Togo - Visiter un proche à la prison civile de Lomé se révèle aujourd’hui un parcours de combattant. Le chemin pour atteindre la grille contre laquelle on peut parler à ses proches, est semé d’embuches qui ne sont autres que les gardiens de prison.
En effet, ces hommes en uniforme règnent en maîtres absolus là-bas et font voir de toutes les couleurs aux visiteurs. En entrant dans l’établissement, il faut faire un détour à une table située à une cinquantaine de mètre à droite du portail. Là, le visiteur est tenu de décliner son identité et de déposer sa carte contre 200 FCFA.
Un peu plus loin, se trouve un autre groupe d’hommes en uniforme, toujours autour d’une table. Eux, ils sont chargés de vérifier les nourritures qu’on apporte aux détenus. Il faut à cet endroit aussi déposer 200 FCFA après le "service".
Derrière eux, on aperçoit une autre équipe qui s’est donnée pour tâche de collecter et de garder les téléphones portables des visiteurs. Ils réquisitionnent les portables sur lesquels ils déposent la carte d’identité de chaque propriétaire. Les cartes permettront d’identifier chaque propriétaire. Là-bas, ils demandent aussi 200 FCFA.
Pour arriver à la porte qui donne sur les grilles, il faut encore dépasser une autre équipe qui procède à la dernière fouille. Elle réclame 100 FCFA. De là, pour rentrer à l’intérieur, il y a un autre vigile, cette fois-ci un prisonnier, qui demande 100 FCFA en guise de laissez-passer. Devant les grilles, se pointe un autre prisonnier. Lui se donne comme charge d’appeler l’intéressé qu’on vient visiter. Il faut encore débourser 100 FCFA à ce niveau.
"C’est le calvaire que nous venons vivre ici presque tous les jours. Mais on n’a pas le choix. Il faut que nous rendons visite à nos proches qui sont détenus dans cette prison", a regretté une dame que nous avons croisée lundi.
Comme on peut le voir, il faut dépenser en tout 900 FCFA en une visite, avant de voir un proche. A cela s’ajoute les frais de déplacement et ce qu’il faut donner à la personne visitée pour faire face à ses besoins immédiats dans ce « trou ».
A en croire cette dame, c’est ce qui pousserait certains à ne plus visiter leur proche.
"Je vois ici des jeunes hommes et femmes qui me demandent de l’argent pour manger ou acheter du savon pour se laver. C’est avec les larmes aux yeux que je leur tends le peu que j’ai. Certains me confient que leur famille les ont abandonnés. C’est vrai, je ne sais pas ce qu’ils ont fait pour être là-bas, mais ça fait pitié", a-t-elle dit.
"J’ai ma cousine ici, mais je vous avoue que je ne viens ici qu’une fois deux semaines. Je ne peux pas supporter toutes ces dépenses ici. Vous imaginez, j’habite Adakpamé. Pour arriver à la prison, ça me coûte 600 FCFA, plus ces dépenses. C’est trop ! Je ne suis qu’une pauvre revendeuse de chaussures", a indiqué une autre dame.
Comme quoi, la rackette fait fuir à la prison civile de Lomé. Et pourtant, les conditions sanitaires sont déplorables dans cette prison où on rackette les visiteurs à longueur de journée.