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Nicodème Habia : « Il faut commencer par l’alternance. Sans cela, les institutions ne peuvent rien faire»
Publié le vendredi 25 juillet 2014  |  AfreePress


© aLome.com par Parfait
M. Nicodème HABIA, ex député de l’UFC.


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Le 25 juillet 2013, les Togolais ont voté pour leurs représentants à l’Assemblée nationale. Si plusieurs projets de lois ont été votés, le 30 juin 2014, l’Assemblée nationale a rejeté en bloc le projet de loi des réformes constitutionnelles. Pour l’ancien député, Nicodème Habia, c’est le signe que les députés togolais ont « les mains liées » et disposent de peu de moyens pour faire leur travail. Pour rectifier le tir et faire du Togo un pays « démocratique », il faut inévitablement une alternance.


Lire l’interview


Afreepress.info : Bonjour honorable Nicodème Habia. 25 juillet 2013, 25 juillet 2014, il y a exactement un an jour pour jour que la législature actuelle a été élue. Vous qui avez été député à l’Assemblée nationale lors de la législature précédente, dites-nous, quel regard portez-vous sur les activités menées par les députés actuels ?


Nicodème Habia : Merci beaucoup, je crois que c’est une opportunité pour moi une fois encore d’éclairer la population togolaise sur la politique de mon pays. Vous savez, aujourd’hui, dans plusieurs pays,les députés ont les moyens pour leurs activités. Mais chez nous ici c’est le contraire. Quand vous allez au Benin, le député a une voiture de commandement et au moins deux escortes parce qu’ils peuvent voyager sur des centaines de kilomètres avant d’arriver à destination. Le député, s’il n’a pas de chauffeur, il va conduire seul. Nous avons eu ce cas à l’Union des Forces de Changement (UFC) où nous avons perdu un député du Moyen-Mono en la personne de Sodahlon qui conduisait lui-même sa voiture et a perdu sa vie dans un accident de circulation. Voilà un exemple.

Au Ghana, les députés ont des voitures de service mais au Togo ce n’est pas le cas. Dans les autres pays, les députés ont un fonds pour les activités dans leur circonscription mais chez nous au Togo, c’est le contraire. Les députés sont obligés de devenir des quémandeurs, ce qui n’est pas du tout normal.

Aujourd’hui, je suivais une émission interactive sur la radio Victoire FM et les gens demandaient à savoir ce que les députés font au juste. J’ai été victime de tout cela. Quand les gens disaient que Habia fait ceci dans l’Avé, c’est avec mes fonds propres et grâce à mon association que je faisais toutes ces activités dans l’Avé. Donc je peux vous dire ici qu’on peut beau critiquer les députés mais ils n’ont pas les moyens, ils ont les mains liées.


Afreepress.info : Et pourtant le 30 juin 2014, les députés de la majorité parlementaire ont choisid’aller à l’encontre du projet de loi du gouvernement à qui ils ont donné l’onction. N’est-ce pas là un signe de liberté d’action des députés ?

Nicodème Habia : Ils ne sont pas allés à l’encontre du projet de loi du gouvernement. C’est acte est prémédité. Ils ont juste fait ce qu’on leur a demandé de faire. Les députés du parti au pouvoir n’ont aucun pouvoir pour décider quoi que ce soit. Je crois que je suis l’un des premiers députés qui a voté contre le mot d’ordre de mon parti en 2008 au parlement. Je me suis abstenu quand on a demandé qu’on vote contre une loi en 2008. Dans le budget général de l’Etat, une partie était consacrée à l’eau et dont ma préfecture bénéficiera. Pourquoi en tant qu’élu de cette localité je vais voter contre cette loi ? C’est voter contre l’accès de mes populations à l’eau potable, puisque l’Avé fait partie des préfectures qui ont plus de problèmes d’eau dans le pays. En ce moment, j’ai été obligé de m’abstenir pour pouvoir me battre pour que ma préfecture puisse avoir de l’eau et il y a le résultat. Si vous allez à Kévé aujourd’hui, il y a un château d’eau qui a été construit. C’est parce que j’ai rencontré le président de la République Faure Gnassingbé et je lui ai posé le problème, que ma préfecture a besoin d’eau.

Afreepress.info : Si vous vous êtes comporté ainsi en allant contre la consigne de votre parti, pourquoi les autres ne peuvent pas le faire ?


