Après deux jours de discussions dans le cadre du conclave CST - Arc- En-Ciel, même si les responsables du CST parlent tres peu de ce conclave pour le moment, ceux de la coalition s’entourent d’un optimisme qui dépasse toute attente. Ils saisissent toutes les occasions pour dire les biens qu’il faut de cette initiative. Ils sont 18 acteurs politiques, 9 du CST et 9 de la CAEC à se frotter sur les critères devant conduire au choix du candidat unique de l’opposition et du programme sensé soutenir ce choix. Voici ce que nous a dit le président du parti Le Net, M. Gerry Taama...très confiant.
pa-lunion.com : Gerry Taama, bonjour !
Gerry Taama : Bonjour !
pa-lunion.com : Le conclave que vous faites avec vos collèges du Collectif « Sauvons le Togo », est-ce que ça va aboutir ?
Gerry Taama : Ça va aboutir. Autrement, on ne l’aurait pas initié. Je pense qu’aujourd’hui, il y a une plus grande prise de conscience de la part de l’ensemble des acteurs politiques. Cela n’nécessitait d’avoir une démarche unitaire, et le conclave s’inscrit bien entendu dans cette prise de conscience, et moi j’ai beaucoup confiance, eu égard, de toute façon à l’esprit dans lequel on le fait, l’esprit d’ouverture, l’esprit de l’acceptation de l’autre. J’ai une grande confiance à l’aboutissement de ce conclave.
pa-lunion.com : Et vous vous dites quoi au cours de ces différentes discussions que vous avez enclenché, parce que ça fait plus d’un mois, voir deux que nous avons appris que vous tentez de vous entendre sur le nécessaire, avant qu’on ne nous parle de ce conclave ?
Gerry Taama : Non. Vous pensez bien, de toute façon dans un premier temps que, comme le conclave n’est pas encore arrivé au bout, puisqu’il y a encore des discussions à venir, les détails des discussions restent pour le moment confidentiels ou protégés.
Mais sur la forme, il est évident que, la nécessité de la démarche unitaire, que ce soit pour initier les contestations sur, par exemple les sept lois scellées, cette constitution sellera qui continue à être en vigueur dans notre pays, ou que ce soit pour s’organiser pour mieux affronté le candidat du parti au pouvoir lors des élections prochaines.
Ces deux points sont bien entendu envisagés, tant, lors des rencontres précédentes, que lors de ce conclave. J’aimerais quand même attirer vote attention que, que ce soit au dialogue Togotélécom, que ce soit sur la réaction sur la mise en examen du député Targone ou que ce soit sur d’autres sujets, vous avez vu quand même qu’il y a une solidarité, une unicité de voix de la part de l’ensemble de l’opposition. Au moins, en ce qui concerne les partis parlementaires, ou bien en ce qui concerne les deux regroupements de l’opposition. Donc, ce n’est pas quelque chose qui est nouveau. Maintenant, sans aucun doute, un tel conclave permet de mieux formaliser ce qui existait déjà, de mieux l’encadrer, et peut être d’avoir une vision unique et une stratégie unique également pour affronter surtout les échéances à venir.
pa-lunion.com : On a toujours vu ça au cours des dernières élections surtout présidentielle. Une opposition qui s’entend bien jusqu’à la veille et puis ça casse pour des intérêts partisans. Est-ce que vous pouvez nous dire que maintenant, déjà, avec l’allure à laquelle les choses se passent, il ne sera pas secret de voir demain un candidat unique de l’opposition ?
Gerry Taama : Il y a trois éléments qui me permettent d’avoir de l’optimisme. Parce que, on n’a pas la boule de cristal pour vous dire que au sortir de ces consultations, on aura la fameuse fumée blanche. Mais il y a trois éléments. Je pense que le premier, nous faisons cette entente là avec une très grande anticipation. Les autres années, c’est parfois un à deux mois, parfois un à deux semaines de l’élection que les gens se réunissent. Donc, on a un rassemblement de brique et de broque, avec une sincérité parfois même assez difficile, parce que, certaines personnes acceptent sous le bout de langue et finissent même par mettre plus de peaux de banane sous le pied de la personne à qui ils ont donné le quitus pour les représenter.
