La France réorganise son dispositif militaire en Afrique.
Son intervention était jusqu’ici considérée comme temporaire et géographiquement concentrée sur le Mali. C’était une vue trop optimiste de la situation. Il faut désormais inscrire cette action dans la durée et sur une base régionale.
C’est pourquoi l'opération Barkhane va succéder à Serval, lancée en janvier 2013 au Mali, et regrouper les contingents français dans la région. Cette action placée sous un commandement unique localisé à Ndjamena disposera de 3000 militaires français et sera conduite en coopération avec cinq pays de la zone sahélo-saharienne (Mali, Mauritanie, Burkina Faso, Niger et Tchad).
Les risques terroristes sont nombreux et l’instabilité s’installe dans une vaste zone qui va du Mali à la Libye en passant par le Nigeria et le Soudan. Malgré des notables avancées, l’action de l’armée française n’a pas encore permis d’éradiquer les groupes terroristes. Un neuvième militaire français vient d’être victime d’une attaque suicide au nord de Gao et la sécurité est loin d'être rétablie au Mali où la France a déployé son armée il y a un an et demi comme l’illustrent les récents affrontements meurtriers entre le mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA) et une dissidence du mouvement arabe de l'Azawad.
La France est ainsi engagée pour une durée indéterminée dans une vaste région. Elle doit se garder de différents obstacles.
Le pouvoir français doit réviser de façon drastique la politique de retrait militaire
Elle doit le faire sans se laisser impliquer dans le jeu politique local mais elle peut aussi difficilement ne pas mettre les mains dans le cambouis. C’est dire la complexité politique de son action militaire. Il lui faut naviguer entre une pression de la gauche du Ps et des écologistes en faveur du changement des gouvernants et la satisfaction des prurits démocratiques d’une part et le souci d’éviter les dissidences régionales et l’action des groupes anarchiques tentés par le djihadisme et les trafics de tous genres d’autre part.
Equilibre difficile à tenir.
Le pouvoir français doit également réviser de façon drastique la politique de retrait militaire qui avait été initiée depuis une dizaine d’années. Nul doute que lors de sa visite dans la région ces jours-ci François Hollande aura à concilier l’inconciliable :défendre la stabilité institutionnelle des Etats africains tout en évitant un brusque virage autoritaire des pouvoirs locaux sous le coup des pressions sécuritaires.