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Kofi YAMGNANE : "En exigeant de fait la rétroactivité de la loi, l’Opposition a exposé publiquement son amateurisme et son irresponsabilité!"
Publié le mardi 29 juillet 2014  |  Le Médium


© L’Union par DR
Kofi Yamgnane, président de SURSAUT-Togo


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A quelques mois de la Présidentielle 2015, qui constitue aujourd’hui l’appât des hommes politiques notamment ceux de l’opposition, et pour diversifier les points de vue et se faire une opinion de la compréhension et de la position de tout acteur politique, nous nous entretenons avec le leader de SURSAUT-TOGO.

Avec son franc parlé, Kofi YAMGNANE démontre l’amateurisme de l’opposition et dénonce surtout son irresponsabilité parlant de leur exigence en ce qui concerne la rétroactivité de la loi dans le cadre des réformes institutionnelles et constitutionnelles.

L’exclu de l’élection présidentielle de 2010 fustige également dans cette interview exclusive la complicité entre l’opposition et le parti au pouvoir. Car selon son observation, ” les responsables politiques au Togo ont accepté depuis très longtemps, un jeu de rôles qu’ils se sont attribués : ceux qui gouvernent et ceux qui s’opposent sont tous les deux heureux chacun de son statut et des ” avantages ” qui y sont attachés et qu’il en tire. “

Les députés UNIR viennent de rejeter le projet de loi sur quelques réformes constitutionnelles, surtout sur la durée du mandat et le mode de scrutin. Comment réagissez-vous à cet acte posé par les députés UNIR?



C’est un vote très surprenant, mais il sort tout droit des méthodes du RPT/UNIR ! Ces réformes ont été recommandées par l’APG de Ouaga depuis 2006 ! Le RPT puis UNIR ont toujours refusé de respecter leur parole donnée à l’époque puisque l’accord avait été signé par ces mêmes protagonistes. Huit ans après, le gouvernement fait semblant de vouloir enfin lui donner une suite favorable. Mais dans le même temps, il donne la consigne à ses ” députés ” de s’y opposer… En bons godillots qu’ils sont, ils se sont exécutés, au nez et à la barbe du peuple togolais et de la communauté internationale.

Par cet acte, Faure a fait la démonstration de sa volonté de rester au pouvoir quoi qu’il en coûte aux Togolais.

Pensez-vous que les députés de l’opposition ont une responsabilité dans le rejet de ces réformes d’autant qu’ils réclament l’application immédiate de la nouvelle constitution en visant Faure Gnassingbé ?

Non, l’opposition n’a aucune responsabilité dans cette affaire ! Il n’y a qu’au Togo qu’il est scandaleux de demander l’application immédiate d’une loi votée par la représentation nationale dès lors qu’elle est promulguée par l’autorité ad hoc ! Toutes les démocraties fonctionnent ainsi !

Par contre, aucune loi ne peut être rétrospective ! En vertu de ce principe, Faure n’avait rien à craindre de l’adoption de ces réformes, puisqu’elles ne peuvent pas s’appliquer à lui, sauf s’il décide de lui-même de s’arrêter dès 2015 ! En tous cas, personne ne peut l’y obliger. En exigeant de fait la rétroactivité de la loi (car en fait c’est qu’elle demandait), l’opposition a exposé publiquement son amateurisme et son irresponsabilité !

Depuis 2007, ce sont ces deux réformes-là qui sont les principales que l’opposition réclamait à savoir élection à deux tours et 2 mandats non renouvelables. Pourquoi cherchent-ils aujourd’hui la petite bête en voulant l’exclusion de Faure Gnassingbé?

La réponse est dans la question : oui, c’est réellement ” chercher la petite bête ” et c’est totalement irresponsable, j’insiste !



L’opposition aurait-elle peur de Faure Gnassingbé ?

Non, je ne crois pas que ce soit de la peur ; je pense que c’est plutôt de la complicité. Selon mon observation, les responsables politiques au Togo ont accepté depuis très longtemps, un jeu de rôles qu’ils se sont attribués : ceux qui gouvernent et ceux qui s’opposent sont tous les deux heureux chacun de son statut et des ” avantages ” qui y sont attachés et qu’il en tire.

