Que le temps passe vite. 15 ans déjà que l’Union Togolaise pour la Démocratie (UTD), le Parti d’Action pour le Développement (PAD), l’Union pour la Démocratie et la Solidarité (UDS), le Parti des Démocrates pour l’Unité (PDU) ont fusionné pour donner naissance à la, la Convergence Patriotique Panafricaine (CPP) et depuis, beaucoup d’eau ont coulé sous le pont.
Si ce parti a fait feu de tout bois au début de son existence, force est de reconnaître qu’aujourd’hui, il compte pour des prunes sur l’échiquier politique togolaise. Sa force de frappe (si elle a jamais existé) s’est érodée au fil des ans, surtout avec la retraite de son premier président Edem Kodjo. En 2015, le parti n’est que l’ombre de lui-même.
Un parcours tumultueux.
L’actuel Président de la CPP, Francis Ekon, ne se voile pas la face. Bien au contraire. C’est avec une lucidité certaine doublée d’une honnêteté intellectuelle et politique qu’il avoue, non sans peine, les difficultés de son parti à faire triompher ses idées auprès des populations togolaises. La preuve est que déjà deux législatures, la CPP n’a pas réussi à faire élire un seul député à l’Assemblée Nationale. Cependant, ce n’est pas par faute d’avoir essayé avoue Francis Ekon.
La politique de réconciliation nationale avec comme point de mire l’indispensable dialogue politique, mise en place d’une commission de relecture de l’histoire du Togo, réhabilitation de la fête nationale du 27 Avril, la dénomination des places et rue Sylvanus Olympio et Anani Santos etc. en sont quelques exemple. ”Jour de joie en revivant les espoirs suscités et les résultats obtenus de haute lutte pour inscrire notre cher pays dans la voie de la démocratie” dira Francis Ekon.
En 15 ans, la CPP aura essayé de jouer sa partition sur la scène politique togolaise. A son actif, selon le président du parti, l’accord cadre de Lomé signé en 1999 sur l’initiative de Edem Kodjo alors président de la CPP , les 22 engagements, la politique de réconciliation ayant permis aux réfugiés de rentrer au pays, la mise en place de la commission de la relecture de l’histoire du Togo, le CPDC qui est arrivé à des conclusions acceptées par le plus grand nombre des partis y compris le parti au pouvoir.
Mais ce 15 Aout 2015 est aussi un jour de résignation en face des grands moments historiques maladroitement ratés qui auraient pu donner un autre sens à l’histoire nationale pour la démocratie. Les dirigeants de la CPP semblent l’avoir au travers de la gorge.
Le refus de l’opposition , dans le cadre du dialogue inter togolais, de prendre la primature pour un an, l’appel de l’opposition au boycott des législatives du 27 Octobre 2002 avec à la clé, le toilettage de la constitution de 1992, la dénonciation de l’APG par certains partis de l’opposition qui ont refusé d’entrer au gouvernement d’union nationale qui devrait se pencher sur les questions de réformes constitutionnelles, l’exigence de la retro activité de la constitution et bien d’autres sont des faits qui, selon la CPP, ont plombé l’avancée du pays. Et ça, la CPP semble le regretter amèrement d’autant que la situation ne s’améliore pas. Bien au contraire…
Le renoncement de la conquête du pouvoir
Il est clair dans la tête et dirigeants actuels de la CPP que la conquête du pouvoir devient un luxe. Un parti qui veut le pouvoir à des millions de militants et sympathisants derrière lui. Ce n’est malheureusement pas le cas aujourd’hui pour la CPP qui peine à rassembler des dizaines de milliers de militants. L’éprouvante campagne des législatives de 2013 a démontré combien de fois le parti n’est pas implanté sur le plan national. Même dans les fiefs de leurs dirigeants, la CPP n’a récolté que des scores insignifiants, se faisant battre à plate couture par la coalition Arc en Ciel et le parti au pouvoir UNIR.
De plus, sa mise à l’écart des discussions au sein des deux blocs de l’opposition et sa non participation aux débats d’intérêts nationaux comme le dialogue Togo Telecom2 le fragilise davantage. ”Le terreau sur lequel le parti doit se prévaloir s’est effrité tout au long de ces 15 années parce que certains camarades ont pris d’autres chemins et d’autres carrément, ont démissionné” avoue Francis Ekon.
Mais il garde espoir.” Le courage politique commande souvent de ne pas céder au populisme, ce courage, la CPP la cultive. Elle ne veut pas manipuler pour convaincre” a-t-il dit avant d’ajouter que le Togo et les togolais sont toujours au cœur des prises de décisions du parti. Francis Ekon tacle ses amis de l’opposition. ” Pour la CPP, le radicalisme et le dénigrement systématique dans la lutte pour la démocratie n’ont pas leur raison d’être, parce que ne s’inscrivant aucunement dans l’effort d’apaisement et d’union” déclare t il avant de conclure que la CPP est toujours restée et restera toujours fidèle à sa ligne politique centrée sur l’amour de la Patrie.
Pour la présidentielle de 2015, il parait évident que le parti ne présentera pas de candidat. ”La CPP apportera son soutien au candidat qui reflétera au mieux ses aspirations, autrement, elle ne fera rien” a soutenu Francis Ekon.
Repartir à la conquête des Togolais
L’espoir de la CPP de voir ces idéaux triompher dans les prochaines années repose sur la jeunesse. Le parti aurait connu des adhésions importantes si l’on en croit son président. Mais pour lui, l’essentiel du travail doit aller vers la jeunesse togolaise à laquelle il faut expliquer la philosophie politique, le discours et les ambitions du parti pour le Togo.
Un parti fort, c’est un parti uni autour de ses objectifs, ouvert, attractif, un parti qui favorise les adhésions et s’élargie sans cesse. Francis Ekon appelle donc les militants à s’approcher constamment des togolais car c’est par le travail, la non exclusion et l’amour de la patrie que la CPP atteindra ses objectifs. Le parti reste convaincu des lendemains meilleurs puisque, selon lui, la population devient de jour en jour mature et attentive au discours de la CPP.