Dans une interview accordée à iciLome.com, l’ex 3e Vice-président de l’Union des Forces de Changement de Gilchrist Olympio aborde différents sujets : les présidentielles de 2015, le sommet USA-Afrique, la candidature de l’Opposition, celle de Faure Gnassingbé et son pardon à Gilchrist Olympio. Lecture.
iciLome.com : Le Togo se prépare à aller aux élections présidentielles probablement en mars 2015. Mais déjà, deux chef de formation politique annoncent leur candidature. Qu’est- ce que cela vous dit ? Est-ce des annonces de trop, étant donné que des togolais appellent l’opposition à une candidature unique face à UNIR?
Nicodème Habia : Merci. Je crois que nous sommes en démocratie et tous les partis politiques ont le droit de présenter leur candidat, parce que, l’objectif d’un parti politique, c’est d’accéder au pouvoir. Avoir plusieurs candidats, ce n’est pas un problème.
iciLome.com : Mais certains togolais estiment que, pour une victoire de l’opposition, il faut une candidature unique.
Nicodème Habia : Unique ou pas, rire. Est-ce que l’opposition s’est déjà préparée pour avoir sa victoire ? Est-ce que l’opposition s’est préparée pour avoir une élection libre et transparente ? Pas du tout. Il faut d’abord une opposition organisée, qu’elle soit prête à revendiquer sa victoire. Nous devons être prêts en tant qu’opposition d’avoir les résultats de tous les bureaux de vote pour présenter à l’opinion nationale et internationale comme preuve de notre victoire. Est-ce que tout cela est déjà fait ? Non. Donc, si nous parlons aujourd’hui d’une candidature unique de l’opposition, c’est un faux problème. Il faut que l’opposition togolaise grandisse. Il faut que nous apprenons, c’est très important pour nous.
iciLome.com : En vous écoutant, est-ce à dire que la bataille est déjà perdue pour l’opposition ?
Nicodème Habia : Je ne dis pas que la bataille est déjà perdue pour l’opposition, mais plutôt j’exhorte l’opposition à s’organiser pour la victoire. Parce que, la lutte que nous sommes en train de faire, c’est pour l’intérêt général du peuple togolais.
iciLome.com : Mais en attendant, le parti de Djimon Oré appelle de son côté à une transition politique ?
Nicodème Habia : Je crois que j’avais déjà parlé de cette transition. Vous savez, Faure Gnassingbé est en train de terminer son deuxième mandat et je suis la première personne à s’opposer à une nouvelle candidature de Faure. Je crois que, le cas togolais est hautement politique. Il faut convaincre l’adversaire. Nous pouvons rassurer Faure Gnassingbé. Si les gens parlent de transition alors, il faut avoir un gouvernement de transition et c’est normal. Au Togo, il faut une alternance apaisée, maîtrisée et négociée comme l’Afrique du Sud, le Ghana et même le Bénin. Nous avons tous vu le rôle qu’a joué Mgr De Souza au Bénin pour demander au président Kérékou de céder. Mais par après, quand le peuple a trouvé que Nicéphore Soglo n’est plus bon pour eux, le peuple avait fait revenir Kérékou. C’est ça la démocratie et c’est ce que nous voulons faire ici. Au lieu de dire au peuple que nous allons gagner les élections, c’est un faux problème.
iciLome.com : Mais le gouvernement d’union nationale, l’opposition ne lui accorde aucun crédit
Nicodème Habia : L’opposition ne doit pas refuser la main tendue du gouvernement, l’opposition aussi doit tendre sa main. Et c’est ce que j’ai fait l’autrefois au Ghana avec Gilchrist Olympio. Je suis allé voir M.Olympio pour faire la Paix, la tolérance.
iciLome.com : Quand vous avez vu M.Olympio de l’UFC, qu’est-ce que vous avez dit exactement ?
