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L’Afrique du sud sera-t-elle le théâtre d’un scandale à la Lehman Brothers?
Publié le lundi 11 aout 2014  |  Agence Ecofin


© Autre presse par DR
Jacob Zuma, président sud-africain


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Tous les ingrédients d'un scandale semblable à celui de Lehman Brothers survenu aux Etats-Unis en 2008 semblent se dessiner en Afrique du sud, depuis la série d'annonces négatives faites par African Bank Investment Limited (ABIL), la plus grosse banque du pays, spécialisée dans l'octroi de prêts non sécurisé.

Le 6 août 2014, la banque a annoncé au marché, que Leon Kirkinis son fondateur et Président Directeur Général depuis 23 ans, démissionnait dans un contexte marqué par des perspectives annuelles de pertes massives. Au 30 septembre 2014 en effet, les pertes globales d'ABIL devraient atteindre 6,4 milliards de Rands (600 millions $) et elle estime qu’elle aura besoin de 8,6 milliards de Rands (806,68 millions $) pour renforcer son capital Tier 1. C’est une sollicitation de trop pour ses actionnaires après celle de fin 2013.

La préoccupation de l'heure semble être de rassurer les investisseurs. Coronation Fund Manager qui possède au sein d’ABIL le plus gros volume d'actifs avec une participation cumulée de 22%, a indiqué dans une note à ses clients, que leur exposition à la situation n'était pas matérielle, d'une part, et d'autre part, que l'expositions aux actifs et aux dettes de la banque en difficulté est aussi très faible.

Effectivement, ABIL représente 0,62% des 23 milliards (2,15 milliards $) de Rands investis par le Fonds au sein de ses 20 premiers placements. Mais pour le fond, les chiffres sont astronomiques en valeur absolue. Depuis l'annonce des mauvaises nouvelles, le titre African Bank Investment a perdu sur le Johannesburg Stock Exchange jusqu'à 90% de sa valeur se matérialisant par une dilution globale de 9,87 milliards de Rands (environ 1 milliards $) de sa valeur boursière. Dans cette perte générale Coronation Fund perd une valeur globale de 2,3 milliards de rands.

Public Investment Corporation, fonds dans le cadre duquel est géré près de 160 milliards $ de pensions et retraites des employés du secteur public sud-africain et qui est le plus gros actionnaire unique d'African Bank avec une participation de 12%, est moins diplomatique. Dan Matjila, Chief Investment Officer de PIC, a confirmé que les pertes d’ABIL affecteront les placements que le fonds y a effectués. « Avec les autres actionnaires, nous ferons tout ce qu’il faut pour sauver nos investissements et minimiser les impacts sur l’économie globale », a-t-il expliqué.

Tout semble donc montrer qu'une solution sera forcément trouvée, car la banque serait trop grosse pour tomber en faillite. A la suite des plus gros actionnaires de la banque et de la banque centrale, la Banque Centrale sud-africaine très attendue sur le sujet, a juste fait savoir qu'elle était en discussion avec les responsables d'ABIL, sans donner plus de détails. Le 6 août l'institution faisait savoir que l'impact sur le système bancaire sud-africain (qui, selon elle, est assez robuste), était très faible. Un argument soutenu aussi par le gouvernement qui malgré de fortes attentes se positionne encore en observateur. Les autorités américains on se souvient le disaient aussi lorsque se dessinait la crise de 2008, même si en interne, les tractations se multipliaient.


On ne risque pas de voir une situation où des milliers de personnes accourent dans les guichets de banque, pour retirer leurs dépôts, compte tenu de la façon dont ABIL se finance (Réalisation d’emprunts, ouvertures de capital, ou encore recours aux actionnaires). Mais des analystes comme Adenaan Hardien, économiste en chef chez Cadiz Asset Management, estiment que la chute d'African Bank Investment se traduirait par la sortie de millions de sud-africains du système de crédit ce qui aura un impact sur la consommation globale et donc la rentabilité des secteurs de la grande consommation très important au sein de l’économie sud-africaine.

Si certains experts admettent que sur le plan systémique les risques de propagation directe sont minces, il existe un risque de choc psychologique dont on ne peut imaginer la portée. Interrogé par une radio sud-africaine, Jean Pierre Verster de 36ONE Asset Management pense que si les autorités laissent tomber African Bank Investment, cela pourrait envoyer un message négatif laissant croire que les créanciers peuvent ne pas payer leur dette. Un fait qui durcira les conditions de banques et un renchérissement des coûts financiers. C’est aussi l’avis des dirigeants du Public Investment Corporation qui est l'un des plus gros investisseurs du pays.

De toute évidence, il est donc largement admis que tout doit être fait pour sauver le soldat African Bank Investment Limited. Parmi les solutions plausibles deux ont été identifiées. D’une part, délester la Banque de sa filiale Ellerines pour faire en sorte de réduire les pertes occasionnées par celle-ci, et d’un autre côté de procéder à un renflouement à hauteur de 8,6 milliards de Rands. Les trois plus gros actionnaires peuvent très facilement mobiliser ces fonds, tout comme le gouvernement sud-africain aussi. Mais il reste désormais la question de savoir si le modèle d'affaire de la banque sud-africain est durable et doit être soutenue.

Une réflexion qui est en train de grandir chez les sud-africains qui estiment qu’il serait peut-être plus indiqué de laisser la banque s’effondrer afin de tuer avec elle, l’embryon d'un système qui a pour conséquence d’affaiblir les fondements de l'économie. Un point sur lequel on insiste dans cette logique, c'est qu’on a laissé un établissement financier établir ses actifs sur le financement de l'accumulation de dette au sein des ménages, plutôt que de soutenir la production. Les affaires marchaient bien tant que les fondamentaux étaient stables.

Avec un Rand en perte de vitesse, une inflation grandissante, l'avancée du chômage et la baisse conséquente du pouvoir d'achat, les ménages ne peuvent plus rembourser. Aux Etats-Unis, les prêts avaient servi à acquérir des immeubles, des biens matériels. En Afrique du sud la banque a financé la dette pour des biens de consommation, ce qui peut être plus grave. Public Investment Corporation a déjà averti, une intervention de sa part devrait se conditionner par une diversification des sources de revenus de la banque et des changements au sein de son Board, évoquant même l’hypothèse de transformer ABIL en une banque commerciale classique.

Cette semaine sera décisive et sur le plus gros marché financier d'Afrique tout le monde retient son souffle. Vendredi 8 août le Johannesburg Stock Exchange a terminé sur nouvelle baisse de 0,1%, sauvé par les bonnes performances de MTN Group qui a annoncé une hausse de 16% de ses revenus globaux et Old Mutual qui a annoncé pour le premier semestre une hausse de 17% de ses profits. L'indice finance du JSE a quand même terminé sur une baisse de 0,31%.

Idriss Linge

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