Malgré leurs responsabilités dans une partie de football, les arbitres togolais exercent dans des conditions difficiles qui influencent souvent leurs prestations sur le terrain. Depuis un certain temps, l’Association nationale des arbitres de football du Togo (Anafoot) travaille pour que ce corps indispensable retrouve ses lettres de noblesse.
L’un des acteurs importants du football est le corps arbitral. Sa bonne prestation réjouit tous les autres acteurs au coup de sifflet final. Son travail est délicat. Trois secondes au plus pour prendre une décision. S’il est admis qu’il n’existe pas de match incontestable sur le plan arbitral, certains arbitres en font trop par leurs décisions jugées partisanes ou complaisantes. Le corps arbitral du football togolais n’est pas épargné. Il essuie beaucoup de critiques du public notamment.
Diagnostic des maux de l’arbitrage togolais
Il y a quelques années, les arbitres togolais de football étaient sollicités par la Confédération africaine de football (Caf) voire la Fifa pour les compétitions panafricaines et internationales. Aujourd’hui, ils sont absents de tous les rendez-vous depuis que Claude Djaoupé et Komi Kogno régulièrement désignés par la Caf et la Fifa sont en fin de carrière.
Pour la prochaine Coupe du monde Brésil 2014, vingt-et-un arbitres africains présélectionnés sur cinquante-deux seront soumis à des tests physiques et techniques à partir du 27 mars à Casablanca, au Maroc. Parmi ces aspirants, aucun sifflet togolais. Tout récemment, aucun arbitre togolais n’a été en Afrique du Sud lors de la dernière Coupe d’Afrique des nations. Les raisons semblent être connues de tous. Pour certains, outre le problème financier, l’arbitrage reste le premier obstacle à l’évolution du football togolais car dans la plupart des cas, les arbitres changent délibérément le cours des matches par simple humeur. « Nous sommes conscients qu’on peut faire des erreurs, mais donner délibérément la victoire à une équipe qui n’est pas à la hauteur du match, c’est aller contre la promotion de cette discipline car cette pratique décourage les acteurs », a affirmé un entraîneur de club. Et la conséquence immédiate, selon lui, est que « les arbitres ne sont pas sollicités à l’extérieur par souci de méfiance des faîtières du football africain et mondial qui investissent des milliards dans le football et ne voulant pas les voir s’envoler par simple humeur d’un arbitre ». Le manque de soutien matériel et financier, la complaisance, la peur, la corruption sont les maux qui gangrènent le corps arbitral togolais. Viennent s’ajouter les rôles troubles des membres de la Commission des arbitres de la Fédération togolaise de football (Ftf). Le tableau est certes noir, mais les membres de l’Association nationale des arbitres du Togo (Anafoot) promettent un avenir meilleur.
Une lueur d’espoir ?
Le corps arbitral est conscient de tous les griefs portés contre lui, même s’il juge que certaines critiques sont démesurées. C’est pourquoi l’Anafoot essaie de jouer sa partition pour rendre ce corps respectable.
En effet, à travers le projet « Habiller les arbitres pour la beauté du jeu », l’Anafoot avec le soutien financier de Togo Cellulaire a remis des maillots de quatre couleurs différentes à l’effigie de la société de téléphonie mobile aux 100 arbitres de première et de deuxième division. C’était le samedi dernier à Lomé. Selon Claude Djaoupé, directeur du projet, cette action est destinée à faire la promotion de l’arbitrage du football togolais, contribuer à son développement et rehausser son image de marque. Il a ajouté que c’est un geste qui vient « renforcer l’autorité des arbitres par la beauté de l’image que reflète leur tenue et éradiquer le complexe qui existe entre les arbitres en fonction des différences de leur tenue ». Bref, comme le soutient Améossina Azanléko, chef du département arbitre de la Ftf, « en football l’habit fait le moine ».
Habiller les arbitres n’est qu’une partie de la solution aux problèmes. Me Darius Atsoo, président de l’Anafoot, pense qu’il faut que la Ftf s’engage dans le développement de l’arbitrage, proscrive les violences sur les stades, et surtout « lutte contre les pressions persistantes de certains présidents de clubs sur les arbitres » à la veille des matches.
L’Anafoot a d’autres projets dans son escarcelle. Ils vont de la dotation d’un siège à l’institution à la journée fair play en passant par la célébration de l’excellence, la planification stratégique 2013-2018…De telle sorte que le Togo puisse placer des arbitres aux Coupes du monde 2018, 2022… Si on veut, on peut, a rappelé l’arbitre Darius Atsoo.
Malgré le fait que les départs des expérimentés Claude Djaoupé et Komi Kogno de la scène internationale inquiètent, au niveau des responsables chargés de la gestion des arbitres togolais, on est confiant des initiatives en cours pour renverser la courbe. « Nous sommes en train de former des jeunes pour les remplacer. Ils sont performants ; mais sans expériences sur le plan international, ils ne peuvent être sélectionnés. Cependant nous sommes confiants qu’ils sortiront un jour de l’ombre », rassure une source. Et certains d’avancer que Mme Amédji Aïssatou a été retenue pour arbitrer la Coupe du monde féminine de 2015 au Canada. Conclusion, « l’arbitrage togolais n’est pas aussi mauvais comme certains le pensent ».