Nicodème Habia : C’est une question de bonne volonté. Comme le disait Tavio Amorin, avant de dire certaines vérités, il faut être fou. Et je joue à cela pour pouvoir demander des choses pour ma préfecture et pour les autres localités puisque le combat que je mène n’est pas seulement pour ma préfecture.
Je n’en veux pour preuve que le problème du député Targone pour lequel nous sommes passés par tous les moyens pour qu’il soit libéré, quand bien même je ne suis plus à l’hémicycle.

Afreepress.info : Au Togo, on a l’habitude de dire que les députés n’introduisent pas des propositions de loi. Pourquoi les députés n’arrivent-ils pas à jouer ce rôle ?

Nicodème Habia : J’étais le vice-président des relations extérieures à l’Assemblée nationale. C’est là où passent plusieurs projets de loi. Si vous vous rendez compte qu’il y a des textes qui ne peuvent pas passer, il ne faut pas les introduire. Nous faisons même des interpellations. J’avais interpellé le ministre des finances sur le problème de COTECNA mais il n’a pas répondu. C’est le ministre Charles Kondi Agba qu’il a envoyé. Arrivé, Agba ne pouvait pas répondre à mes questions.

Afreepress.info : Est-ce la même situation que vit Jean Kissi de la coalition Arc-en-ciel?

Nicodème Habia : Oui, c’est le même cas avec Jean Kissi. Comme nous avons l’habitude de le vivre au Togo, les institutions ne peuvent pas faire leur travail et les députés ont les mains liées. Et avant que cela ne change, il faut qu’il y ait l’alternance. Comme le dit Barack Obama, on n’a pas besoin des hommes forts, mais on a besoin des institutions fortes, c’est ce qui est important pour un pays. Dans le cas contraire, on n’ira nulle part.

Afreepress.info : Dans un pays démocratique, l’exécutif a besoin d’une majorité confortable à l’Assemblée nationale pour pouvoir faire passer les projets de lois et mettre en œuvre le programme de société pour lequel il a été élu.


Nicodème Habia : Vous parlez des pays démocratiques mais le Togo n’en est pas un et cela ne peut pas se passer comme cela. Nous nous battons pour un Etat de droit, un pays démocratique car nous ne sommes pas encore en démocratie.

Afreepress.info : Que faire pour y arriver ?

Nicodème Habia :Pour y arriver, il faut commencer par l’alternance. Avant la fin de l’apartheid, Mandela a accédé au pouvoir et les Sud-Africains ont compris qu’ils ont eu le résultat de la lutte qu’ils menaient depuis toujours. Sans cela, les institutions ne peuvent rien faire.

Afreepress.info : Que faire au Togo ?

Nicodème Habia : Les députés doivent jouer aux fous. Ils ne doivent pas se comporter comme nous sommes dans un Etat de droit.

Afreepress.info : De quels députés parlez-vous. Des députés de UNIR, de l’ANC-ADDI ou de la coalition Arc-en-ciel?

Nicodème Habia : Je parle des députés en général. Que ce soit les députés UNIR, ils sont des élus du peuple. J’ai écouté à la radio Victoire FM aujourd’hui un concitoyen qui a appelé et a dit qu’il a voté pour UNIR mais il regrette l’acte que les députés Unir posent aujourd’hui. Voilà le résultat.

Afreepress.info : Aujourd’hui vous n’êtes plus à l’UFC, vous êtes au Parti des Togolais. Le 2 août prochain, cette formation politique a son congrès à Lomé. Dites-nous, quelle est la place que vous occuperez dans ce parti?


Nicodème Habia :Je ne sais pas encore et ce n’est pas la place qui m’importe, c’est le rôle que ce parti jouera dans ce pays pour qu’il y ait l’alternance qui m’importe.
Afreepress.info : Quel est la particularité de ce parti ?

Nicodème Habia : La particularité de ce parti c’est de tout faire pour obtenir l’alternance apaisée. Ce parti est ouvert à tout le monde et n’est pas là pour la violence, c’est ça la différence.

Afreepress.info : Une fois au pouvoir, le Parti des Togolais donnera-t-il l’occasion aux députés d’agir ?
Nicodème Habia : Une fois au pouvoir, c’est l’alternance déjà. Le Parti des Togolais n’aura pas le pouvoir sur les députés.


Propos recueillis par Telli K.


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