Les vacances scolaires sont à nos portes ! Période au cours de laquelle
plusieurs élèves se retrouvent sur le marché du travail dans la plupart des cas en tant que commerçants. Si le revenu de ces activités peut
aider parents et élèves à assumer les charges scolaires de la prochaine
rentrée scolaire, il n’en demeure pas moins qu’elles comportent des
risques pour les élèves qui les exercent ; risques que ces derniers
peuvent quand même éviter en observant quelques astuces.
La
question du travail des enfants telle qu’abordée dans la littérature
scientifique existante se situe à deux niveaux. Il ya d’une part les
enfants qui proviennent de milieux ruraux et d’autre part des enfants
nés de parents pauvres en milieux urbains.
Lorsque
nous prenons le contexte de Lomé nous constatons l’arrivée dans la
capitale pendant les vacances non seulement d’enfants venant du sud-est
maritime (préfecture de Vo, du Bas Mono, de Yoto) mais aussi du
sud-ouest (Zio et Avé) pour exercer des activités de vacances mais aussi
d’enfant vivant à Lomé. Dans le second cas, il s’agit de familles
démunies établies à Lomé, qui afin de pouvoir joindre les deux bouts,
sont obligées de mettre les enfants à contribution.
Le
commerce qu’exercent les élèves en période de vacances surtout dans le
cadre de Lomé se situe généralement à deux niveaux à savoir : la vente
des vivres et celle des non vivres. En matière de vivres on pourra citer
le mais frais, l’arachide, des beignets etc.
Dans
la catégorie des non-vivres on peut mentionner les petites choses de
liquidation. Il peut s’agir des slips, des habits etc.
Ils
le font soit pour leur parent ou soit pour leur propre compte dans le
but de se faire des économies avant la prochaine rentrée scolaires
Hélas, ces activités comme tout autre d’ailleurs ne vont pas sans risques pour ces enfants.
« En
se promenant de quartier en quartier pour vendre des choses, il se peut
pour les jeunes filles de rentrer dans certaines maisons vides ou il
n’y a qu’un seul homme qui les appelle a priori pour acheter mais qui
par la suite exerce sur elles des violences sexuelles », renseigne
Sébastien Sébastien SEGNIAGBETO, assistant de recherche en sociologie à
l’université de Lomé et spécialiste des questions de migration des
enfants.
« Il
ne faut pas oublier les accidents de la circulation dont peuvent
l’objet ces enfants vu la prolifération des engins dans la capitale de
nos jours et ces cas sont légions en la matière », ajoute t-il
La responsabilité de ces faits est endossée, dans une certaine mesure, d’un coté par les parents et de l’autre par l’Etat.
Responsabilités mitigées des parents et de l’Etat
La
question de la responsabilité des parents et de l’Etat dans le cadre du
travail des enfants en période de vacances présente une complexité. En
la matière il n’y a pas de frontière étanche entre responsabilité des
parents et de l’Etat et socialisation de l’enfant.
De la théorie qui milite pour la responsabilité des parents et de l’Etat
On
peut dans un premier temps soutenir la thèse du « travail zéro » des
enfants en mettant en avant la responsabilité des parents qui sont
sensés subvenir aux besoins de ce dernier.
C’est
ce qui ressort des analyses des ONG, écoles de recherches et
association de protection de l’enfant qui mettent en jeu la
responsabilité des parents dont les enfants sont sur le marché du
travail au nom du fait que l’enfant est un être faible qu’il faut
accompagner, assister pour qu’il puisse s’accomplir. C’est d’ailleurs
dans cette perspective que l’Etat togolais a ratifié la convention
relative aux droits de l’enfant (CDE) adopté en 1989.
Cette responsabilité parentale est prolongée par celle de l’Etat.
Lorsqu’on prend l’exemple des enfants qui viennent travailler en ville
afin de s’acheter les fournitures scolaires à la rentrée, la
responsabilité de l’Etat est engagée parce que selon le forum de Dakar
de l’année 2000 qui met l’accent sur la scolarité pour tous, la
conférence de JOMTIEN de 1990, les principes et idéaux de l’UNESCO ou
encore la Stratégie de Croissance Accélérée et de Promotion de l’Emploi
(SCAPE) adopté par le gouvernement pour le développement du pays sur la
période 2013-2017, il est question de la gratuité de l’école ; gratuité
qui inclut aussi bien les fournitures que la scolarité. Et si elle était
garantie pour l’enfant, il ne se mettrait pas sur le marché du travail
pour pouvoir se procurer les fournitures.
Pris
sous cet angle, voir un enfant sur le marché du travail revient à dire
que ce sont les parents et l’Etat qui ont failli à leur responsabilité
amenant ainsi l’enfant à travailler.
De la théorie qui exonère les parents de leur responsabilité
Il
y a une autre conception de plus en plus grandissante de l’enfant qui
veut dire que tout ce qui se dit autour de l’enfant et qui amène à
croire que l’enfant ne doit pas travailler est en réalité une
construction de la société et que l’enfant peut également se mettre en
valeur.
Selon cette théorie, c’est seulement la catégorie de travail auquel l’enfant doit être soumis qui doit être contrôlée.
Pris
sous cet angle il n’y a pas de responsabilité ni du parent ni de
l’Etat. Au contraire le travail devient un facteur socialisant pour
l’enfant dans la mesure ou c’est à travers ce que l’enfant fait
aujourd’hui qu’il aura un savoir faire qu’il pourra exercer plus tard
lorsqu’il sera adulte
Et
c’est dans cette logique que le Togo a ratifié la Charte africaine des
droits et du bien être de l’enfant qui considère, contrairement à la
Convention des droits de l’Enfant (CDE), que l’enfant qui est appelé à
vivre au sein de la famille est également appelé à aider ses parents
dans les activités de la maison et qu’il faudra juste contrôler le degré
d’implication des enfants dans ces activités.
Dire donc que le travail des enfants est quelque chose de mauvais nous détache un peu de la réalité culturelle africaine.
Tout
ce qui importe c’est de savoir à quel niveau il faut impliquer les
enfants dans les activités pour que cela ne constitue pas pour eux une
source d’exploitation
Quelques Astuces pour minimiser les risques courus par les élèves exerçant des activités lucratives de vacances
D’abord,
les enfants commerçants doivent être vigilants sur les lieux de travail
et prêter attention à la circulation pour éviter les accidents de la
circulation.
Ils
doivent, ensuite, faire l’effort d’être en groupe pour éviter les viols
et rapt qui généralement interviennent lorsque les enfants sont seuls
Enfin
les enfants commerçant doivent toujours se soucier de l’école afin de
ne pas abandonner les cours pour les petites sommes qu’ils gagnent. « Ils
doivent faire l’effort de garder un contact permanent avec le cahier et
avoir à l’esprit que seul l’école peut leur garantir un avenir sérieux
et glorieux » conseille monsieur Sébastien SEGNIAGBETO.