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Kpalikpatcho III, chef traditionnel et président de ligue au Togo
Publié le mardi 1 juillet 2014  |  Jol Social




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A l'occasion de la Coupe du monde 2014 au Brésil, JOL Press vous propose une série « Histoires de football », un tour du monde en portraits et récits courts mettant en exergue le rôle social et sociétale du sport le plus populaire au monde... Dans le cadre d'un partenariat avec Metronews, vous pouvez retrouver ces Histoires de football » dans la version papier du quotidien gratuit Métro.


La Ligue de Lomé-Golfe au Togo rassemble plus de 120 clubs de football. Depuis fin 2006, elle est dirigé par un passionné du ballon rond au parcours bien singulier. Togbe Azanleko Assou Kpalikpatcho III est un chef traditionnel, déclarant en douanes de formation, défenseur auto-proclamé des us et coutumes africaines, jusque dans le domaine sportif.

Observateur averti du football international, Togbe Kpalikpatcho III est, depuis près d’une décennie, un acteur majeur du football togolais. Ce quinquagénaire au teint noir, à la voix rauque, et au bel embonpoint, partage son emploi du temps entre son métier de déclarant en douanes, qu’il exerce à Lomé, ses fonctions «bénévoles» à la tête de la plus importante des 10 ligues régionales togolaises et ses attributions de chef traditionnel… Depuis novembre 2005, Kpalikpatcho III est la première autorité morale et traditionnelle du village de Keta-Assoukope dans le Sud-Togo, à 50 km de Lomé.

Chef respecté, ambitieux et pragmatique responsable responsable sportif, Togbe Kpalikpatcho III n’hésite pas à mélanger les genres. Devant les crises récurrentes auxquelles fait face la Ftf depuis la participation du Togo au Mondial 2006, l'autorité de Keta-Assoukope convoque morale et tradition, et en appelle «au sens du leadership des uns et des autres».

Tradition et modernité selon Kpalikpatcho III

Ce cri d'alarme adressé aux dirigeants du football togolais est devenu, pour lui, comme un rituel. Déjà, en décembre 2011, cet ex gardien de but, toujours vêtu en tenues traditionnelles africaines, avait, seul, appelé à «la nécessité de recourir au spirituel pour arrêter la série de morts violentes cycliques qui frappaient la grande famille du foot au Togo». Pour lui, aucun doute, ces disparitions ou encore l’attaque meurtrière du bus des Eperviers, en janvier 2010, alors qu'ils s'apprêtaient à disputer la CAN, à Cabinda en Angola, ne pouvait être que le fruit d’une malédiction.

«Dans les traditions africaines, le sang appelle le sang! Le monde sportif n'est pas épargné par cette donne implacable», soutient Kpalikpatcho III . «A la suite de ce cri d'alerte de décembre 2011, le Président du Togo, par le biais du Comité national olympique, a mis en place un Comité ad hoc composé de deux ministres de l'époque. Les cérémonies rituelles traditionnelles idoines en la matière seront exécutées par la suite, en présence du Chef supérieur de la ville de Lomé, Togbui Adjalle», et le patron de la ligue de football Lomé-Golfe s’en félicite.

Conjurer le mauvais sort

Avoir conjuré spirituellement ces drames sportifs ne signifie pas pour autant qu'il ne faut pas réorganiser le football national, de fond en comble : «Remporter de grandes victoires dans le foot moderne commande surtout, et avant tout, une communion d'esprits, de croyances, de foi en un destin unique à réaliser. Une donne qui échappe pour l'heure aux équipes africaines. Sans prise de conscience, elles ne seront jamais en mesure de remporter un Mondial». Le chef traditionnel revendique un certain cartésianisme aux relents blasphématoires : «Marabouts et charlatans ne font pas gagner un match en Afrique. Consulter les oracles avant une importante compétition attire certes leur bénédiction mais il faut précéder cette consultation d'un travail de fond. Et gommer nécessairement à temps les multiples et habituelles divergences inutiles d'avant-compétitions majeures qui naissent dans les Fédérations africaines. »

Evoquer la place des us et coutumes dans la pratique d'un sport aussi populaire que le football, c'est remettre indirectement sur le tapis un sujet qui y suscite de vives polémiques: la conciliation ou juxtaposition des religions importées - christianisme et islam - avec les religions traditionnelles dans l’Afrique contemporaine. Et la réponse de Togbe Kpalikpatcho III est sans équivoque : «Il faut concilier ces deux types de religions; autant que possible». Et, en tant que chef traditionnel, il insiste sur le fait que «le culte vaudou ou des fétiches en général, tel que pratiqué en Afrique, n'est pas une pratique satanique a priori. C'est l'interprétation maladroite et l'exécution inconsciente des préceptes de ce vaudou, de ces fétiches qui entraînent vers le mal. Il faut pour ce faire produire l'effort d'un bon usage de ces forces spirituelles dont nous, Africains, nous disposons».

Son « bon usage des forces traditionnelles » l’amène à privilégier sa mission de « passeur de témoin », qui se traduit par la volonté de privilégier l’éducation de la jeunesse. Ainsi, si son bilan à la tête de sa ligue de Lomé-Golfe est salué au plus haut niveau, c’est notamment pour l'organisation régulière de compétitions de jeunes, aussi bien masculines que féminines. Et au cours des quatre prochaines années, jusqu’au terme de son mandat, il compte bien persévérer.

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