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Déclaration de bonnes intentions du PM Ahoomey-Zunu face aux députés : L’éternelle et habituelle liste de promesses pour abuser de la crédulité des Togolais
Publié le mardi 24 septembre 2013  |  Le Correcteur


© Autre presse par DR
Le Premier ministre Togolais, Arthème Kwesi Séléagodji Ahoomey-Zunu


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Togo - Plus qu’une lettre à la poste, le discours-programme du Premier ministre Arthème Ahoomey-Zunu a été validé par les députés du camp présidentiel. C’est l’habitude et les résultats des législatives sont souvent programmés à cette fin. Au-delà, c’est un secret de Polichinelle que les discours-programmes des Premiers ministres de Faure Gnassingbé se suivent et se ressemblent à tout point de vue sans que dans le concret les Togolais y trouvent vraiment leur compte. Une espèce de politique-fiction qui cède très vite la place et le lieu à la véritable priorité du pouvoir de Faure Gnassingbé : la conservation du pouvoir, envers et contre tout. Un marché de dupes, en somme, ces occasions de présentation de discours-programme !


Rien que des intentions

Sur des pages et des pages, durant des minutes et des minutes, M. Ahoomey-Zunu a présenté devant les députés à l’assemblée nationale le programme d’actions de son gouvernement. Passage obligé, selon la constitution, mais qui de plus en plus devient une routine du fait que la majorité mécanique rassemblée dans la représentation nationale étant instruits pour voter les yeux fermés les programmes qui leur sont présentés, vu qu’ils n’ont nullement le courage de demander des comptes, après que les promesses leur ont été faites in situ. Pour une seconde fois en effet, M. Ahoomey-Zunu s’est présenté devant les députés pour dérouler ses intentions, ses bonnes intentions pour le pays et pour les Togolais. Dans tous les secteurs et domaines, le discours de M. le Premier ministre a fait l’état des lieux de ce que le pouvoir croit avoir fait et le listing des engagements qu’il prend pour les jours, mois et années à venir.

Des chiffres, des programmes et plans d’action ont été énumérés dans chacun des domaines. Le Premier ministre a notamment fait observer que dans le secteur de l’éducation que les investissements sont passés de 82 milliards F CFA à près de 110 milliards F CFA « ce qui correspond à une augmentation de 32% sur deux exercices budgétaires. » souligne le discours du chef du gouvernement. Au sujet de la santé, il est relevé dans le discours que « durant les mois qui viennent de s’écouler, le Gouvernement s’est efforcé d’engager des actions concrètes afin qu’un plus grand nombre de citoyens puisse accéder à de meilleures conditions de vie ». Pour cause, l’augmentation des ressources réservées au secteur : « en effet, entre 2012 et 2013, le budget global de la santé est passé de 1 3,8 milliards à 20,4 milliards de francs CFA », entre autres. M. Ahoomey-Zunu a notamment mis en exergue les efforts de son gouvernement à travers les 21 mille kits de césarienne mis à disposition des centres de santé en vue de soulager les femmes enceintes.

Le chapelet d’intentions a couvert tous les domaines, on l’a déjà dit. Ainsi, au plan politique notamment, le Premier ministre a évoqué l’Accord Politique Global (APG) d’août 2006 et soutenu que le cahier de charges de cet accord est exécuté pour une grande part. Selon lui en effet « dans ce domaine, des pas importants ont été franchis. Parmi les plus récents, on peut citer, entre autres, l’adoption de la loi instituant le statut de l’opposition ainsi que la mise en œuvre effective, à l’occasion des législatives du 25 juillet 2013, des dispositions de la loi portant financement public des partis politiques et des campagnes électorales. » On lui en laisse la liberté et le droit mais à l’épreuve c’est peu de dire que la réalité tranche avec les discours.

