C’était dans la nuit du 31 décembre 2013 à 20heures que dans son traditionnel discours de fin d’année, Faure Gnassingbé a fait cette alléchante et ferme promesse d’instaurer la parité au Togo, notamment dans les postes électifs.
Pour justifier une telle décision, le Prince avait, dans des propos très mirobolants, vanter l’égalité entre l’homme et la femme et le rôle prépondérant que joue cette dernière dans le processus d’édification d’une nation économiquement forte.
Dans la foulée, c’est l’Assemblée Nationale d’alors qui va matérialiser cette promesse avec le vote d’une loi confirmatif du vœu du Prince. Du coup, des associations et regroupements de femmes se sont déchainées pour ne jurer que par la personne du fils d’Eyadema.
Très naïvement, beaucoup d’entre elles ont laissé leurs activités quotidiennes pour rentrer en pré-campagne électorale pour Faurevi qui, pensaient-elles, allait enfin leur accorder la place qui leur est due dans la société togolaise.
On a vu la convention des femmes pour UNIR s’activer avec énergie pour mobiliser les femmes de Lomé à Dapaong autour de la vision du Prince togolais.
A l’époque, nous avions écrit un article pour nous étonner de ce que Faure Gnassingbé puisse circonscrire une telle disposition aux seuls postes électifs alors même qu’il a le pouvoir, en sa qualité de Chef de l’Etat, d’instaurer d’emblée cette parité dans la gestion même de l’Etat à travers les nominations aux postes de responsabilité.
Nous avions du coup douté de la sincérité d’une telle annonce dès lors que Faure Gnassingbé a choisi la voie la plus compliquée pour mettre en œuvre une telle mesure.
Hollande avait promis un gouvernement paritaire en France, il l’a fait dès la formation de sa première équipe, il l’a encore fait avec la deuxième équipe gouvernementale sans attendre l’autorisation de qui que ce soit.
Et nous avions dit à l’époque que si Faure était sincère, il aurait naturellement donné le ton de cette parité dans la formation de son gouvernement. L’article en question n’avait pas trop attiré l’attention des femmes qui, à l’époque, étaient déjà tombées dans l’illusion complète d’un bonheur qui, en réalité n’existera guère.
Il a fallu l’organisation des élections législatives de juillet 2013 pour que des gens se rendent à l’évidence que cette promesse du Chef n’était que de la poudre aux yeux. UNIR, le parti du Chef n’avait pu, sur les listes de ses candidats à ces élections, respecter cette promesse du Chef. Et pourtant, ces listes ont été de bout en bout définies et arrêtées au palais de la Marina au vu et au su du Prince. Que dit-il alors de sa parité ? Il a vite fait de l’oublier.
Puis vint le gouvernement formé à la suite de ces élections, aucune trace de la parité. L’Assemblée elle-même ne comptera qu’à peine une dizaine de femmes sur 91 députés.
Aujourd’hui, au moment où l’Afrique célèbre sa femme et la met à l’honneur, il nous paraît judicieux d’interroger le Président de la République sur ce qu’il veut faire de sa parité qu’il a brandie en plein discours de fin d’année 2013.
C’est donc vrai qu’ayant fait le constat que la population togolaise est dominée par les femmes, Faure a tout simplement voulu se jouer d’elles pour les déchaîner dans une campagne électorale qui va lui faire gagner 62 députés à l’Assemblée Nationale?
Comment comprend-il la parole d’un Chef dans une société organisée comme celle du Togo ? C’est impensable et même malheureux pour notre pays d’entendre une parole sortie de la bouche de son guide et qui tombe aussitôt dans l’oubliette.
Dans tous les cas, pendant qu’il est encore sur ce piédestal de l’Etat, tous les togolais attendent encore et toujours que le Prince tienne parole. Tous les togolais espèrent voir sous Faure Gnassingbé, une ministre de l’économie ou une ministre de la justice. Au moins ça !!!
Au moins à ces deux postes stratégiques de l’Etat, si Faure tient à bâtir une société polie et instaurer une gestion saine des affaires de l’Etat, il pourra rendre hommage à nos mamans en cédant les deux postes en question à des femmes dignes dont il a lui-même vanté, les vertus morales.
Quand nous parlons de femmes dignes, nous entendons par là, des femmes intellectuellement assises, mais surtout aussi des femmes qui ont, par expérience développé la fibre maternelle dans un foyer réellement établi. Il ne s’agira pas des acariâtres, bien pire que les hommes aux mœurs légères, comme l’on en a connu dans un passé récent au Togo.
Sans doute qu’en consacrant de tels postes nominatifs aux femmes de ce rang, Faure donnerait là, la preuve qu’il lutte réellement contre la corruption et le pillage systématique des ressources de l’Etat par une minorité et qu’il est vraiment contre l’instrumentalisation éhontée de la justice dans notre pays.
Quelle femme digne de ce nom ayant un sens aigu de la famille cautionnerait la traque des adversaires politiques par des cochonneries judiciaires qui sont actuellement légion au Togo?
Quelle maman réellement éprise des valeurs morales concevrait l’injustice sociale et l’inéquitable répartition actuelle des richesses de l’Etat si elle détient le pouvoir de l’économie et des finances au Togo?
Monsieur le Président, le peuple attend encore et toujours de vous voir à l’œuvre et de tenir, ne serait-ce qu’une fois votre parole à son égard. Cela ne saura que vous grandir et nous ennoblir à ses yeux.