Sinon, comment comprendre qu’au lieu de faire de la politique, c’est-à-dire travailler sur des projets de développement du pays et d’amélioration du sort des populations, tous ne se contentent que de faire de la diversion?

Selon vous, quelle aurait été la bonne formule d’autant que le gouvernement ou le pouvoir a accepté les réformes sur le mandat et le mode de scrutin ?

Il fallait mettre le pouvoir devant ses responsabilités : accepter le principe de non- rétroactivité, proposer des amendements s’il y a lieu et mener le débat jusqu’à son terme. Cela aurait permis d’exposer au grand jour l’hypocrisie du pouvoir pour pouvoir le dénoncer auprès des Togolais et à la face du monde. Quel gâchis !

Comment appréciez-vous le gouvernement togolais qui fait des efforts pour une meilleure gestion du pays. Il améliore le climat des affaires, il a créé l’Office Togolais des Recettes pour une meilleure collecte des recettes du pays, la refondation de l’armée, le Fonds National pour la Finance Inclusive pour les plus pauvres, etc.

Comme vous le dites, il y a des efforts et les réformes accomplies vont ” théoriquement ” dans le bon sens, même si je pense que la priorité n’est pas là !


La priorité, c’est une réforme agraire digne de ce nom, sur le foncier et sur les méthodes culturales permettant aux paysans de produire plus et mieux pour nourrir tous les Togolais ; la priorité, c’est la création des conditions permettant à tous les Togolais d’accéder à la santé ; la priorité, c’est l’éducation et la formation des jeunes et l’éradication de l’analphabétisme chez les adultes ; la priorité, c’est le lancement de grands travaux d’infrastructure (chemins de fer, autoroutes, canaux, production et transport d’énergie…) pour donner du travail à toute cette jeunesse diplômée ou non, qui perd son temps, son énergie et jusqu’à sa dignité sur ces fameux ” zémidjans “; la priorité, c’est les réformes sociales qui ramènent la paix, l’entente, la confiance et la convivialité entre les Togolais, au lieu de confisquer l’économie au profit des seuls barons du pouvoir et de leurs familles, de laisser brûler les marchés et de ruiner nos commerçants, d’instrumentaliser la justice tout en violant quotidiennement la loi… et ainsi créer et nourrir ces criantes inégalités dont crève le Togo !

L’élection présidentielle de 2015 s’approche à grands pas. Serez-vous candidat et comment vous allez vous y prendre ?

Oui, bien sûr je serai candidat et je l’ai dit dès 2010, après le rejet de ma candidature. Je sais que le pouvoir ne le souhaite pas, comme si c’est lui qui se choisit ses adversaires ! Il s’évertue donc à semer toutes sortes d’embûches sur mon chemin, mais je ne me laisserai distraire par aucune de ses tentatives d’intimidation. Moi je travaille sur mon projet au bénéfice du Togo.

En 2010, il m’avait déclaré inéligible pour une sombre histoire d’acte de naissance ! Histoire incroyablement ridicule dont seul le Togo est capable ! Malgré toutes les difficultés qu’il m’a créées alors, j’ai réussi à refaire un acte de naissance conforme à ce que j’ai toujours soutenu, car c’est-à-dire la vérité ! La ” justice ” togolaise l’a finalement admis : j’y ai consacré 4 ans, mais j’y suis arrivé!

La nouvelle trouvaille pour tenter de me barrer la route, c’est le refus de mettre mon certificat de nationalité en conformité avec ce nouvel acte de naissance, parce que le pouvoir pense naïvement que j’ai cessé d’être Togolais par son seul vouloir ! Non, ce n’est pas ainsi que cela se passe : je suis né Togolais bien avant que tous ces gens-là voient le jour !


Je me prépare donc à entrer en campagne avec un projet de société nouvelle pour le Togo et un programme de gouvernement. Le moment venu, ces deux projets seront présentés au peuple togolais, débattus et amendés, le cas échéant, par lui.

