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Candidature unique de l’Opposition pour 2015: les analyses de Jonas Siliadin
Publié le samedi 16 aout 2014  |  icilome


© aLome.com par Parfait
L’ancien Ministre de l’Administration Territoriale, Pascal BODJONA et le coordonnateur du CST Me Zeus AJAVON.


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Togo - A l’heure où les principaux regroupements de l’opposition togolaise, travaillent à une stratégie unitaire, de plus en plus de voix s’élèvent pour tenter de convaincre et de se convaincre que l’opposition peut faire l’économie d’une candidature unique car celle-ci ne serait pas nécessaire pour gagner en 2015.

Ces discours sont destinés à justifier le refus de certains de s’inscrire dans cet exercice difficile et leur désir de donner libre cours à leur propre ambition. Ils sont sans doute aussi, distillés par procuration, depuis le camp d’en face pour déstabiliser l’opposition.

Certes, il est légitime que chaque parti politique ambitionne de briguer le suffrage universel mais il est important de rappeler qu’en politique, la légitimité n’est pas une condition suffisante à l’action ; à la légitimité, il faut que s’ajoute l’opportunité. En quoi est-il opportun dans la situation politique togolaise aujourd’hui que chaque parti tente sa chance ? En rien, puisque le résultat serait un échec individuel et collectif, une prolongation du bail des imposteurs, une prolongation du calvaire de la grande majorité des Togolais.

Il est aussi important de rappeler qu’a contrario, la candidature unique est la seule stratégie qui réunit les meilleures conditions pour la victoire en 2015. D’abord parce qu’elle enverrait un signal fort de mobilisation au peuple du progrès, tel le tocsin réveillant les combattants et les appelant au devoir. Elle permettrait ensuite de battre campagne à l’unisson, d’assurer une meilleure lisibilité des messages et une plus grande visibilité au candidat. Elle permettrait aussi de mieux surveiller le déroulement du scrutin et la collecte des résultats car la mise en commun des ressources, notamment des ressources humaines, garantirait la représentation optimale du candidat y compris dans les plus petits bureaux de vote. La candidature unique garantirait enfin une meilleure coordination des stratégies pour défendre la victoire à l’intérieur et à l’extérieur du Togo. Même s’il est d’une évidence biblique que le régime de Faure Gnassingbé, tout drapé de cynisme, ne reculera devant rien pour se maintenir, sa prétendue victoire, serait moins crédible et difficilement cautionnable face à un solide candidat représentant les principales forces de l’opposition que face à une pléthore d’ambitieux défendant des chapelles hétéroclites. Ce n’est donc pas qu’un slogan que de dire : « 2015, une opposition, un programme, un candidat !» C’est l’équation de raison que l’opposition doit parvenir à résoudre. Et en la matière, les choses ne sont pas simples, il faut le reconnaître car le rapport de forces au sein de l’opposition joue contre la stratégie unitaire.

En effet, depuis au moins les dernières élections législatives de 2013, l’ANC apparaît comme la principale force de l’opposition ; son président national ne cesse d’ailleurs de proclamer urbi et orbi, qu’il est le chef de l’opposition parlementaire. Or, le décalage entre l’ANC et les autres partis politiques de l’opposition en termes de poids électoral apparent, donne à l’Alliance, un avantage difficilement négociable ; dès lors, la stratégie unitaire devrait se résumer à un ralliement des autres partis à l’ANC, ce qui constitue un casus belli pour les formations comme OBUTS ou celles de la coalition arc-en-ciel. Et cette réticence pour ne pas dire plus, a des raisons objectives.

Il y a d’abord le fait que l’histoire semble se répéter un peu comme une fatalité : depuis un certain nombre d’années, la stratégie unitaire a toujours été posée comme un ralliement à l’UFC , illustre ascendant de l’ANC, ce qui donne le sentiment aux leaders des autres partis de travailler pour Jean-Pierre Fabre et Cie. Déjà en 2009, Me Apevon et le CAR laissaient comprendre, qu’ils attendaient « un retour d’ascenseur ». Le refus de se sacrifier indéfiniment pour les autres est le premier contempteur de la stratégie unitaire de l’opposition togolaise.

