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Arthème Ahoomey-Zunu à Jeune Afrique : «Si nous devions tenir compte des échéances électorales, nous ne ferions plus grand-chose»!
Publié le mercredi 23 juillet 2014  |  Telegramme 228


© Autre presse par DR
Le Premier ministre Kwesi Séléagodji Ahoomey-Zunu


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Cette interview, le Premier ministre togolais l’a accordée à nos confrères de Jeune Afrique dans leur numéro 2792 du 13 au 19 juillet 2014. Contenue dans un grand dossier de 44 pages intitulé «Où va le Togo », cette interview relate en long et en large le point de vue du locataire de la primature togolaise sur les réformes surtout économiques et sociales engagées par le Togo ces dernières années. Ceci pour répondre aux aspirations dites profondes des Togolais. Mais force est de constater que ces réformes qui, à en croire Ahoomey-Zunu, ont indu une augmentation des investissements et du taux de croissance, n’a pas éloigné les Togolais des plaintes quotidiennes.

De l’avis du Premier des ministres togolais, on peut expliquer cette situation par le fait qu’il y a poussée démographique faisant que la croissance économique de 6% n’est pas significative. D’où pense-t-il qu’il faudra une croissance à double chiffres pour agir significativement sur le quotidien des Togolais. Nous vous proposons cette interview pour vous permettre d’avoir une idée claire de la perception que fait le Chef du gouvernement de sa collaboration avec le président de la République Faure Gnassingbé à la tête du pays. Lecture !



Depuis la reprise de la coopération avec la communauté internationale, fin 2007, le pays a-t-il rattrapé son retard?

L’économie du Togo se porte de mieux en mieux. Nous avons renoué avec la croissance, de manière soutenue, avec un taux de 5,6% en 2013 et de 6% prévu cette année. L’Etat s’attelle à la reconstruction du pays et beaucoup d’efforts sont faits, notamment en matière d’infrastructures et pour améliorer les conditions de vie de nos concitoyens. Par ailleurs, le gouvernement mène des discussions avec les syndicats et propose des mesures pour améliorer les conditions de travail de ses agents.


Où en êtes-vous des réformes demandées par les bailleurs de fonds?

Nous avons beaucoup travaillé en ce sens. Les bailleurs souhaitaient notamment que nous revoyions notre politique de subvention des produits pétroliers. L’Etat a supprimé certaines taxes pour équilibrer la structure des prix. Pourtant, malgré ces progrès, les prix ont sensiblement augmenté il y a quelques mois. Ces mesures de suppression des subventions ont des incidences sociales, ce qui nous incite à une extrême prudence. Mais, même si le FMI ne le demandait pas, nous savons que nous avons encore des efforts à faire et nous les poursuivons. Ce sont les directives du chef de l’Etat. Après quatorze années de rupture, la coopération internationale a repris et, aujourd’hui, nous remontons la pente grâce aux réformes, qui, entreprises depuis 2006, commencent à porter leurs fruits. Nous avons rempli les conditions relatives à la stabilisation du cadre macro-économique et à la stabilité financière requises par le FMI, avec lequel des discussions sont en cours. Nos ministres des Finances et du Plan ont d’ailleurs assisté récemment aux assemblées de printemps du Fonds, à Washington.


Quelles sont les améliorations les plus notables?

La réforme des règles financières, avec la mise ne place de l’OTR (Office togolais des recettes). Et celle du secteur minier, avec l’adhésion du Togo à l’ITIE (Initiative pour la transparence dans les industries extractives), deux réformes qui devraient améliorer les performances de notre économie.


La fusion des règles financières, soutenue par les institutions de Bretton Woods, est désormais effective, avec la création de l’OTR, qui regroupe la Direction générale des impôts et celle des douanes. Quel est le but recherché ? Et quels sont les premiers résultats ?

L’objectif est, d’une part, de limiter, voire d’enrayer, l’évasion fiscale. D’autre part, d’élargir l’assiette, notamment au secteur traditionnel des micro-entreprises, abusivement appelé « secteur informel ». Enfin, il s’agit de rationaliser et d’harmoniser les formes de perception des taxes et impôts. A terme, ces réformes devraient nous permettre d’accroître considérablement nos recettes fiscales et douanières. Cela en donnant plus de capacités à l’Etat pour financer le développement. Quant aux résultats, nous sommes satisfaits du travail accompli. Il faut juste que nous communiquions de façon plus claire auprès des entreprises et des particuliers. Nous comptons également sensibiliser les agents de ces services, qui sont les premiers intéressés. Obtenir des régies plus efficaces suppose un changement de comportement dans les administrations. Nous avons rencontré les principaux responsables de l’OTR pour leur expliquer ce que nous attendons de cette réforme. Beaucoup ont craint que ces changements ne nuisent à leur position. Mais l’intérêt général doit prévaloir.


N’est-il pas risqué de faire des réformes à quelques mois de la présidentielle prévue en 2015?

