La dernière revue du Ministère de la santé a eu le mérite de mettre au grand jour des dossiers troublants qui ternissent l’image des acteurs. Plusieurs distorsions sont connues dans la mise en œuvre des activités de santé. Cette fois, il s’agit d’une affaire de plus d’un milliard non justifié et de la sous-consommation des fonds alloués au Ministère de la santé. Deux réalités qui viennent attester que le système de santé du Togo, comme le jugent certains analystes, est comparable au tonneau des Danaïdes, dans lequel plusieurs centaines de milliards sont investis, mais les résultats escomptés ne viennent jamais.
La rumeur courait dans les couloirs et entre les murs du système de santé, depuis plusieurs semaines déjà. Mais l’information a été confirmée dans une communication lors de la revue : « plus d’un milliard deux cent, n’ont pas pu être justifiés par les acteurs ». Autrement dit, plus d’un milliard deux cent de dépenses ont été faites et ceux qui ont géré les fonds, n’ont pas pu apporter la preuve qu’ils ont réellement bien fait les dépenses sur les activités planifiées.
Dans une situation pareille, il ressort deux hypothèses : soit, les acteurs bénéficiaires des fonds auraient réellement mis en œuvre les activités et dépensé les fonds selon le budget, mais ils n’ont pas pris le soin de prendre les preuves ou préparer les éléments justificatifs des dépenses ; Soit les acteurs bénéficiaires des fonds n’auraient pas mis en œuvre les activités selon la budgétisation, donc ils n’auront pas les éléments justificatifs, dans ce cas, les fonds auraient servis à autres choses.
Selon l’art de la gestion des activités du Ministère de la santé, la première hypothèse est rapidement réfutée. Car, elle ne cadre avec aucune pratique moderne de gestion. Seule, la deuxième hypothèse est plausible. En clair, les fonds n’ont pas servi aux activités de santé publiques pour lesquelles ils ont été débloqués. Si les acteurs n’arrivent pas à justifier plus d’un milliard, cela signifie aussi que plusieurs activités de la valeur de cette somme, ont été bâclées ou n’ont pas été mises en œuvre.
Si les fonds n’ont pas servi à leurs objectifs, alors où sont passés les mille millions de francs ? Personne ne le sait pour l’heure, puisque aucune enquête n’a été faite. Seuls ceux qui doivent savoir où est partie cette somme le savent. Alors, permettez que nous jouions au jeu de devinette. Un penseur a dit que souvent les devinettes bien réfléchies sont voisines de la réalité. Sur ce, allons-y. Peut-être qu’une partie de ces fonds a servi à acheter un terrain sur lequel monte en douleur une belle villa au grand bonheur d’un acteur; une partie aurait peut-être servi à finaliser un chantier avec l’achat des tonnes de ciments, graviers et sable ; une autre partie reposerait peut-être dans un compte bancaire privé ou aurait servi à l’achat d’une magnifique bagnole ou encore faire n’importe quelle futilité dont nous mortels sommes des champions.
D’aucuns diront que nous jouons au sadisme à travers ces devinettes. Mais, non. Le sadisme, c’est d’avoir détourner à d’autres fins, les fonds qui sont destinés à renforcer la santé des enfants, des femmes enceintes, des malades chroniques, en bref, la santé des populations togolaises.
Une chose curieuse s’est passée dans la salle de la revue ce jour, après l’annonce, il n’y a pas eu de protestations, de contestations, des réactions contradictoires, de ripostes. Il n’y a pas eu des indignations manifestes. Cela donne la frayeur. Comment est-ce que ces acteurs du ministère de la santé gèrent les affaires de la santé publique?
De toutes les façons, cette habitude passive, n’étonne guère, car, selon les archives de la mauvaise gouvernance de ce ministère, ce fait n’est pas un cas isolé. Chaque année, il est connu de pareils dossiers dans la collaboration entre les institutions partenaires et les acteurs du Ministère de la santé.
La sentence
Le souhait est que les justificatifs aient pris du retard et que dans les jours à venir, les intéressés puissent les transmettre à qui de droit. Mais avant, il est serait bienséant que les autorités fassent la lumière sur cette affaire. Le régime de l’impunité qui règne dans l’administration de la santé annihile les efforts de développement du système de santé et pénalise les populations.