La deuxième difficulté de l’opposition est la façon dont l’ANC se représente la stratégie unitaire. D’abord le parti ne semble pas en faire une condition essentielle, considérant qu’il a suffisamment, seul, le poids pour terrasser Faure. Ensuite, les leaders de l’ANC, à quelques exceptions près, sont des talibans politiques ; leur loi est la Loi et tous les impies doivent se convertir à leur doctrine hégémonique ou périr, politiquement bien sûr ! Agbeyome et ses compagnons l’ont appris à leurs dépens. Donc les premiers dirigeants de l’ANC ne sont pas dans une approche politicienne de négociation et encore moins d’un fair play habile qui les conduirait à laisser désigner un candidat autre que notre « Barack Obama » tropical. D’ailleurs, Jean-Pierre Fabre lui-même l’a affirmé sur les ondes d’Africa n°1, il y a quelques semaines : il serait d’accord avec la stratégie de la candidature unique, à la seule condition que ce soit lui le porte –étendard. Condition loin d’être accessoire et loin de constituer un adjuvant de cette stratégie salutaire.

On peut très bien entendre le raisonnement de JP Fabre qui s’appuie sur son statut de chef de file de l’opposition parlementaire pour parvenir à cette conclusion, sommes toutes logique. Mais la politique ne se résume pas à la logique (elle s’en écarte d’ailleurs très souvent). Et en l’espèce, l’attitude politique serait que l’ANC orchestre de manière habile la dynamique unitaire en laissant la conclusion logique en découler « naturellement » au bout d’ un effort d’échanges et de persuasion, sur une base de respect mutuel, de bienveillance et surtout en offrant de manière transparente, des perspectives compensatoires à tous ses partenaires, c’est-à-dire tout ce que l’ANC considère aujourd’hui comme négligeable.

Au regard de tout cela, dégager une candidature unique de l’opposition togolaise revient presque… à rechercher la quadrature du cercle ! Et ce sera toujours ainsi tant qu’il y aura un parti qui aura le sentiment d’être aussi fort que l’ANC et tant que les principaux leaders de ce parti seront des politiques de moyenne gamme, aussi égoïstes et orgueilleux que JP Fabre et certains de ses compagnons. J’écris « sentiment d’être fort » car dans la réalité, personne ne connaît à ce jour, le poids véritable de l’ANC. Ses dirigeants devraient comprendre que l’accueil folklorique des populations lors des tournées sur le territoire n’est pas un baromètre fiable car l’histoire des périodes électorales dans notre pays montre que cette effusion de ferveur s’éteint au moins en partie, à la vue des liasses de CFA et autres cadeaux du pouvoir. Les populations considérant ces occasions plus comme des événements de réjouissance populaire sur fond de curiosité naturelle qu’une mobilisation politique, se divertissent des messages et des slogans chocs.


Par ailleurs, Jean Pierre Fabre et ses amis se trompent en considérant la dernière élection législative et leur représentation à l’assemblée nationale comme un indicateur de leur popularité pour deux raisons ; premièrement, l’ANC s’est présentée sur une liste estampillée CST et a donc bénéficié, ne serait-ce qu’en partie, de la dynamique créée par l’ensemble des forces participant à cette structure. Deuxièmement, 2013, c’est déjà loin et les rapports de forces ont encore évolué notamment depuis la révélation sur les virements de fonds sur les comptes de certains opposants étroitement liés à l’ANC et au CST et surtout après l’échec du dernier dialogue politique entre partis représentés au parlement.

Dans ce contexte, une grande partie de l’opinion togolaise, espère que l’opposition saura faire le sursaut d’orgueil nécessaire pour rendre possible le changement en 2015 et par la même occasion, se faire pardonner ses multiples atermoiements qui donnent au bas mot, le sentiment que la démocratie togolaise est renvoyée aux calendes grecques.

Il est donc dans l’intérêt de tous les partis politiques de l’opposition, de considérer le choix d’un candidat unique comme indispensable et d’y travailler de manière intelligente dès maintenant, en ayant à l’esprit que toute force est une faiblesse comme toute faiblesse, une force.

Jonas Siliadin,

Ecrivain, analyste politique

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