Les deux récents braquages meurtriers
qui ont eu lieu à Lomé en l’espace de 48 heures soulève de plus en plus
au sein de l’opinion bien d’interrogations, alors même que le débat sur
le projet de refondation des Forces de défense et de sécurité – que
clame Faure Gnassingbé depuis plusieurs semaines – reste très vif.
Que n’a t-on pas entendu, en termes de
mérites, au sujet du projet de redessiner la cartographie militaire du
Togo en vue d’un véritable maillage sécuritaire du pays ? Et comment
comprendre qu’au moment même où le projet se dévoile, mobilisant en
premier lieu le président de la République, qui va de garnison en
garnison pour exposer son bien-fondé, des malfrats reprennent du service
avec confiance, faisant même deux morts en 48 heures ? S’agit-il alors
des opérations pour tester en amont, la fiabilité et l’efficacité de la
refondation des Forces de sécurité et de défense ? Ou tout simplement,
une nouvelle saison qui s’ouvre pour les bandits armés ? Difficile d’y
répondre.
L’on se rappelle bien pourtant qu’il y a
un bon moment, il y a une baisse notoire de ces types d’attaques et
braquages meurtriers, excepté les vols de motos, les cambriolages de
magasins, d’habitations familiales, etc. Ce qui fait froid dans le dos
avec cette recrudescence des agressions de malfrats, c’est l’utilisation
des armes de guerre, notamment des fusils AK-47, comme le souligne le
communiqué du ministre de la Sécurité et de la Protection civile, Yark
Damehame, faisant suite à ces actes.
Que ces malfrats atteignent avec
sang-froid leurs objectifs, en faisant coup sur coup des victimes en 48
heures, signifie qu’ils toisent Faure Gnassingbé en lui lançant un
sérieux défi. Lui qui ne jure plus que par son projet de refondation des
Forces de défense et de sécurité. Et c’est l’occasion de démontrer
toute sa bonne foi avec un tel projet et de prendre en porte-à-faux tous
ceux qui lui prêtent l’intention de ne vouloir une refondation de
l’armée qu’en prélude à la présidentielle de 2015, et pour museler
l’opposition et la population qui ne comptent pas être tendres avec lui
en cas d’un énième hold-up électoral.
Par ailleurs, cette reprise de service
des malfrats en ces moments pose avec grande acuité la problématique de
l’insécurité à la veille des élections au Togo. Avec ces faits et la
peur bleue qui s’ensuit chez les Loméens, la psychose habituelle
d’insécurité à la veille de l’élection présidentielle dans notre pays
risque de se voir doubler.
Faure Gnassingbé et ses conseillers en
sécurité – les sécurocrates, leurs surnoms affectifs – ont alors du pain
sur la planche. Cette reprise d’activité des malfrats est
particulièrement dangereuse. Il y a même une « urgence impérieuse
» à colmater ce trou de l’insécurité redevenu béant. Autrement, la
refondation des Forces de défense et de sécurité est déjà vouée à
l’échec, sinon une sacrée pagaille dans la réorganisation des services
des armées. Alors, il faudra changer de fusil d’épaule.
Ivan Xavier Pereira
LIBERTE TOGO
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