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Quelle solution pour les grossesses précoces dans les écoles togolaises ? (Dossier)
Publié le lundi 4 aout 2014  |  icilome




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Au Togo, l’éducation de la jeune fille est menacée par des cas de grossesses souvent recensés en milieu scolaire.



En exemple, entre 2009 et 2012, une enquête du ministère de l’Enseignement Primaire et Secondaire laisse voir que, 5343 cas de grossesses ont été enregistrés sur toute l'étendue du territoire national. Parmi eux, 230 filles du primaire. Lors de l’année scolaire 2012-2013, près de 7000 grossesses précoces ont été enregistrées. Et les statistiques laissent voir qu’au Togo, 17,3% de grossesses sont précoces, 7,3% des filles-mères ne sont pas encore majeures, 7% des femmes de 15 à 49 ans mariées l’ont été avant l’âge de 15 ans et 29,1% avant l’âge de 18 ans.



Le drame dans le milieu éducatif échappe aujourd’hui à tout contrôle avec pour conséquence, des jeunes filles qui écourtent leurs études au détriment des garçons, qui eux poursuivent leur cursus scolaire en toute tranquillité.

Le phénomène n’épargne pas les enfants. Des petites filles du cours primaire dont l’âge est souvent compris entre 08 et 12 ans sont aussi victimes de ces grossesses précoces. Il s’agit souvent des rapports sexuels entre enseignants-élèves, élèves-élèves ou un individu externe au système éducatif.

Ces dérives graves dans le système éducatif au Togo sont souvent restées impunies même si le législateur togolais a prévu des dispositions légales, des peines allant jusqu’à 10 ans de prison pour les présumés auteurs. Mais, ces textes ne sont nullement respectés et l’éducation de la jeune fille togolaise est en danger.

Les grossesses dans les écoles togolaises deviennent trop inquiétantes. L’inquiétude se justifie par le fait que, les grossesses précoces touchent les filles adolescentes dans les écoles primaires.

Eh bien, si hier, les auteurs des grossesses précoces sont les enseignants, aujourd’hui, la donne a changé. Et c’est entre les élèves eux-mêmes que la scène se déroule. Comment freiner le phénomène trop tôt ?

Pour répondre à cette question, un forum s’est tenu le 02 août dernier dans les locaux de l’Hôtel Centrale de la ville de Sokodé. Ce forum qui s’inscrit dans le cadre de l’enregistrement de l’émission «Carnet Scolaire», a regroupé plusieurs acteurs impliqués dans les problèmes de l’éducation au Togo. Inspecteurs, personnes ressources en éducation, élèves, Ongs, tous ont brisé la glace en abordant la question sans tabou.

Deux sujets ont été abordés : le phénomène des grossesses dans les écoles (les réelles causes et les réels auteurs) et la motivation des filles pour les sciences.

L’émission vise à réveiller les consciences aussi bien chez les parents, les élèves que les dirigeants en charge de l’éducation au Togo.



Des témoignages sur les cas de grossesses par ci, le mariage précoce par-là, sont entre autres tristes réalités partagées par les uns et les autres avec l’assistance. Des propositions, des pistes de solutions sont également proposées par les participants.

Ainsi, le sujet portant sur le mariage précoce d’une élève musulmane qui passe en classe de 3ème au terme de l’année scolaire qui s’est achevée depuis quelques semaines, a été abordé sans crainte. Une enseignante qui a voulu convaincre les parents de la fille, n’avait pas pu. Car les parents, se basant sur le Coran, estiment que, c’est légitime. Les responsables Islamiques de la région présents à ce forum, à l’image de Issa Touré Nasser, représentant le chef spirituel, clarifie la position de sa religion : marier sa fille précocement en se cachant derrière une prescription coranique n’est pas vraie.

Selon lui, le Coran n’a jamais dit une telle chose. Et ceux qui s’adonnent à cette pratique, font une mauvaise interprétation du Coran.

"Comment comprendre qu’en Arabie Saoudite, il y a une Université pour les filles et on se permet de dire une telle chose"?, s’interroge, le représentant spirituel. Cet avis est celui partagé par les nombreux musulmans présents dans la salle.

"La religion musulmane n’a jamais encouragé le mariage précoce. Elle a encouragé plutôt la jeune fille à aller à l’école. Il faut connaître la religion et non l’interprétation autrement comme le font certains en tombant dans l’extrémisme", a indiqué Issa Touré Nasser.

Le guide s’étonne d’ailleurs pour le fait que, Sokodé composé des populations à 90% musulmans enregistre un tel score de grossesse. On parle de plus de 1000 grossesses lors de l’enquête du ministère de l’Enseignement Primaire et Secondaire.

Le Préfet de la localité, Tchemi Tchambi reconnaît de son côté la portée du phénomène. Selon lui, c’est une situation grave qui interpelle. "C’est une situation qui nous interpelle en tant que parents", dit-il.

C’est une responsabilité partagée reconnue par les uns et les autres. Parents, élèves, enseignants, autorités, chacun à sa part de responsabilité.



Pour Mme Marie Nakole AMAI-Looky, inspectrice des enseignements Préscolaire et Primaire, la première responsabilité revient aux parents. Ces derniers font de la sexualité, un sujet tabou. Même chose chez les enseignants qui n’abordent pas de façon générale, la question de sexualité avec les élèves.
"Il faut que nous essayons de parler de la sexualité à l’école", insiste Mme Marie Nakole AMAI-Looky.

