Adopté par le gouvernement le 16 juin 2014, le projet de loi portant révision constitutionnelle a été transmis à l’assemblée nationale, avec un additif sur le mode de scrutin à deux tours, magnanimement accordé par l’exécutif la semaine dernière, prétendument pour donner une suite favorable à l’une des revendications phares de l’opposition. A la suite d’un débat parlementaire aux allures de dialogue de sourds, le projet de loi vient d’être plié et (re) jeté dans les poubelles de la longue histoire des crises politiques, dialogues et accords politiques à la togolaise… le tout, en une semaine chrono.
Le texte a été rejeté à l’unanimité des 62 députés UNIR/RPT auquel s’est ajouté 1 voix de l’allier UFC sur les 3 sièges que compte ce parti. Et les députés UNIR/RPT, de la majorité présidentielle faut-il le rappeler, d’exiger quasiment les applaudissements des Togolais pour cet acte de bravoure qu’ils viennent de commettre, en rejetant, pour la première fois de l’histoire parlementaire du Togo de l’ère Gnassingbé, un projet de loi transmis par le gouvernement qu’ils sont censés soutenir. En somme, la majorité écrasante UNIR/RPT à l’assemblée nationale veut convaincre ses pairs qu’elle n’est pas la chambre d’enregistrement qui n’hésite pas à lever l’immunité parlementaire des parlementaires de l’opposition voire à les « virer » purement et simplement, pour plaire au prince.
Mais comme à l’accoutumée, les manipulations UNIR/RPT sont grossières, et cousues de corde blanche. Elles trompent plus grand monde, en tout cas pas les togolais. Car cela fait longtemps que ces derniers ont compris que Gilchrist Olympio et Faure Gnassingbé, les deux fils héritiers qui prétendent se partager le pouvoir d’Etat au Togo, se comportent comme s’ils étaient dans une cour de récréation avec entre les mains, six millions de jouets pour s’amuser.
La fameuse communauté internationale sera-t-elle dupe ? Elle qui est en fait la principale cible de cette mascarade, une de plus. Cette dernière a commencé au lendemain des élections législatives lorsque Faure Gnassingbé a commencé à répéter avec insistance que les reformes soldant l’accord Politique global de 2006 devaient se dérouler à l’Assemblée nationale. Elle non plus ne devrait pas être dupe. Car tous ses représentants au Togo savent que lorsqu’un gouvernement est à ce point désavoué par la majorité écrasante dont il se prévaut à l’assemblée nationale, lorsque qu’un président de la République est à ce point « baffé » par l’Assemblée nationale à laquelle a été délégué la responsabilité de finaliser des réformes qui sont d’une importance capitale pour le processus de démocratisation de Togo seules deux options s’imposent :
- Soit le gouvernement ainsi désavoué par sa majorité démissionne,
- Soit le président de la République prend la responsabilité de dissoudre l’assemblée rebelle pour provoquer d’autres élections susceptibles de lui donner une majorité en phase avec la feuille de route qu’il s’est donné.
Et si l’article 68 de la constitution en vigueur interdit à Faure Gnassingbé de dissoudre l’Assemblée au cours de la première année suivant l’ élection de celle-ci, il n’ y a plus long à attendre pour savoir si Faure Gnassingbé à l’intention de continuer à se moquer des togolais … et de la terre entière.