La communauté internationale a promis d'aider l'Afrique de l'Ouest face à Ebola qui a fait un millier de morts dans cette région confrontée à un manque de moyens, mais certaines puissances ont demandé à leurs ressortissants de quitter les pays touchés par l'épidémie.
L’Allemagne a appelé ses citoyens à "quitter la Guinée, la Sierra Leone et le Liberia", les trois pays les plus sévèrement affectés par l’épidémie, qui touche dans une moindre mesure le Nigeria (3 décès au total, dont un fonctionnaire de l’organisation régionale ouest-africaine Cédéao). Berlin a cependant précisé que sa demande ne concernait "pas formellement le personnel médical" et que ses ambassades restaient ouvertes. Mardi, le Japon avait annoncé l’évacuation, en cours, de 24 de ses coopérants des trois pays durement frappés. Le même jour, la Guinée-Bissau a annoncé la fermeture de ses frontières avec la Guinée voisine "jusqu’à nouvel ordre". A Ryad, les monarchies du Golfe se concertaient sur les moyens de se prémunir de l’épidémie, à l’approche du pèlerinage annuel de La Mecque, en Arabie saoudite, prévu début octobre.
Autant de décisions traduisant une peur de contamination internationale en dépit des appels à la sérénité de l’ONU et de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). L’épidémie de fièvre Ebola a déjà causé la mort de 1.013 personnes sur plus de 1.848 cas (confirmés, suspects ou probables), selon le dernier bilan en date, soit un taux de décès proche de 55% (54,8%). "Nous devons éviter la panique et la peur, il est possible d’arrêter Ebola", a assuré mardi le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon, qui a nommé un coordinateur des Nations unies pour Ebola, le médecin britannique David Nabarro. M. Ban a annoncé le renforcement prochain des actions de l’ONU contre l’épidémie, notamment l’envoi de personnels médicaux et de matériel de protection.
La Sierra Leone a perdu son deuxième responsable médical anti-Ebola en deux semaines, selon les autorités sanitaires mercredi, alors que 24 agents de santé, essentiellement des infirmiers, ont été mis en quarantaine ces derniers jours à Freetown. Le président sierra-léonais, Ernest Bai Koroma, a demandé l’aide de la communauté internationale pour trouver 13,5 millions d’euros pour faire face à l’épidémie. Le gouvernement a de son côté indiqué qu’il allait demander un sérum expérimental, le "ZMapp", développé par un laboratoire privé américain, qui a donné des résultats positifs sur deux Américains contaminés au Liberia mais n’a pas permis de sauver un prêtre espagnol décédé mardi. L’OMS "vient d’approuver notre requête pour que le ZMapp soit mis à disposition à la fois en Sierra Leone et au Liberia", a déclaré Sidi Yahya Tunis, un responsable gouvernemental. - "Nous sommes mal protégés".
Au Liberia, deux médecins testés positifs au virus Ebola étaient dans l’attente de cet anticorps. Ils ont donné leur consentement aux autorités libériennes et américaines pour que l’anticorps expérimental soit utilisés sur eux, a précisé la présidence. En revanche, la Guinée n’a pas pour l’instant demandé à bénéficier de ce sérum, selon une source gouvernementale à Conakry, où des agents de santé de l’hôpital Donka, abritant un centre anti-Ebola, exprimaient leur inquiétude, en déplorant la faiblesse des moyens à leur disposition.
"Nous sommes mal protégés, nous avons perdu 25 de nos collègues" depuis le début de l’épidémie, déclarée il y a huit mois dans le sud-est de la Guinée, a affirmé une infirmière de cet hôpital. La société pharmaceutique américaine qui a élaboré le ZMapp avait annoncé lundi avoir expédié la totalité des doses disponibles en Afrique de l’Ouest, sans préciser de pays, assurant que le traitement avait été fourni "gratuitement dans tous les cas". Mercredi, le Canada a annoncé qu’il allait donner à l’OMS entre 800 et 1.000 doses d’un vaccin expérimental contre le virus Ebola, baptisé VSV-EBOV, développé dans un de ses laboratoires. Ce traitement préventif n’a pas encore été testé sur des humains mais "s’est révélé prometteur dans la recherche sur les animaux", a précisé le ministère canadien de la Santé.
Face à l’ampleur de l’épidémie, un comité d’experts réuni par l’OMS a jugé mardi "éthique d’offrir des traitements non homologués dont l’efficacité n’est pas encore connue ainsi que les effets secondaires, comme traitement potentiel ou à titre préventif". La Confédération africaine de football (CAF) a par ailleurs demandé à la Fédération guinéenne (FGF) de délocaliser les matches des équipes nationales guinéennes jusqu’à la mi-septembre en raison de l’épidémie. Aux marches du continent, dans le détroit de Gibraltar et dans l’enclave espagnole de Melilla, les membres de la Garde civile qui ont récupéré ces derniers jours plus d’un millier de migrants d’Afrique subsaharienne étaient pour certains équipés de gants et de masques de protection afin de se prémunir du virus.