Togo - L’atmosphère est invivable au grand marché d’Adawlato, plus précisément au niveau d’Atikpodji, non loin de Marox et du Super Marché Le Champion. Un endroit insalubre, où on ne peut s’arrêter un seul instant à cause des ordures.
Même à une centaine de mètres de là, l’on est frappé en plein figure par les odeurs nauséabondes que dégagent ces immondices. « Monsieur, il faut bien prendre les photos et les montrer à tout le monde. Vous pouvez même les mettre sur internet pour que les gens sachent ce que nous endurons au Togo, dans ce marché », nous a lancé une revendeuse d’orange, visiblement dépassée par la situation, lorsque nous prenions les photos.
Il y a quelques mois, nous avions attiré l’attention des autorités municipales sur le danger que cette montagne d’ordures et leur puanteur représentent pour ces bonnes femmes. Mais personne n’a daigné nous écouter. Le volume des immondices augmente de plus bel. « Allez leur dire que ces ordures vont nous tuer ici. Si nous avons offensé le gouvernement, il faut qu’il nous le dise. Nous allons leur demander pardon. De grâce, il faut que les autorités aient pitié de nous ici à Atikpodji », supplie presque une autre femme.
A en croire les riverains, entre-temps, les camions berne font leur tour là-bas presque tous les matins. Cependant, leur travail ressemble à une goutte d’eau dans la mer, tellement ces immondices prennent la forme d’une montagne. Mais depuis quelques semaines, ces camions ne sont visibles nulle part. L’odeur que dégage le mélange des déchets avec les eaux de pluie devient de plus en plus insupportable pour ces riverains et commerçants qui appellent au secours.
« On n’arrive plus à vendre comme avant, parce que les gens n’aiment plus s’arrêter devant nous à cause de ces odeurs. Vous voyez, ceux qui vendaient de la nourriture ici avant sont tous partis. Ils ne peuvent pas vendre de la nourriture à côté de ces immondices. Nous sommes en quelque sorte dans une zone interdite où personne n’ose approcher », a indiqué une revendeuse de tomate.
Toutefois, les gens continuent toujours par déverser des ordures sur les lieux tous les matins. Cet endroit constitue un dépotoir intermédiaire pour permettre aux habitations environnantes de ne pas jeter les ordures un peu partout dans le quartier. Il revient alors à la municipalité de les acheminer vers des décharges finales, soit à Agoè ou partout où elles sont créées pour desservir la ville de Lomé et ses environs. Mais le passage des camions bennes qui doivent acheminer ces ordures est tellement irrégulier et lent qu’on peut prendre cet endroit du grand marché d’Adawlato pour une décharge finale.
Le danger, c’est qu’à côté de ce spectacle désolant, les bonnes femmes préparent leur nourriture au quotidien. D’autres en vendent. Mais elles ne sont pas moins conscientes de la délicatesse de la situation dans laquelle elles se trouvent dans cette partie du grand marché de Lomé. « Nous n’avons plus d’autres places dans le marché, sinon nous serons déjà partis de cet enfer qui est notre EBOLA au quotidien », a regretté Marie, revendeuse d’aubergine.