L’arbre qui cache la forêt

Les Togolais sont habitués à présent à ces situations sous les autorités politiques rivalisent de promesses et de belles paroles, ou pour leur extorquer des votes pour ensuite disparaître sans crier gars, ou pour les endormir et leur faire croire que le Togo est devenu un paradis qu’ils ne voient pas. Les discours-programmes des Premiers ministres s’inscrivent dans la même logique. A ce sujet, ferait-on fausse route en évoquant la raison avancée par le groupe parlementaire ANC-ADDI pour refuser d’accorder sa caution au programme de M. Ahoomey-Zunu ? Selon ce groupe parlementaire « «(le) programme d’action ne comporte aucun engagement crédible pour mettre fin à l’accaparement des richesses de notre pays par une minorité aux ordres qui vit dans une opulence scandaleuse, au détriment de la grande majorité des Togolaises et des Togolais, confinée dans la misère et le dénuement, comme le chef de l’Etat lui-même l’a reconnu, dans son adresse à la nation, le 26 avril 2012 ».

En prenant au bond la balle lancée par ce groupe parlementaire, on peut signaler que contrairement aux prétentions de M. Ahoomey-Zunu au sujet de la Cour des Comptes et donc de la bonne gouvernance économique et financière, les Togolais attendent toujours les premiers directeurs de société et ministres à épingler. Nul n’ignore en effet que plusieurs cas de malversations dans la gestion du denier public ont été révélés sans que cette Cour des Comptes trouve opportun de leur demander des comptes. La gestion du PNIASA que M. Ahoomey-Zunu a relevé dans son programme a été éclaboussée par un scandale de mauvaise gestion au point où les experts des bailleurs ont été obligés de déballer en public le linge sale.

De la même manière, les Togolais ne savent rien, absolument rien, des fortes sommes d’argent qui sont décaissées du Trésor public pour financer les nombreuses missions auprès des députés, ministres et décideurs des pays européens dans le but de les rallier à la cause du pouvoir réfractaire aux changements véritables. Les Togolais se demandent également ce qu’il en est des 300 milliards F CFA donnés pour s’évaporer chaque année dans les couloirs du fisc, au moment où des centaines de villages manquent d’eau, de centres de santé, d’écoles primaires et de personnels de santé et d’enseignement. Le Premier ministre semble euphorique à l’énumération des réalisations de son gouvernement dans les secteurs de la santé et de l’enseignement mais quels sont les impacts réels de ces réalisations si tant est que les deux secteurs ont été à l’avant-garde de la fronde revendicative de janvier à juin de cette année ?

Au-delà de tout ce qu’on peut reprocher dûment au discours et aux déclarations de bonnes intentions du Premier ministre, il est important de mettre l’accent sur les questions des droits humains et des réformes institutionnelles et constitutionnelles. M. Ahoomey-Zunu se félicite de ce que les réformes prévues par l’APG sont mises en œuvre pour une bonne part mais il a oublié sans doute que l’opposition a contesté les conditions d’organisation des dernières législatives jusqu’a la veille de leur tenue pour la raison bien connue des réformes à faire et que le pouvoir refuse de faire. M. le Premier ministre a-t-il déjà oublié qu’au cours d’un dialogue à la Primature, il a été désavoué par ses propres ministres qui s’opposaient aux discussions sur les sujets liés aux réformes institutionnelles et constitutionnelles leur préférant les sujets se rapportant aux élections forcées ? Mieux, les différentes déclarations des partis d’oppositions regroupés au sein du Collectif Sauvons le Togo (CST) et de la coalition Arc-en-ciel ne manquent jamais de réclamer la mise en œuvre des réformes prescrites par l’APG. N’est-ce pas le signe que, à la différence du Premier ministre, l’opposition considère que le dossier des réformes reste entier ? Heureusement que le Premier ministre relativise son euphorie en promettant que « le Gouvernement aura donc à cœur de prendre les mesures idoines pour poursuivre et parachever les réformes engagées afin de doter notre pays de tous les outils et d’un cadre adéquat pour le fonctionnement optimal de la démocratie et de l’Etat de droit ». Les Togolais attendront du concret dans ce sens. « Vivement donc que les actes concrets remplacent les proclamations et les déclarations de propagande politique » concluent les observateurs.

Nima Zara

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