C’est une prouesse technique et un recyclage à gogo. La première imprimante 3D « made in Africa » est de marque togolaise. Il s’agit d’une imprimante à plus de 80 % recyclée, du WoeLab de Lomé dans un laboratoire de fabrication « FabLab » qui est ouvert au Togo. L'initiative de cette aventure écolo-technique revient à Koffi Sénamé, un chercheur togolais en architecture et en anthropologie, basé en France, à Paris. Depuis ses trois dernières années de vacances à Lomé, il n'a pas chômé. Sur ses fonds personnels, il a lancé des campements de réflexion sur la vie urbaine et les villes du futur, « intelligentes », bien sûr. Des sessions fréquentées par des étudiants et chômeurs de Lomé, aussi bien que par des professionnels et adeptes du monde entier.
A force de discuter avec ces jeunes de Lomé, il a fallu construire, réaliser les robots et automates imaginés. Et entraîner les jeunes Loméens à la concrétisation de leurs rêves et projets. C'est à partir de là qu’il est arrivé la création du « Woelab ». Ainsi, Vingt (20) petits génies de la débrouille et de l'électronique ont montée cette imprimante au quartier de Djidjolé en 2013 à Lomé. Ces jeunes bricoleurs, réunis en collectif, soudent, cousent, coupent, collent, assemblent pour créer toutes sortes de machines, automates et objets. Tous ensembles, ils animent un laboratoire de fabrication libre, c'est-à-dire ouvert à tous les Togolais. Un FabLab dans la culture « geek ». C'est là qu'ils œuvrent, apprennent, transmettent et partagent l'usage de « world wide web », les rudiments de la création « high-tech » et d'entreprise.
Avec ces jeunes de Lomé dont la plupart est à 20ans, l'avenir du « low high tech » de la technologie de pointe à bas prix au Togo est assuré. Le recyclage des dépôts de matériel technologique usagé tout droit venu d'Europe amorcé. Ils utilisent les déchets électroniques qui envahissent le Togo pour leur invention. Les nouveaux as du fer à souder et de la pince à sertir ne sont plus abandonnés. Ces objets usés s'appellent « Afate, la Gypsie ou Sika ». Pour les décharges informatiques, ils les ratiboisent, les tournent et retournent et les vident un peu. Avec leurs trouvailles, ils créent des imprimantes 3D presque 100% recyclées, des systèmes d'arrosage automatiques et leurs casiers pour faire sa salade en ville toute l'année, des bidons remplis d'unités centrales, d'ordinateurs donc, prêts à être démontés et remontés à loisir.
C’est ainsi qu’ils donnent le « Woelab » qui veut dire « Woe » ou « fais-le » et « Lab » vient de laboratoire comme d’autres qui essaiment à travers le monde entier depuis les années 1990 avec des débuts au très prestigieux MIT, (Massachussets Institute of Technology). Ces laboratoires libertaires sont connus à l'international sous le nom tiré de l'anglais « FabLab ». L’initiateur de ce programme est fier de sa pépinière. Il ne compte plus l’argent dépensé dans le Woelab. « C’est comme pour un bébé, je ne compte pas », a assuré Koffi Sénamé, le fondateur du Woelab. « C’est un programme social. Le Woelab rend des services sociaux. Et à ce titre, il a même vocation à être repris par l’Etat togolais ou des ONG, et dupliqué », a-t-il expliqué.
Il ne veut dépendre d'aucune aide de la part d'organisations ou d'institutions, tant qu'il est en charge du laboratoire. « Nous sommes une communauté indépendante », a déclaré Koffi Sénamé. A en croire le fondateur, « la fabrication d’une imprimante 3D revient à 300 euros». Déjà six (6) imprimantes 3D ont été produites au Woelab dans les six derniers mois. Des robots améliorés puisqu’ils contiennent des éléments neufs : « une carte de programmation Arduino, coûtant 75 euros, impérative pour faire fonctionner l’imprimante 3D avec un moteur neuf, car ceux des décharges sont souvent irrécupérables, ainsi que quelques pièces métalliques pour arrêter le bras d’impression.