« Signer cet accord, c’est tourner le dos à tout espoir de développement », voilà en substance ce qu’a tenu à faire remarquer au chef de l’Etat, Faure Essozimna Gnassingbé, un front uni contre la signature de l’accord de libre-échange entre l’Union Européenne (UE) et la Communauté Économique Des États de l’Afrique de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) à travers une lettre ouverte, envoyée au chef de l’Etat.
Pour le front, composé du Parti démocratique des travailleurs des villes et
des campagnes (PA.DE.T), du Parti pour le Renouveau et la
Rédemption(PRR) et de certaines associations et centrales syndicales, la signature de cet Accord de Partenariat Économique (APE) entre l’U E et
la CEDEAO permettrait aux produits européens de pénétrer pratiquement
sans frais de douanes les marchés africains.
Cette signature consacrerait de facto, toujours selon ce front, « la mort
programmée de tous les producteurs africains, des agriculteurs aux artisans, en passant par les petites manufactures et rares usines », les
produits agricoles produits en Afrique de l’Ouest étant considérés comme « sensibles » et donc exclut de l’accord selon les clauses de
l’APE.
L’APE, qu’est ce que c’est ?
C’est le fruit de 10 ans de négociation entre les négociateurs européens et ouest-africains. Il a été conclu le 24 avril 2014 et prévoit la libération des échanges commerciaux de biens assortie d’un programme d’aide au développement en vue de faciliter sa mise en œuvre.
Ses clauses prévoient, entre autres, l’ouverture des marchés ouest-africains à 75% sur 25 ans, une exonération totale de droits de
douanes des produits exportés de la CEDEAO vers l’UE contre une exonération à 75% de ceux pesant sur les importations de la CEDEAO depuis l’UE et un paiement de 6,5milliards d’euros d’aide au
développement sur 5ans (sauf pour le Ghana, le Nigéria et la Côte d’Ivoire) aux pays de la CEDEAO.
Que reproche-t-on à l’APE ?
Deux
clauses attisent la contestation des organisations de la société civile
au niveau de l’APE: celle qui stipule que tout avantage commercial plus
favorable accordé par la CEDEAO à un pays développé ou émergent devra être aussi fourni à l’UE, ce qui pour les analystes réduit la marge de
choix aux pays de la communauté dans la diversité du choix de leurs
partenaires commerciaux; et celle qui prévoit six mois après la conclusion de l’APE des négociations sur les services, la propriété intellectuelle, les investissements…alors qu’il n’existe pas de politique commune pour ces secteurs en Afrique de l’Ouest.
D’autres analystes estiment, en prévision, à 1,8 milliards de dollars la perte
de revenus via la baisse des recettes fiscales dans les pays de la sous région, la destruction des industries locales naissantes du fait de la concurrence avec les produits européens et à terme l’augmentation de la pauvreté.