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Togo : Présidentielle 2015, y a pas match, il y a que boycott !
Publié le mardi 19 aout 2014  |  togosite.com




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Le match aura sans doute lieu. Avant avril 2015. Dans les mêmes conditions que ceux précédents. Le match, c’est l’élection présidentielle. Faure Gnassingbé, président togolais sortant est le favori, pas pour les raisons traditionnelles sous d’autres cieux. Non pas parce qu’il est candidat unique ou qu’il soit aussi populaire, ce n’est pas seulement parce que les règles du jeu lui soient favorables, c’est surtout parce que lui seul invente toutes les règles et les impose aux autres adversaires. Lui et lui seul. Imaginez un match de foot, où Yaka joue contre Yako. L’arbitre principal c’est le nouveau mari de la maman de Yako, les deux arbitres de touche sont ses frères cadets, les commissaires aux matchs sont ses beaux-frères, le stade se trouve dans son village natal. Au cours du trajet, sur la voie qui sépare son village de la capitale, ses nombreux beaux-parents ont empêché les supporters de l’équipe adverse d’accéder à la localité, conséquence, le stade est rempli de ses nombreux enfants et autres membres de sa famille.


J’oubliais, Yako, c’est aussi un chef qui aime les enfants et a en suffisamment pour remplir un stade. Il est certain que le miracle serait que Yaka ne gagne. Que Yaka gagne sera anormal et incompréhensible. Yaka devrait être lui-même surpris de gagner un tel match. A la fin du match, imaginez-vous que Yako décapsule des champagnes pour sa victoire !!! Vous allez vous dire, comble du ridicule, sauf que à Yakocopé, »village natal de Yako« , le ridicule n’a plus tué depuis 1967, disons 1969 parce que là encore, même pour les dates, c’est selon les humeurs de Yako. Pire, le ridicule ne fait même pas sourire, on prend tout au sérieux, pour ne rien faire avec du sérieux. On appelle cela, « Yakopétitude ».


L’issue unique du scrutin (en faveur de Faure Gnassingbé) est garantie par les règles malveillantes du jeu…
C’est ce que fait Faure Gnassingbé, au pouvoir depuis une décennie, après avoir succédé à son père, avec le même système qui gère le Togo depuis un demi-siècle. Dans huit (08) mois, les Togolais iront au scrutin, pour élire leur chef d’Etat. Le président sortant peut compter sur plusieurs dizaines de milliards, détournés pour lui par des sociétés d’Etat : Togotélécom, Togocell, Port Autonome etc. Il peut compter sur les moyens d’Etat pour se déplacer : véhicules, bus, avion, hélicoptères, etc. en tant que chef d’Etat, il pourra même avoir des soutiens directs d’investisseurs étrangers ou nationaux. Africa Bolloré Logistics, filiale du groupe du milliardaire français Vincent Bolloré lui a fourni entre 1,3 et 2 millions d’euros de soutiens notamment pour des tenues vestimentaires et de courts trajets en hélicoptères à la dernière présidentielle. Et ce n’est pas fini, l’organe qui organise le scrutin, la Ceni, Commission électorale nationale indépendante, c’est son épicerie, non, pas vraiment mais presque. La moitié des membres sont des militants de son parti, Rpt devenu Unir, majorité présidentielle, l’autre moitié reviendra aux trois autres formations parlementaires (présentes au parlement), mais dans cette moitié, il en épuisera pour représenter le gouvernement alors même que le gouvernement est une conséquence logique de la majorité. C’est parce qu’il y a la majorité qu’il a nommé le Premier dans sa majorité et que tous les ministres sont membres et/ou assimilés de cette majorité.

Comment comprendre, si ce n’est la brimade primitive électoraliste, que la majorité soit représentée à 50% et que ses corollaires (gouvernement, administration…) le soient aussi ? Qui plus est, la société civile aura sa part, là encore un proche du pouvoir et un autre de l’opposition. La présidente sortante de la Ceni est membre (avec carte de membre) du parti au pouvoir et a même été candidate en 2007 pour le compte du même système. Les juges qui font office de chef de la Ceni dans les préfectures sont tous nommés par le ministre de la justice, lui aussi membre (avec carte) du parti au pouvoir. L’armée qui est chargée de sécuriser avec la police et la gendarmerie le scrutin a fait allégeance officiellement au chef de l’Etat. A la télévision nationale. Le ministre garant de l’organisation du scrutin s’appelle Gilbert Bawara, ami de vieille du président et membre influent de son parti (avec carte de membre). L’élection est à un seul tour.

Faure est le seul candidat de la majorité. Dans l’opposition, il financera et inventera, comme il l’a toujours fait, quelques petits candidats. S’ils sont 10 candidats et que Faure a 20%, il peut, sans la moindre initiative, gagner, si aucun autre candidat n’a autant de voix que lui. A la place de Faure, je ne ferai pas campagne, il n’en a pas besoin pour gagner. Il ne peut que gagner. Gagner haut les mains !


Les règles préliminaires d’une compétition veulent qu’il n’y ait personne qui « ne puisse que gagner », sinon où est la compétition ? La certitude absolue, pour le pouvoir et l’opposition, que seul Faure peut gagner dans les conditions actuelles tue par elle-même le scrutin. Il n’y a pas match !

