Contrairement à la précédente législature 2007-2013 où les cadres de l’opposition élus ont cédé leurs sièges de députés à leurs suppléants, la situation a changé depuis les législatives 2013. L’ANC est l’un des rares partis constitué de cadres de haut niveau, notamment dans le domaine du droit. Quand ces avocats, Me Ruben Adama Doe-Bruce, Me Isabelle Ameganvi, Me Georges Lawson, ou les cadres de l’ADDI- le professeur en économie Aimé Gogué, ont accepté de rejoindre l’Assemblée nationale à l’issue des élections législatives de juillet 2013, beaucoup ont applaudi. Au moins, le niveau de l’Assemblée sera rehaussé, l’opinion pensait avoir un travail et des débats de qualité.
Ce n’est pas le cas. Et c’est le député ANC de Kloto, Me Isabelle Ameganvi, qui le dit sans ambages lors d’une intervention sur Radio Nana FM à propos du bilan des 12 mois de l’Assemblée nationale. Elle se plaint de la médiocrité du parlement togolais.
Ces 12 mois d’activités nous ont affaiblis. La façon dont nous avons pensé que les choses se dérouleront, ça n’a pas été le cas. La volonté avec laquelle nous avons voulu travailler pour rehausser l’image de l’Assemblée nationale a été ébranlée par les agissements de la majorité. Ce qui nous a encore le plus démotivé est le rejet de la loi portant modification de la constitution, a affirmé Mme Ameganvi.
Elle impute cette situation à la majorité parlementaire UNIR-UFC qui a adopté des attitudes négatives et a transformé le parlement en chambre d’enregistrement. On a beau changé le nom du parti, coopté de nombreux députés qui n’étaient pas des militants de l’ex-RPT, peine perdue, les députés UNIR se comportent toujours de manière servile comme leurs devanciers du RPT.
Instrumentalisés, les députés UNIR, à l’instar du président de l’Assemblée nationale Dama Dramani et du chef du groupe parlementaire UNIR, Christophe Tchao, des ex-caciques du RPT, ont galvaudé les débats et travesti la fonction de député.
Le bureau de l’Assemblée essentiellement composée de membres du parti UNIR peut se permettre de s’écarter de l’orthodoxie. Exemple : le vote sur le projet de loi portant révision constitutionnelle n’a pas été soumis au débat. On n’a jamais su les lignes de friction, de divergences et de partage des députés sur la question avant leurs expressions dans l’urne, qui nous ont montré que le parti UNIR est un bloc monolithique. Difficile de comprendre que sur un tel sujet concernant la constitution, les députés UNIR puissent avoir une telle opinion unanime.
On a eu également à le voir avec la levée de l’immunité parlementaire du député Arc-en-ciel Sambrini N’Wakin Targone. Le président Dama Dramani a refusé tout débat sur le sujet. Il a même suggéré à ses collègues de faire fi des règles élémentaires s’ils obtiennent un jour la majorité à l’Assemblée.
Mais il y a pire, les députés dans leur grande majorité, toutes tendances confondues, n’ont jamais pris l’initiative d’une loi jusqu’à présent. Comme la précédente législature, tous les textes votés ont été des projets de loi ou la ratification d’instruments internationaux.
Même la simple question au gouvernement peut tourner à la pantalonnade.
Mme Isabelle Ameganvi ne fatigue pas pour autant. Selon elle, de nombreux sujets peuvent être abordés par les députés, savoir les réformes préconisées par l’Accord Politique Global (APG, ndlr) et par la Commission vérité justice et réconciliation (CVJR).
L’Union pour la République (UNIR, au pouvoir) compte 62 députés, le Collectif Sauvons le Togo (ANC-ADDI), 19 députés et la Coalition Arc-en-ciel en, 6 députés contre 3 pour l’Union des Forces de Changement (UFC) et 1 pour Sursaut National.
Les députés sont en vacances depuis le 30 juin dernier. Retour à l’Assemblée à la rentrée en octobre.