Elle reconnaît que, à Kara, les cas de grossesses sont bel et bien là. Mais, seulement dans les écoles secondaires, le phénomène est en déclin.

"On peut dire que, le phénomène est en déclin au niveau des préscolaires et primaires, mais dans les lycées, le phénomène persiste. En tant que parents lettrés, nous devons aider les autres. Nous devons peser de notre poids pour assister les autres qui ont besoin de nous, par des sensibilisations, en les aidant dans l’éducation parentale", a poursuivi Mme AMAI-Looky.

Combien de parents parlent à leurs enfants à chaque étape de leur évolution corporelle ? Nous devons changer de comportement », renchérit de son côté, le maire de la Ville de Sokodé, Alassane Tchakpédéou, précisant que, dans les 114 sourates du Coran, aucun chapitre n’encourage la pratique liée au mariage précoce.

La plupart des élèves à ce forum n’ont pas échappé à l’avance des garçons. Mais, elles disent repousser les garçons avec un rejet catégorique.

Elles pointent du doigt en général, leurs parents et appellent les Pères à jouer un grand rôle dans la question de sexualité de leurs filles, étant donné que, les mères sont en majorité, des analphabètes.

Mlle Assoumatine n’a pas oublié de parler aussi des groupes de pairs et n’a pas encouragé la compagnie de groupe d’amies. Selon elle, sa préoccupation, c’est l’éducation, raison pour laquelle, elle évite la compagnie des autres filles camarades qui ne donnent toujours pas de bons conseils.




Non actualisation des textes, manque de formation pour les enseignants, non application de la loi au niveau de la Justice, les causes institutionnelles, la tolérance sociale, priorité des parents à encourager la procréation à leurs filles sont les différentes causes énumérées par les uns et les autres.

Prise de conscience des autorités

Eu égard à l’ampleur du phénomène, le Centre Autonome d’Etudes et de Renforcement des Capacités pour le Développement au Togo (CADERDT) avait réuni à Lomé tous les acteurs du système éducatif togolais. Objectif, réfléchir sur les causes, les conséquences et trouver des approches de solutions pour faire face à ce phénomène.

Occasion pour la ministre de l’Action Sociale, Mme Dédé Ahoéfa Ekoué de la Promotion de la Femme et de l’Alphabétisation, de relever que le phénomène de grossesse en milieu scolaire commence à avoir des proportions "de plus en plus insistantes".

Même les "petites" filles du cours primaire dont l’âge est compris entre 8 et 12 ans, sont aussi victimes de ces grossesses précoces, dit-elle.

"Ce phénomène risque d’être un frein à la politique de promotion de la femme. L’engagement ferme et résolu du Gouvernement dans la lutte contre le fléau des grossesses en milieu scolaire, non seulement à travers la redynamisation de l’éducation à la vie familiale en matière de population visent à encourager l’éducation de la jeune fille au Togo et l’appui à toutes les actions permettant de maintenir la jeune fille togolaise dans le système éducatif", a souligné Mme Dédé Ekoué Ahoefa.



Motivation des filles pour les sciences

Le sujet sur la motivation des filles à la science dans les écoles au Togo abordé à Sokodé est venu selon les participants à point nommé. En Juillet dernier, le Togo comme tous les autres pays, ont célébré la 52ème journée de la femme africaine. Et le thème retenu est « rôle des femmes et des filles dans l’éducation, les sciences et les Technologies en vue d’une Renaissance Africaine ».

A Sokodé, les uns et les autres sont tous unanimes qu’il est nécessaire d’encourager la jeune fille aux matières scientifiques. Le domaine des sciences est aujourd’hui embrassé par une infime partie de filles. Or, on ne peut pas aller au développement en se focalisant seulement sur des disciplines comme la littérature, et autres.

Pour Mme Dédé Ekoué Ahoefa, il est question de promouvoir les femmes et les filles dans l’éducation, la science et la technologie, faire un plaidoyer auprès des partenaires pour faciliter l’accès des filles aux filières scientifiques et technologiques. Elle a reconnu que, malgré les efforts de tous les acteurs, Etat, société civile, secteur privé et familles, les femmes et les filles restent encore trop peu nombreuses dans ces secteurs des sciences et technologies.

Au Togo, le peu d’intérêt accordé par les filles dans ce domaine est révélateur à travers le taux de réussite. En témoigne les chiffres que présente Mme Dédé Ekoué Ahoefa : le taux de réussite des filles dans les domaines scientifiques est de 33% et en technologie 4% les années 1999-2000 et 18% entre 2008-2011.

Raison pour laquelle, Mme Dédé Ahoefa a lancé une invite au secteur privé à s’investir plus aux côtés du gouvernement afin d’encourager l’éducation de la jeune fille et surtout dans la promotion des femmes et des filles dans l’éducation, les sciences et les technologies.
En attendant, un vaste programme de sensibilisation de trente jours sur le thème se déroulera sur toute l’étendue du territoire nationale pour le compte du mois d’août 2014. Fin

Réalisé par ATISSO. Y.Linus.

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