Faure Gnassingbé s’arroge la victoire en tenant les structures impliquées dans le scrutin par les « couilles ».
Aucune structure ne peut vérifier l’équité pendant le processus électoral. La Ceni, on l’a dit plus haut, c’est la chasse gardée de Faure Gnassingbé. La Haac, Haute autorité de l’audiovisuel et de la communication, équivalent du CSA Conseil supérieur de l’audiovisuel en France, est acquise au parti au pouvoir et joue le rôle de gendarme contre les médias. Ce n’est pas, comme au Bénin, où ce sont les journalistes qui choisissent tout ou partie des membres de la Haac. Ils le sont par le chef de l’Etat lui-même ou par son parti majoritaire au parlement, résultat, n’entre à la Haac que ceux voulus par Faure Gnassingbé. Du coup, cette institution ne peut remplir équitablement son rôle de régulation d’accès aux médias d’Etat pendant la campagne électorale. A chaque scrutin, Faure-candidat envoie de l’argent pour soutenir les reportages de la Tvt, télévision nationale.


Lors des législatives de 2013, 25 millions ont été destinés à cet effet. En espèces. Versés au directeur général. Pour « le déplacement des journalistes » vers les lieux de meeting du chef de l’Etat. Comment voulez-vous que dans une telle condition, la couverture médiatique de ses meetings ne soit pas une priorité pour la télévision supposée « nationale » au détriment des autres candidats ? La loi prône pourtant l’accès équitable aux médias d’Etat. Idem pour les autres médias d’Etat. La Cour constitutionnelle, organe suprême de l’élection est entre les mains d’un baron du régime. Abdou Assouma. Les membres de cette cour sont choisis par le président de la République et son parti, majoritaire au parlement. Pendant la campagne, les directeurs des sociétés d’Etat, niche noire d’argent pour la campagne électorale de Faure Gnassingbé, au-delà du fait de participer directement à la campagne en envoyant quelques cartons de milliards, organisent de multiples activités liées au scrutin et font, tous, campagne pour celui qui les a placés, souvent sans autres mérites que d’être d’une ethnie ou d’un parti, avec les moyens de leur société, donc ceux de l’Etat, pour le président sortant.

Comment voulez-vous qu’il en soit autrement pour l’issue du scrutin ? Pour 2015, tout comme les législatives de 2013 d’ailleurs, Faure Gnassingbé s’est opposé à l’observation du scrutin par l’Union européenne. En refusant un appui financier de l’Ue à l’élection présidentielle, le régime togolais lui coupe les herbes sous les pieds et entend ainsi l’empêcher d’avoir son mot à dire sur la fiabilité du scrutin. La voie de la « victoire » est grandement ouverte alors côté observateurs. L’Union africaine est un syndicat des chefs d’Etat du continent, dont la moitié est mal élu et le ¼ non élus. Elle perd de ce fait toute crédibilité pour se prononcer sur la fiabilité d’un scrutin. Où qu’il se tienne. Le président togolais pourra compter sur sa largesse. Les autres observateurs sont en grande partie logés, nourris et véhiculés par le pouvoir et reçoivent le plus souvent des cadeaux du gouvernement avant leur départ. Comment voulez-vous qu’ils disent autre chose que ce que Faure veut entendre ?

Au regard de tout ce qui précède, le scrutin ne sera en rien équitable, le gagnant est connu d’avance. Il ne vaut pas la peine d’y aller donc. Sauf si le pouvoir entame des réformes. Ce qui est loin d’être le cas, surtout qu’une disposition de la Cedeao (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest) interdit des réformes à six mois d’un scrutin. Faure pourrait brandir cet argument quand il aurait fini de perdre le temps, tout le temps.



Réformes ou boycott


L’opposition exige depuis plusieurs années des réformes profondes. Avec le soutien d’une partie de la communauté internationale. La société civile se mobilise elle aussi, mais Faure n’ira que dans le sens de sa victoire. Son parti a rejeté même deux petites réformes minimales, la limitation des mandats et le scrutin à deux tours. Les mandats présidentiels étaient limités à deux, au Togo, depuis le référendum Constitutionnel de Septembre 1992. Le père de Faure Gnassingbé, à qui il a succédé dans les massacres et grotesques montages, a toiletté la constitution pour sauter le verrou de la limitation. Depuis, au Togo, on peut être président à vie. En toute constitutionnalité.


Ce qui est à la fois contraire à la volonté du peuple qui s’est exprimé un soir de Septembre 1992. Pour le mode de scrutin, celui à un seul tour ne peut, dans le contexte africain, garantir d’aucune manière, l’équité. Un chef d’Etat peut être élu par une minorité, comme ce fut le cas, en 2009, au Gabon. Au-delà de ces deux réformes fondamentales, l’opposition doit obtenir des garanties sur les représentations locales de la Ceni, remettre en cause la présidence de fait des juges des commissions électorales locales dans chaque préfecture, exiger la participation totale de l’Union européenne et l’accès aux médias d’Etat, les seuls qui couvrent tout le pays. La mise en place d’une structure qui contrôle les dépenses de chaque candidat s’impose pour que, comme par le passé, Faure n’utilise pas 2500 fois plus de moyens que son principal adversaire. Cela n’aura aucun sens quand un candidat n’a pas les moyens d’accéder à telle localité et que le chef de l’Etat s’y rend lui, en hélicoptère, aux frais de la République ou avec le soutien d’une société d’Etat. Soutien résultant de résidus de répartition de détournements directs.


Si rien n’est fait, l’opposition a l’obligation morale de boycotter le scrutin. Il ne sert à rien d’y aller dans ces conditions et par le passé, elle a pris le risque et payé le prix. Laisser Faure Gnassingbé y aller seul ou avec quelques opposants fabriqués par ses soins décrédibilise sa victoire et ouvre la voie à la crise, au dialogue, qui pourrait aboutir à autre chose que le monopole d’un système sur un pays depuis un demi-siècle.

MAX-SAVI Carmel

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