Je souhaite une confrontation loyale et transparente, projet contre-projet ; programme contre programme. Je souhaite un scrutin serein, sans fraudes et sans violences.

Et que le peuple togolais choisisse le meilleur d’entre nous, en toute connaissance de cause et en toute liberté !

Quel est votre message pour le peuple Togolais?

Je connais bien et je comprends les inquiétudes du peuple togolais. Pour l’avoir écouté et entendu, je sais aussi ce qu’il attend de moi.

Je veux simplement lui dire que c’est pour moi un honneur mais surtout une responsabilité dont je mesure le poids, que de m’adresser à lui pour lui dire l’ambition que j’ai de m’associer à son destin, si telle est sa volonté.

Je veux lui dire aussi que je n’ai aucun contentieux personnel avec le Président de la République, ni avec aucun membre de son gouvernement : je leur reproche seulement de mal gouverner, ou plutôt de ne pas gouverner du tout, notre pays.

Je veux enfin lui dire que je n’ai aucune animosité particulière vis-à-vis de notre armée qui ne fait que ce que le pouvoir politique lui commande de faire.

Peuple togolais, oui, je connais tes souffrances. Mais laisse-moi te dire ceci:


Depuis l’oppression coloniale jusqu’à ce jour, la violence politique, l’étouffement des libertés, l’exclusion et la peur ont toujours caractérisé le débat politique au Togo. Leurs effets combinés ont engendré des ressentiments, des frustrations, des haines et des divisions qui se sont consolidés au fil des ans. Ces facteurs de déconstruction et de désunion ont produit à leur tour de profonds clivages à connotations tribalistes, ethno centristes et régionalistes largement politisés en théorie comme dans la pratique.

Dans notre pays, et vous le savez mieux que moi, l’engagement politique se ramène à s’opposer aux autres, c’est une posture générale ; c’est une mode. Certes, toute option politique tire sa justification de son originalité, de son caractère d’alternative par rapport à d’autres propositions. Mais au Togo, tel n’est pas le cas. Qui peut nous dire de façon convaincante, en théorie comme en pratique, ce qui différencie fondamentalement les principales formations politiques en lice, y compris le RPT/UNIR?

Au vu de tous ces éléments, ce que je vous propose très précisément, c’est plus qu’une alternance, c’est une alternative.

Tous les acteurs politiques qui se battent ici à la haine et à la mort prétendent paradoxalement poursuivre les mêmes buts politiques : la démocratie, la justice sociale, l’État de droit…etc.

Si tel était véritablement le cas, pourquoi depuis 50 ans qu’il est au pouvoir, le RPT/UNIR en soit encore à faire semblant de rechercher l’apaisement, après avoir semé l’injustice, la haine et la violence?

Si tel était véritablement le cas, pourquoi l’opposition togolaise se montrerait-t-elle alors si incapable de constituer un front patriotique face au RPT/UNIR ?

L’histoire récente de notre pays nous montre que toutes les alliances et coalitions connues jusqu’à ce jour ont été et sont encore de purs marchés de dupes, truffés de mensonges, de roublardises et de traîtrises !

La raison de cette culture politique atypique, de mimique et de contre valeurs, est à trouver dans les ambitions égocentriques des élites. C’est à cette culture politique de “facilité” et de superficialité que doit s’attaquer notre engagement politique, pour les dénoncer et pour poser de nouveaux paradigmes porteurs d’espérance et de progrès.

Je répète, nous ne nous opposons à personne dans la forme ou pour la forme, nous avons un projet sociétal fondateur à partager et à réaliser avec le peuple togolais : il est notre véritable interlocuteur.

Ensemble, ranimons les valeurs cardinales chantées dans notre hymne national mais que nous avons depuis longtemps abandonnées : l’humilité, le courage, le sens de la justice, de la responsabilité et du sacrifice, l’esprit créatif, l’empathie, la générosité et la compassion, l’esprit de tolérance et de paix, et par-dessus tout, au regard du contexte, l’amour de la patrie.

Propos recueillis par Credo TETTEH

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