Togo - A la tête d’une jeune entreprise , spécialisée dans la production de boissons nutritionnelles à base du soja, champignon et légume, Bessan Komlan Edem nous raconte sa riche aventure.
Comment et à quel moment de votre vie l’idée de créer votre propre entreprise vous est venue?
L’idée y était depuis mon enfance. Après mon BAC j’allais vendre au grand marché. Après ma licence, je me suis dit pourquoi ne pas monter ma propre entreprise. Alors je me suis lancé dans la fabrication du lait de soja. J’ai connu ce breuvage par l’intermédiaire de mon pasteur qui m’a mis en relation avec une dame qui m’a appris comment faire. Je vendais dans les marchés locaux. Je me suis rendu compte que je pouvais économiser jusqu’à 15.000 F par jour. Je me suis dit alors que c’est une bonne affaire. Je survenais à mes besoins.
L’étape suivante était d’embouteiller mes produits. Pour cela j’avais besoin d’ élargir la société et j’avais besoin d’argent . Au début, j’ai approché des micros finances. Elles m’ont soutenu par un petit fonds. C’est après cela que j’ai postulé au FAEIJ. C’est cette structure qui m’ accompagne aujourd’hui.
En dehors du lait de soja, j’ai travaillé avec une ONG qui est spécialisée dans la production et la valorisation des champignons, des bios insecticides… Avec cette formation et avec l’aide de l’ONG je produis du champignon comestible pour en faire une boisson nutritionnelle. Cette boisson renforce le système immunitaire. Mes productions sont aussi enrichies par les légumes nutritionnels.
On imagine les difficultés que vous avez eues au début!
Ce n’était pas du tout facile. Je faisais la commercialisation du lait de soja déjà au campus. A cette époque, les camarades se moquaient de moi . La situation était pareille au grand marché; des amis m’insultaient en me croisant et me demandaient si je n’avais rien trouvé de mieux à faire après ma licence. Si je n’avis pas un moral de fer, je ne pourrais pas y arriver.
En dehors de cela j’ai eu à faire face aux besoins financiers. C’est ces besoins qui ont fait que la progression de l’entreprise se fait lentement. Ce n’est pas facile d’entreprendre vue les conditions sociales et économiques. Mais si tu as la passion pour ce que tu veux faire, avec un peu de courage et de persévérance on y arrive toujours. Et c’est ce que nous faisons ici. Nous ne sommes pas totalement arrivés mais nous allons y arriver
Quel a été pour vous l’apport du FAEIJ ?
Avant le FAEIJ, il y avait un Fonds d’Insertion des Jeunes (FIJ). C’était à ce programme que nous avons postulé en 2011. Mon plan d’affaires n’était pas retenu par ce programme cette année-là. Alors j’ai réitéré en 2012. Finalement j’étais retenu mais le fonds qui m’a été alloué était insuffisant. Voyant ma persévérance, ils m’ont fait appel à nouveau en 2013. Le FIJ m’a alors confié au FAEIJ qui venait d’être créé . Nous avons donc été accompagnés avec un minimum pour démarrer. Le FAEIJ a été pour nous la solution financière pour nous lancer et être connus des gens. Jusqu’qu’aujourd’hui, elle continue de nous accompagner pour la promotion de nos produits. A des évènements comme la foire, elle négocie pour nous des places. En présentant nos produits, nous tissons des relations avec de hauts cadres. Ces personnes pourraient nous financer ou constituer des clients potentiels.
Parlez-nous de votre technique de production et de votre entreprise
Avant je mettais le lait sur le marché mais je ne disposais pas de technique pour le conserver. Puisque nous avons opté pour une production naturelle, il nous fallait une technique précise pour garantir la qualité des produits. Nous nous sommes donc rendus au Ghana pour chercher les outils adéquats. Aujourd’hui, j’arrive à produire du jus de champignon et du lait de soja naturel stabilisé sur. Tout cela n’est que le résultat de mes propres connaissances.
Mon équipe et moi nous faisons un totale de sept personnes. Je pense avoir plus de commerciaux dans les jours à venir avec la restructuration. Je prévois avoir jusqu’à douze agents commerciaux permanents et quelques temporaire et créer des dépôts un peu partout.
Quelques sont les difficultés que vous rencontrez en tant que patron d’une jeune entreprise ?
La première difficulté est financière: payer les employés à leur juste valeur. J’ai des employés qui ont le BAC et la Licence. Vu que nous n’avons pas encore un marché assez grand et vu que nous ne sommes pas totalement installés, et les moyens de transport qui font défaut, la vente ralentit. Je peux néanmoins déclarer mes employés à l’ANPE (Agence Nationale pour la Promotion de l’Emploi) qui prend en charge une partie du salaire.
Parfois je passe toute la nuit à réfléchir sur la manière d’améliorer le fonctionnement de la société.
En dehors de vos activités au sein de votre entreprise, que faites-vous d’autre?
Je suis assistant comptable à l’ONG AJID en tant que contractuel. Je vais là- bas trois jours dans la semaine.
J’organise, en tant qu’entrepreneur, des séances de formation en entreprenariat pratique.
Je suis également le président des jeunes entrepreneurs du Togo et aussi président d’une association chrétienne.