Partons d’un parallèle. Il est de notoriété publique qu’un match de football qui oppose deux équipes sur un terrain, exige de la part de l’arbitre une bonne dose d’impartialité et d’équité pour assurer un bon déroulement et une issue heureuse du jeu.
Et pour agir de façon professionnelle et juste, l’arbitre doit s’inspirer uniquement des règles du jeu qui sont préétablies et bien connues de tous.
Dans une procédure judiciaire, il y a la défense et la partie civile qui constituent les deux équipes dont l’arbitre du match est le ministère public donc l’Etat chargé d’arbitrer la procédure dans l’intérêt bien compris de la loi. De la manière dont l’arbitre va officier cette procédure dépendra alors l’issue du procès qui va départager les deux parties.
Mais dans le cas où les deux équipes décident de jouer honnêtement et professionnellement le jeu selon les prescrits du code de procédure pénale pour permettre une éclatante manifestation de la vérité sur le litige qui les oppose et qu’à contrario, le supposé arbitre se décline de sa mission sacerdotale pour non seulement prendre le camp d’une équipe, mais mieux, se transformer purement et simplement en équipe adverse jouant et officiant à la fois, il y a nécessairement péril en la demeure.
C’est malheureusement ce qui se présente dans le fameux dossier d’escroquerie internationale qui, au fil du temps, s’est littéralement mué en un dossier Bodjona.
L’arbitre, donc l’Etat du Togo par le biais de ses politiques, a décidé de se transformer purement et simplement en un poursuivant de Pascal Bodjona en lieu et place de la partie civile.
Cette insoutenable déviation de l’Etat est tellement fragrante que même la partie adverse qui est supposée tirer profit de l’injustice de l’arbitre est obligée, elle aussi de crier au scandale. Tout cela se passe au Togo, sur la terre de nos aïeux.
En effet, lundi, Me Jean Dégli, avocat de l’émirati donc du plaignant dans cette affaire d’escroquerie était sur KNTB, une des radios privées de Lomé où le sujet était à l’ordre du jour. Ses réponses sur les affres et la persécution judiciaires dont souffre Pascal Bodjona dans cette curieuse affaire étaient particulièrement instructives.
Il a fait preuve d’une droiture et d’un courage étincelants qui témoignent de son identité de juriste et d’honnête citoyen. L’homme ne s’est guère reconnu dans ces multiples procédures qui sont initiées contre Pascal Bodjona. Mieux, il a juré que jamais l’on ne se servirait de ses mains d’avocat pour condamner un innocent. Jean Dégli a finalement tout dit.
Il ne saurait d’ailleurs en être autrement car dans ce dossier, le cabinet conseil de la partie civile avait déjà écrit à la Cour Suprême pour dire qu’il ne s’associait pas à la procédure artisanale qui est à nouveau initiée contre Pascal Bodjona et acte leur a été donné par le président de la chambre judiciaire de la cour suprême avant sa forfaiture du 24 juillet dernier.
L’on conclut aisément que Me Jean Dégli est un homme de droit qui assume autant que possible ses responsabilités.
L’on se rappelle que déjà le 02 septembre 2012, au lendemain de l’interpellation de Pascal Bodjona, Jean Dégli avait clairement dit à la gendarmerie nationale que la deuxième plainte qui était mise en mouvement contre l’ancien bras-droit de Faure Gnassingbé était illégale.
Il a fallu plus d’un an pour que l’Etat du Togo, le supposé arbitre, le comprenne et l’annule purement et simplement.
Mais, comme si cela ne suffisait pas, le même Etat qui s’est magistralement transformé en adversaire de Pascal Bodjona, a trouvé le moyen alchimique d’inculper à nouveau le même prévenu dans une autre procédure pour les mêmes faits qu’il est supposé avoir purement et simplement éteints.
Voilà comment les dirigeants actuels du Togo sont assommés par une folie déconcertante qui indique clairement qu’ils sont en perte magistrale de repère.
Comment un homme de droit comme Me Jean Dégli qui d’ailleurs a déjà payé les frais de ce genre d’injustice au TPIR pourrait cautionner ces cochonneries judiciaires ? Il fait bien de rester droit dans le droit.