Donc ça, c’est le premier élément. Le deuxième élément, c’est que, aujourd’hui, les élections législatives passées montrent qu’il n’y a aucune formation ou aucun regroupement de parti politique qui soit à même, à lui tout seul de gagner Faure Gnassingbé. Je répète toujours les chiffres que j’ai, qui sont des chiffres issus des résultats de la CENI. C’est que, au lendemain de ces élections, UNIR a 44%, le CST a 28%, Arc-en-ciel a 11% et puis l’UFC a 08%. Donc, il n’y a pas, quand vous regarder, la personne qui se rapproche le plus, dans l’hypothèse même d’une candidature à un seul tour, c’est UNIR. Puisque, avec ces 44%, il peut se permettre même d’aller à cette élection tout seul et en comptant sur la division de l’opposition.
Mais si nous avons envie d’une part de donner une chance à une démarche unitaire, et d’autre part, parce que, quand vous faites 28 plus 11, ça ne fait que 39, si nous voulons impulser une dynamique populaire, c’est-à-dire, amener, et là aussi, c’est un élément que j’aimerais apporter à la connaissance de ceux qui nous écoutent, en 2010, on a fait une élection avec 87% de taux de participation. Depuis 2010 et 2013, on a 65% du taux de participation. Donc, il y 22% de togolais qui sont des gens qui ont voté majoritairement l’opposition, qui ont cessé de voter, puisque le taux du parti au pouvoir est resté le même. Donc, on a 20% de togolais qui n’ont plus confiance, et qui ne peut revenir que par une démarche unitaire.
pa-lunion.com : Et ces 22% peuvent voter contre vous demain !
Gerry Taama : Ces 22% peuvent s’abstenir comme ils l’on fait en 2013. S’il n’y pas un signal fort qui montre que l’opposition a changé, et ces 22% peuvent également être séduits par le parti au pouvoir et aller voter pour eux, mais la constance qu’il y a, c’est que, depuis 2007, on a 67% de taux de participation, on peut l’amener à 85 comme l’a eu en 2007. Maintenant le troisième élément qui me rend optimiste, c’est que, nous avons suffisamment de temps pour désigner au peuple togolais, le frein à l’alternance et à la démarche populaire, si éventuellement, sur les démarches que nous sommes entrain de faire il y a quelqu’un qui s’y oppose, alors qu’il y a un consensus des autres formations politiques.
Donc, nous avons, et tout le monde sait, ce danger là, nous avons largement le temps de dire, écoutez, si l’alternance n’arrivent pas, si nous n’arrivons pas à avancer, c’est parce que tel, tel ou tel est le frein et que la sanction populaire peut s’appliquer à cette personne. Donc, sur la base de ces trois éléments, personne tout seule ne peut gagner, à savoir que, nous avons largement le temps de le faire et à savoir que, toute personne qui va se mettre en travers de cette démarche, va bien entendu subir la foudre de la vindicte populaire. Je pense que sur ces trois raisons là, il y a de quoi être optimiste.
pa-lunion.com : Je suis déjà candidat, ou candidat naturel, ou je suis le plus aimé des candidats possibles de l’opposition, ou encore, je suis le chef de fil de l’opposition. Est-ce que tout cela ne constituera pas des freins pour que les discussions là aboutissent le plus vite possible ?
Gerry Taama : Non, vous savez, quand on est à la tête d’un parti politique, c’est qu’on a envie de ravir le siège supérieur qui est la présidence. Donc, c’est tout à fait naturel que dans ce genre de cheminement, surtout quand on rentre dans une logique qui est la notre, à savoir, obligation d’avoir un candidat unique, c’est un peu comme une bataille de coq dans une basse cour. Il y a chaque coq qui montre un peu les plumes pour montrer que, c’est lui qui est le préféré ou le mieux indiqué. Mais il y a une constance, c’est que, la personne qui va être choisi, il y a une obligation de ralliement des autres sur sa candidature. Donc, personne dans cette démarche là n’a intérêt à se positionner en candidat, que ce soit naturel ou bien sur n’importe quel critère en disant, écoutez, les autres doivent venir.
Parce que si les autres ne montrent pas automatiquement des envies de se rallier, lui tout seul ou cette candidature toute seule n’aura pas la chance de gagner. Donc, ce que je peux vous dire, c’est que, sur les discussions qu’il y a déjà eu, il y a une humilité qui est partagée par l’ensemble des acteurs, que ce soit moi Gerry Taama, je ne suis pas candidat donc je peux le dire d’autant plus avec aisance, et que ce soit pour ceux qui sont plus ou moins déclarés officiellement candidat, donc, cette humilité, cette ouverture d’esprit, présage quand même d’une capacité à faire un sursaut et à comprendre que dans cette démarche unitaire que nous voulons impulser, tout le monde peut être choisi, et partir du moment où il y a une unanimité ou bien il y a une majorité de voix qui s’aligne sur cette personne, on doit suivre pour donner une chance à l’alternance dans ce pays.
pa-lunion.com : Monsieur Gerry Taama, Monsieur Koffi Yamgnane depuis l’extérieur, a annoncé déjà qu’il est candidat. Vous avez cité les 08% de l’Union des Forces de Changement que votre Coalition ne veut pas considérer de l’opposition. Aujourd’hui, est-ce que vous avez besoin d’eux pour faire une forte coalition de l’opposition face au candidat du parti au pouvoir, ou vous resterez Coalition Arc-en-ciel et CST si la dynamique reste la même?