Non, pas du tout. Si nous devions tenir compte des échéances électorales, nous ne ferions plus grand-chose !


Quel bilan tirez-vous de l’action gouvernementale?


Le gouvernement s’est beaucoup rapproché des populations. D’une planification stratégique du développement, nous avons évolué vers un développement centré sur l’homme, gage d’une meilleure inclusion de la croissance et d’une meilleure redistribution des revenus. Nous avons voulu entrer dans une démarche prospective à l’horizon 2030, en sondant la population sur ses aspirations. Ces dix dernières années, nous sommes passés d’une logique d’urgence à une logique de résultats, grâce à des documents de planification tels que le DSRP-C (Document complet de stratégie de réduction de pauvreté) et la Scape (Stratégie de croissance accélérée et de promotion de l’emploi). Il faut aller encore plus loin, faire cap sur l’émergence.


Sur quels leviers de croissance vous appuyez-vous ?

Si l’on regarde de près notre Scape, ses objectifs y sont définis de manière très précise. En plus des secteurs de l’agriculture, des mines, des télécoms et de l’énergie, les services ont pris une place importante, car nous sommes un pays de transit. De fait, nos infrastructures routières se sont nettement améliorées, le port est en cours d’agrandissement, l’aéroport se modernise pour faire de Lomé un hub… Tous ces efforts visent à faciliter les conditions d’investissement au Togo.


Les Investissements augmentent, le taux de croissance aussi. Pourquoi les togolais se plaignent-ils de ne pas en bénéficier ?

Je les comprends. Mais je leur dis que, pour que la population la ressente vraiment, il faut avoir une croissance d’au moins 10%. Compte tenu de la poussée démographique, notre croissance économique de 6% (prévue pour cette année) reste insuffisante. Ces indicateurs démontrent toutefois que le pays est gouverné de manière beaucoup plus sérieuse.


La production agricole est-elle suffisante pour assurer la sécurité alimentaire ?

Nous avons mis en place le Pniasa (programme national d’investissement agricole et de sécurité alimentaire), qui se décline en plusieurs projets, notamment celui relatif à l’accompagnement des agriculteurs et à la modernisation des unités de production. Depuis quelques années, la production céréalière du Togo est régulièrement excédentaire, et nous entendons continuer en ce sens, tout en nous efforçant aussi d’accroitre la production des cultures de rente, comme le café, le cacao, et surtout, le coton.


Quels sont les défis à relever en matière de création d’emploi ?

Nous devons faire en sorte que les jeunes puissent accéder à des emplois décents, et que les femmes, qui sont les piliers de notre société, bénéficient du travail qu’elles abattent au quotidien. Notre croissance a malgré tout permis de réduire de trois points de pourcentage l’indice de pauvreté. Des études ont montré que la croissance a beaucoup plus profité aux salariés, et, désormais, l’objectif du gouvernement est de faire en sorte qu’elle puisse également profiter à l’ensemble de la population notamment à la population rurale.


Concrètement, quelles mesures avez-vous prises pour réduire le chômage des jeunes ?

Notre politique de l’emploi est assortie d’un plan stratégique national pour l’emploi des jeunes. Pour le mettre en œuvre, un PEJ (Programme emploi jeunes) a été conçu. Il intègre plusieurs projets, dont le programme Provonat (Promotion du volontariat national au Togo), qui, depuis trois ans, a mobilisé 4280 volontaires. Pour la même période, le programme Aide (Appui à l’insertion et au développement de l’embauche) a bénéficié à 2540 jeunes. Le Paipja (Projet d’appui à l’insertion professionnelle des jeunes artisans) a permis de former et d’équiper 3045 artisans diplômés. Enfin, près de 3000 jeunes ont reçu une formation en entrepreneuriat, qui a par ailleurs permis de financer plus de 800 projets d’affaires. L’ensemble de ces dispositifs est piloté par des services de l’Etat, dont l’ANPE et le FAIEJ (Fonds d’appui aux initiatives économiques des jeunes).

Les Togolais, surtout ceux de l’étranger, se montrent souvent virulents à l’égard des dirigeants du pays…
Le Togo a connu des moments difficiles sur le plan politique, ce qui a entraîné le départ de certains de nos compatriotes, notamment pour l’Europe et pour les Etats-Unis. Ils ont parfois de bons motifs de récrimination envers leur pays, mais je crois que, avec toutes les réformes qui ont été entreprises depuis une dizaine d’années, il est temps pour eux de réviser leur jugement et de venir apprécier concrètement sur place les réformes qui ont été engagées. En toute objectivité, je pense qu’il n’y a plus de raison d’adopter des positions a aussi tranchées. D’ailleurs, le gouvernement a commencé à mener des actions en direction de la diaspora afin d’améliorer les relations entre les autorités nationales et les Togolais de l’étranger.

JAE N°2792 du 13 au 19 juillet 2014


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