« Comment peut-on s’en prendre de manière aussi perverse à un député dans l’exercice de sa fonction qui consiste entre autres à : ‘‘légiférer pour
faire assurer un meilleur fonctionnement des institutions et une
meilleure action de l’exécutif’’, ‘‘contrôler l’action de l’exécutif
national et des exécutifs locaux pour assurer la bonne gouvernance’’,
‘‘informer les populations de leurs droits et devoirs pour assurer un
mieux vivre ensemble et assurer le contrôle citoyen de l’action
publique’’ ? » Telle est l’interrogation soulevée ce mercredi au cours
d’une manifestation des députés de l’opposition parlementaire, en
solidarité avec leur collègue N’wankin Sambiri Targone, en conflit
judiciaire depuis le mois de juin dernier avec le préfet de Dankpen (son
fief électoral), Dadja Manganawè.
Par une déclaration lue au terme de leur sit-in de ce matin devant le
Palais des Congrès de Lomé, siège du Parlement, et dont copie a été
déposée au Secrétariat de l’Assemblée nationale à l’adresse du Président
de cette institution, ces députés en écharpe, dénoncent des pratiques
malsaines qui ont conduit dans un premier temps à la levée précipitée de
l’immunité parlementaire de leur collègue du PDP (Parti Démocratique
Panafricain) de Bassabi Kagbara, son arrestation, puis sa libération
cinq jours plus tard. Remontés contre ces pratiques, et réagissant en un
front commun, tous les députés de l’opposition disent « halte aux
persécutions des adversaires politiques ».
Mieux, ils demandent l’annulation pure et simple « de toutes les
poursuites contre le Député Targone » du PDP et de la Coalition
Arc-En-Ciel. Par la même occasion, ils réclament au pouvoir en place une
cessation définitive d’utilisation de sa « majorité mécanique et la
Justice pour persécuter des adversaires politiques, pour ne pas
compromettre définitivement le climat déjà très délétère dans le pays ».
La déclaration informe que la solidarité manifestée par les députés
de l’opposition parlementaire à l’endroit de Sambiri Targone est fondée
sur les faits selon lesquels, cet élu du parti qui assure actuellement
la présidence tournante de la Coalition Arc-En-Ciel, « n’a rien fait
d’autres que d’apporter son soutien aux cultivateurs de Dankpen qui se
plaignent de la dévastation de leurs cultures par des troupeaux conduits
par des bouviers peuhls », de se lever « contre des taxes excessives et
illégales perçues par les responsables locaux sur certains marchés » et
enfin, « contre les perceptions par des douaniers locaux de taxes sur
les motos à l’intérieur de la ville sans délivrer en contrepartie de
reçus ».
Avant la lecture de la déclaration les députés rassemblés près de la
Mairie centrale de Lomé ont exécuté une marche scolaire qui a échoué
devant le Palais des Congrès lieu du sit-in.
Pour rappel, le député du PDP dépourvu de son immunité parlementaire
sans enquête préalable de cette institution de la République, interpellé
le 08 juin dernier puis libéré cinq jours plus tard suite à la pression
de toute l’opposition, est finalement placé sous contrôle judiciaire.
Et contrairement aux neuf accusations qui pesaient sur lui à son
arrestation suite à une plainte qu’aurait déposée le préfet de Dankpen,
Sambiri Targone devrait faire face depuis sa libération à trois charges.
Il s’agit de l’« association de malfaiteurs », de la « complicité de
vol qualifié » et de la « complicité de destruction volontaire ».