Faure Gnassingbé est le genre de personnage à qui un Pape donnerait volontiers une Communion sans confession.
Tant son calme olympien et son apparence naïve rassurent d’emblée et rappellent l’allure tant recherchée de ces grands hommes de l’histoire qui ont consacré leur vie à travailler intensément sur leurs pulsions intérieures et sur la maîtrise de soi.
L’on le prendrait sans méfiance pour un agneau dont l’aspiration profonde ne peut qu’être la recherche permanente du bien et de la perfection.
C’est sans doute ces atouts apparents qui ont largement joué en sa faveur pour que le 05 février 2005, au décès brutal de son père, les officiers supérieurs de l’armée togolaise fassent le pari risqué de lui confier le pouvoir.
A la suite de cette armée, beaucoup de togolais y compris certains dans l’opposition étaient prêts à jurer que le Prince pouvait vraiment faire l’affaire au sommet de l’Etat.
Naïvement, l’on a cru qu’il suffisait de lui confier une mission de Réforme de l’Etat et un projet de Refondation de la République Togolaise pour qu’en 5 ou 10 ans, le fils du père mette en œuvre ce projet et cède le fauteuil dans une transparence incontestable pour permettre au Togo d’emprunter enfin la voie de sa démocratisation effective.
En 2005, à part la manière brutale et incongrue avec laquelle Faure a accédé au fauteuil laissé par son père, il y avait très peu de choses à lui reprocher surtout qu’Eyadema était mort dans un contexte de brûlure politique où aucune ligne ne bougeait vraiment dans le pays.
L’on se disait que le fils du père était forcément le moindre mal surtout que ce dernier donnait des gages apparents de sincérité et de droiture et surtout aussi que, pour être né au palais et longtemps travaillé dans l’ombre de son père, l’on se disait qu’il saurait mieux gérer ces barons véreux qui faisaient feu de tout bois.
Mais dis donc !!!! Mais dis donc !!!! Le temps a vite fait de démentir toutes ces belles idées et cette profusion heureuse de bonnes intentions que l’on portait gracieusement sur cet homme !!!! La jouissance et les privilèges du pouvoir ont très vite fait de métamorphoser cet «l’agneau» d’antan !!!
Certainement qu’il est en train lui-même de s’interroger intérieurement sur comment il a pu développer, en rien de temps, cette image négative qu’il présente aujourd’hui aux togolais !
Comment le Prince a pu développer en si peu de temps, cet appétit inattaquable pour le pouvoir au point de piétiner toutes les valeurs morales et spirituelles universellement admises pour s’éterniser indéfiniment au pouvoir ? C’est incroyable !
Comment il peut s’expliquer lui-même qu’une seule et même famille régente une République pendant plus d’un demi-siècle de cette manière aussi lâche sans offrir aucune possibilité d’ouverture démocratique ?
Aujourd’hui Faure a militarisé son pouvoir largement plus que son père ne l’avait fait en 38 ans de règne. Aujourd’hui encore, il a endetté le Togo bien pire que son papa ne l’avait fait en quatre décennies et ce malgré l’atteinte en décembre 2010 du PPTE où 90% des dettes du pays avaient été effacées par les partenaires.
Aujourd’hui encore et toujours, il a verrouillé tout l’appareil de l’Etat beaucoup plus qu’Eyadèma ne l’avait fait durant son long règne au pouvoir. Où va le Togo avec un tel style de gouvernance?
Son refus obstiné d’opérer les réformes politiques ont fini d’afficher sa vraie image aux yeux de tous les togolais et de la communauté internationale.
Mais quelle gloire peut-il tirer de cette manière peu orthodoxe de gérer les hommes en ce 21ème siècle au moment où tout le monde œuvre pour l’éclosion effective des esprits et des valeurs universellement admises dans tout pays?
Comment entend-il assumer sa jeunesse et sa fameuse formation française et américaine si son style de vie et de travail doit autant reposer sur des principes aussi rudes que rigides qui rappellent tristement les monarchies les plus abouties que le monde ait connues de par le passé?
Il me semble que nous sommes bien en face d’un vrai gâchis. Faure Gnassingbé a curieusement fini, en 10 ans, de manquer l’occasion unique de rentrer dans l’histoire par la grande porte et c’est vraiment triste pour lui et pour le Togo.