Gerry Taama : Ma conviction personnelle, et c’est la conviction de mon parti, c’est que, aujourd’hui, on a besoin de tout le monde. Et vous savez, il y a un pays sur lequel on prend de l’exemple souvent, c’est le Sénégal. Mais, pour battre Wad, il a fallu que l’opposition s’accoquine même avec des gens qui, il y a de cela deux ou trois semaines étaient des soutiens à Wad. Donc pour moi aujourd’hui, pour gagner, il faut mettre toutes les chances de notre côté et faire taire les vielles disputes.
L’alternance est au-delà des luttes d’égo et de luttes d’opposition qui existent, parfois pour certains depuis les années quatre vingt dix. Donc, pour moi, le conclave dont on parle est un point de départ. Mais il est évident, je parlais tout à l’heure d’une démonstration de force, les différents candidats ou les présidentiables vont commencer dans un premier temps à faire des démonstrations, mais je crois que personne n’a envie, s’il y a déjà à côté, une grosse union de l’opposition, d’aller en rang dispersé, perdre son argent et perdre son crédit.
Parce qu’il y a l’argent et le crédit. Donc si le plus grand nombre se met ensemble, au fur et à mesure, les autres vont comprendre la nécessité de rentrer dans cette dynamique et donner des chances à l’opposition. Maintenant si des gens décident de faire cavalier seul, il ne faut pas les en empêcher. Mais je crois que le peuple est suffisamment mature aujourd’hui, le peuple voit suffisamment la différence pour faire une sanction populaire à ces personnes là aussi, qui voudrons peut être divisé les rangs de l’opposition.
pa-lunion.com : Est-ce que Gerry Taam commettra l’erreur de ne pas être candidat en 2015 ? Parce ce que, déjà, beaucoup estiment que dans dix ans, ce sera ces jeunes que vous et certains représentent aujourd’hui dans la classe politique qui feront la différence. Donc il faut dès à présent commencer par s’afficher en tant que candidat à la présidentielle ?
Gerry Taama : Gerry Taama et le NET est inscrit dans l’obligation pour l’ensemble de la classe politique togolaise à avoir un candidat unique. Gerry Taama et le NET dit, Le NET et Gerry Taama sont prêts à mettre toute leurs énergies, d’abord dans la recherche de solution pour avoir cette candidature unique et aussi dans l’accompagnement de cette candidature unique. Donc, il ne faut pas en ajouter la confusion.
C’est dire qu’aujourd’hui nous avons encore besoin de plus d’expérience et que pour avoir cette expérience là, il faut accompagner cette dynamique populaire. Il y a des gens qui sont déjà candidat déclaré et nous disons qu’on doit mettre toute notre énergie, toute notre capacité, arrondir les angles pour qu’on ait un candidat unique. Maintenant après, il peut avoir une question qui se poserait, qu’est-ce que Gerry Taama et le NET ferait en cas d’incapacité pour la classe de l’opposition d’avoir un candidat unique. Oui, dans ce cas là, on peut se poser des questions. Mais aujourd’hui nous ne sommes pas absolument dans cette situation.
Aujourd’hui, c’est accompagner par tous les moyens possibles nos grands frères à trouver un mécanisme pour avoir un candidat unique, à faire bloc derrière cette personne et à donner au peuple togolais, cette alternance à laquelle, le peuple aspire depuis maintenant une cinquantaine d’années.
pa-lunion.com : Si non ?
Gerry Taama : Si non, en ce moment là, on retournera vers notre base, déterminer exactement quelle sera la réponse du NET en cas d’incapacité pour l’opposition d’avoir une candidature unique. Mais vous savez que dans ce genre de chose, c’est plutôt l’investiture du parti. Donc, le parti fera un mi-congrès pour savoir exactement s’il faut rentrer dans une stratégie de positionnement ou il faut constater l’échec et puis laisser le peuple togolais, sanctionner durement, les personnes qui sont responsables de cet échec là.