Les soubresauts des revendications sur les réformes institutionnelles et constitutionnelles se sont calmés depuis le rejet par les députés du projet de loi introduit par le gouvernement à cet effet. Quelle va être maintenant la réplique de l'opposition togolaise ou plutôt de ceux qui veulent l'alternance au Togo? Telle est la question depuis que le Chef de l'Etat a fait comprendre que sa préoccupation de l'heure, c'est la refondation de l'armée et des forces de sécurité. La situation au Nigéria et les menaces qui planent sur la sous-région lui donnent raison.
Mais en partie seulement, car une vraie sécurité implique l'adhésion de tout le peuple, dont on sollicite la vigilance et qui comprend pourquoi ses aspirations légitimes peuvent être mises entre parenthèses au nom de la priorité sécuritaire.
Pour un peuple qui en 2005 a vécu le drame qu'on sait, les violences orchestrées par Boko Haram au Nigéria ne sont rien d'autre que des violences qui se justifient par l'absence de démocratie réelle.
Et c'est tout juste si certains n'en viennent pas à conclure que les lycéennes nigérianes enlevées ou les victimes des attentats y sont le reflet du manque de démocratie, du refus de partager de manière équitable le pouvoir et les ressources du pays. Cette situation s'apparente ainsi pour eux à celle où se trouve le Togo avec le refus de limiter les mandats présidentiels pour témoigner aux Togolais une confiance dans leur maturité, pour rendre plus transparentes les élections et plus crédibles les victoires aux élections, en faisant confirmer les premiers tours par des seconds tours en cas de majorité non absolue.
Le silence qui suit le refus des députés de renforcer la démocratie est de ce fait plus inquiétant pour l'avenir du pays que les marches de revendication. A moins qu'il ne soit comme la drogue qui va stimuler l'imagination de ceux qui veulent l'alternance en 2015 pour inventer les voies devant leur permettre de battre les détenteurs du pouvoir actuel. C'est possible, mais pour cela ils devraient être exceptionnels dans l'évaluation et la prise en charge de l'intérêt commun de l'opposition et des Togolais. Ce que l'opposition jusqu'à ce jour n'a jamais su faire. L'opposition a toujours commis cette faute, mais comme le dit Confucius, la vraie faute c'est celle qu'on ne corrige pas.
L'échec le 30 juin dernier du processus enclenché pour les réformes à l'assemblée devrait être le prélude à la victoire en 2015, qui passe par cette démarche: ne pas persister dans les erreurs du passé et essayer au moins la dynamique unitaire. Cet échec, on peut le comprendre, si l'actuelle majorité présidentielle se comporte en gentleman, comme un défi lancé à l'opposition : "je ne vous faciliterai pas la tâche pour l'alternance que vous voulez. Si vous la voulez, méritez la. organisez vous pour gagner l'élection présidentielle de 2015."
Aux Togolais désirant l'alternance de considérer leur adversaire comme un gentleman pour relever le défi. Mais pacifiquement, comme en face l'actuelle majorité présidentielles doit jouer un jeu honnête et crédible.
Dy Gilid