L’élection présidentielle de
2015 et ses préparatifs dans le camp de l’Union pour la République
(Unir) seraient-ils à la base du conflit de chefferie traditionnelle qui
a lieu à Agoè-Cacavéli ? C’est ce que pensent certains habitants du
village de Totsi Kpatéfi qui vivent depuis quelques mois l’imposition
d’un nouveau locataire de leur palais royal. Pour tenir informées les
populations des derniers développements dans ce dossier, les notables
ont organisé un rassemblement ce dimanche 17 août 2014. Même si sur
toutes les lèvres on évite habilement de parler d’affrontements, cette
idée trotte bel et bien dans les esprits.
« Qui voulez-vous ? Nous voulons Akpabè »,
tel est le slogan ayant sanctionné la réunion organisée hier par la
communauté Agbagbla d’Agoè-Cacavéli, pour faire le point sur le conflit
de chefferie traditionnelle qui a cours dans la localité.
Depuis quelques mois déjà, la banlieue
nord de la ville de Lomé, notamment le quartier de Totsi Kpatéfi
Cacavéli vit au rythme d’un conflit autour de la chefferie
traditionnelle au sein de la communauté Agbagbla. Alors qu’elle a déjà
un chef traditionnel désigné et reconnu par le chef canton d’Agoè-Nyivé,
Togbui Sédzro III, le 11 août 2009 en la personne de Togbui Kodjo
Koudéaménou Akpabé, la nouvelle d’une nomination d’un autre chef semble
faire ressurgir les vieux démons.
En effet, des rumeurs ou plutôt des
informations confirmées font état de la nomination par arrêté le 30 août
prochain, du sieur Koamivi N’kruma Passah Aziamalé en qualité de chef
de Totsi Kpatéfi Cacavéli. Une nomination « orchestrée par le préfet du Golfe, le fameux Kofi Mélébou »
et qui a été le seul point à l’ordre du jour du rassemblement organisé à
Tosti Kpatéfi Cacavéli. Et pour les habitants, il n’est pas question
d’accepter une nomination imposée par les autorités politiques alors que
c’est la communauté qui désigne son dirigeant.
D’après les informations confirmées par
les responsables de cette localité, M. Koamivi N’kruma Passah Aziamalé
est un fils de la communauté Agbagbla issue de la collectivité Aziamalé
qui revendique la chefferie, et tout porte à croire que Koffi Mélébou
est le principal instigateur de « ce conflit fratricide ». Et
pour cause, le mardi 12 août 2014, le préfet du Golfe a convoqué
l’actuel chef de Totsi Kpatéfi, Togbui Kodjo Koudéaménou Akpabé II et
ses notables pour leur annoncer que le ministre de l’Administration
territoriale, Gilbert Bawara, a signé l’arrêté reconnaissant M. Koamivi
N’kruma Passah Aziamalé comme le nouveau chef du quartier. « Après
étude des dossiers de Togbui Kodjo Koudéaménou Akpabé II et de M.
Koamivi N’kruma Passah Aziamalé, et à l’issue d’une enquête de
Gendarmerie faite dans la localité, le ministre de l’Administration
territoriale a reconnu la paternité de la chefferie de Totsi Kpatéfi à
la famille Koudi Allaglo et a signé un arrêté ministériel au sieur
Koamivi N’kruma Passah Aziamalé comme le nouveau chef de la localité de
Totsi Kpatéfi », a expliqué le préfet.
Quand la parole fut donnée aux notables
de Togbui Akpabé II qui, pour respecter l’autorité du chef canton,
Togbui Sédzro III, lui ont demandé de parler en premier, le préfet
Mélébou s’y est opposé. « Il n’a pas droit à la parole…Si quelqu’un a une question à poser au chef, il va la lui poser lorsqu’il sera dans son palais », a-t-il déclaré à l’endroit de ses interlocuteurs.
Le porte-parole de la communauté
Agbagbla et conseiller du chef canton, M. Atsu Laurent a pris la parole
pour exprimer leur mécontentement suite à l’arrêté et annoncer une
action en justice. Comme réponse à ses déclarations, le préfet Mélébou
lui a ordonné de quitter la salle de réunion, sonnant ainsi la fin des
discussions, puisque « tous les invités ont quitté les lieux pour protester contre cette manière de faire du préfet ».
Des faits qui compliquent davantage la résolution de cette chefferie
conflictuelle dans la localité et les habitants pensent connaître les
motifs de ce coup de force du préfet. « Nous savons que c’est pour faciliter la fraude électorale que le préfet cherche à imposer un chef qu’il peut manipuler à son gré », a affirmé un jeune homme.
Pour le porte-parole de la communauté, Atsu Laurent, « il
n’est pas question d’accepter un chef que celui désigné et intronisé
par la notabilité, avec l’accord des habitants. Nous avons déjà un chef
qui est Togbui Akpabé II. Le préfet doit savoir qu’il n’est pas bien
placé pour désigner le chef de cette localité ». Et le spectre d’un affrontement meurtrier plane sur ce quartier même si personne ne l’admet ouvertement.
Dans la localité même, la popularité du
protégé de Koffi Mélébou, Koamivi N’kruma Passah Aziamalé, est quasi
inexistante et il est décrié dans sa propre famille. A preuve, son frère
aîné, Amégbo Sévérin était présent au rassemblement de ce dimanche pour
apporter le soutien de la collectivité Aziamalé à l’actuel chef. « Je
suis le frère ainé de Koamivi Aziamalé qui réclame le trône et je pense
qu’il s’est écarté du bon chemin. Depuis des générations, c’est à la
collectivité dont est issu Togbui Akpabé II qu’est confiée la chefferie.
Nous n’y avons pas droit. Je n’arrive pas à comprendre mon frère », a-t-il déclaré.
Pour rappel, la communauté Agbagbla est à son 6e
chef traditionnel depuis la fondation de cette localité vers 1930 avec
l’intronisation de Togbui Edoh Akpabé I, père de l’actuel chef du
village intronisé le 8 août 2009.
G.A.
LIBERTE HEBDO TOGO
![](http://news.aLome.com/img_photos/M/Mélébou-Koffi.jpg")
