a-t-on renversé l'ordre des priorités? Qu'est ce qui urge dans la vie de la Presse togolaise pour qu'on soit obligé de tenir ses Etats Généraux avant ceux de l'Education Nationale ou de la Santé, que les différents acteurs de ces secteurs ainsi que tous les citoyens attendent? D'ailleurs, le Premier Ministre n'a-t-il pas fait état ces derniers jours des problèmes qui minent la santé au Togo? Alors la situation de la Presse togolaise serait-elle encore plus dramatique que celle de l'Education Nationale et celle de la Santé?
La Presse est toujours peu lucide et exigeante sur elle-même comme elle l'est sur les autres. Et c'est l'une de ses faiblesses. La Presse aurait dû accompagner l'Education Nationale et la Santé pour qu'elles aient leurs Etats Généraux avant de chercher à se préoccuper de sa situation propre. Deux exemples montrent en quoi une telle démarche eut été plus appropriée.
S'oublier pour les autres
La formation des journalistes pour un plus grand professionnalisme sera évoquée à ces Etats Généraux. C'est un thème récurrent. Les Ecoles de formation qui y seront représentées ne manqueront pas de dire qu'ils reçoivent des étudiants, dont le niveau en français, la langue de travail des journalistes togolais est bas. Mais ce problème relève des Etats Généraux de l'Education Nationale, secteur chargé de la formation des enfants pour l'acquisition de connaissances de base solides en français leur permettant de poursuivre leurs études avec plus de facilité.
La mise en place des infrastructures de santé adéquates de santé dans les différentes régions du pays pour que tout citoyen où qu'il soit, puisse bénéficier des soins dont il a besoin en cas d'urgence est une préoccupation pour tous les Togolais. Sur ce point, l'évacuation du Premier Ministre récemment pour des soins à l'étranger interpelle chaque citoyen qui se demande ce qu'il en serait s'il était dans le cas du Premier Ministre? Des Etats Généraux de la Santé sont dans une telle perspective importants pour rassurer les uns et les autres par des recommandations sur une politique de Santé publique, où chacun peut trouver son compte.
Pourquoi les Etats Généraux de la Presse maintenant? Elle va gémir sur ses problèmes à Kpalimé au lieu d'être le consolateur de ceux qui ne manqueront pas d'être déçus dans le bras de fer engagé à propos des réformes institutionnelles et constitutionnelles. Si le pouvoir donne tout ce que l'opposition veut, il y aura dans son camp des déçus, que les concessions faites ne réjouiront pas. Si le pouvoir ne donne pas tout, il y aura des déçus dans l'opposition. Est-ce le moment pour la presse de décevoir en faisant étalage de ses faiblesses au moment où on veut compter sur ses forces?
Les Etats Généraux dans ces conditions seront un exercice périlleux où les professionnels du secteur de la Presse devraient s'oublier beaucoup pour faire preuve d'un sens de dignité élevé et se positionner comme les éclaireurs de pointe d'une société, qui veut se renouveler sans trop savoir comment et à quel prix.
Dy GILID
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