Nicodème Habia : Vous savez, j’ai été exclu du parti UFC, parce que, ma seule faute, c’est de dire que Faure Gnassingbé ne doit plus se présenter en 2015. Je crois que Gilchrist Olympio a fait beaucoup de choses pour ce pays quoiqu’on dise: il a donné sa vie, son père est assassiné, lui-même a des séquelles de Sodou à ce jour. Je suis allé lui dire, Fo (Mon Père), les Fabre sont partis, il n’y a plus de relations entre vous. Mais moi aujourd’hui, en tant que combattant de la liberté, défenseur des droits de l’homme, je suis allé pour le pardon et l’intérêt du peuple, pour voir ce qu’on pourra faire ensemble pour libérer ce peuple.
iciLome.com : M.Olympio vous a t-il pardonné ?
Nicodème Habia : Non, ce n’est pas à lui de me pardonner, c’est à moi de lui pardonner. Je lui ai pardonné et il m’a dit, Nicodème Habia, tu as raison, nous devons réfléchir pour qu’il y ait une élection sans violence, sans effusion de sang au Togo.
iciLome.com : M.Habia, au sujet de la candidature de Faure Gnassingbé en 2015, est ce qu'une loi empêche M.Faure de ne plus se présenter ?
Nicodème Habia : Rien ne l’empêche. Normalement, si nous voulons revenir sur la constitution de 1992, il ne doit plus se représenter (…). Mais comme la constitution a été tripatouillée, il a le plein droit d’y aller. Mais, je dis mais, car c’est grave pour lui de dire qu’il va se présenter. Faure Gnassingbé est un homme intelligent, un homme qui a fait des études avancées. Je crois qu'il ne doit pas faire ce que les autres font. Jusqu’aujourd’hui, j’admire son courage. Quoiqu’on dise aujourd’hui, il y a un peu de respect des droits de l’homme, de liberté d’expression et je suis d’accord avec vous sur ces plans. C’est pourquoi, je l’encourage de ne pas se représenter.
iciLome.com : Du 04 au 06 Août 2014, Barack Obama a réuni les chefs d’Etats africains autour de lui à Washington pour parler de l’avenir de la jeunesse. Est-ce une opportunité pour l’Afrique ?
Nicodème Habia : Oui, c’est une opportunité. (…). La femme de M.Obama, Michelle, a dit que, il y a du sang noir qui circule dans ses veines, cela veut dire beaucoup de choses. Les gens oublient que Obama est africain même s’il est président des Etats Unis. Obama ne peut jamais laisser l’Afrique comme cela. Si aujourd’hui, lors de ce sommet, on parle des affaires, non, je vous dis qu’il y a autres choses qu’on ne peut pas dire publiquement.
iciLome.com : Des chefs d’états africains ont fait le déplacement, même ceux qui veulent toiletter leur constitution pour rester au pouvoir. Est-ce que cela ne crée pas un parallèle entre la vision d’OBAMA qui nourrit un lendemain meilleur aux jeunes africains ?
Nicodème Habia : Le Secrétaire d’état John Kerry était clair avec tout le monde. Comme quoi avec les USA, le toilettage des constitutions ne va pas passer.
iciLome.com : Les pays africains sont quand même des pays qui ont leur indépendance
Nicodème Habia : Quels sont les pays qui ont donné l’indépendance aux pays africains ? Ce sont les Occidentaux. Rire.
iciLome.com : Mais Blaise Compaoré du Burkina Faso a été clair dans une interview
Nicodème Habia : Quand je l’ai écouté, j’ai rigolé. M.Compaoré ne fait que parler. Les gens ont fait plus que lui, mais quand le moment est venu, ils sont partis. Les dictateurs doivent partir, l’Afrique n’est pas leur propriété privée. Blaise a assassiné Thomas Sankara, il doit partir. Ce que je demande aux africains aujourd’hui, c’est de se battre pour la libération, l’alternance pacifique dans nos pays.